Après l’échec du cessez-le-feu, Israël intensifie le massacre à Gaza

Le cessez-le-feu de 72 heures dans la bande de Gaza a pris fin hier matin quelques heures à peine après son entrée en vigueur, ce qui a entraîné une intensification du massacre des Palestiniens par l’armée israélienne. 140 Palestiniens au moins ont été tués vendredi, faisant grimper le bilan total des morts à plus de 1.600, principalement des civils, et au moins 8.000 blessés depuis qu’Israël a lancé le 8 juillet ses attaques contre Gaza.

Cette reprise de l’offensive israélienne s'est accompagnée d’un flot de mensonges faisant porter au Hamas, parti au pouvoir à Gaza, la responsabilité de la rupture de l’accord de cessez-le-feu. Deux heures à peine après son entrée en vigueur, l’armée israélienne a évoqué le prétexte d’un affrontement avec des activistes palestiniens, durant lequel deux soldats israéliens ont été tués et un probablement capturé, pour déclarer la fin de la trêve.

Sûr du soutien de Washington et des médias internationaux, le gouvernement israélien n’a jamais sérieusement envisagé de respecter le cessez-le-feu ni d’engager des négociations avec les factions palestiniennes en Egypte au sujet d’un règlement plus durable. Jeudi, 16.000 réservistes supplémentaires ont été mobilisés pour renforcer les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza.

Le cessez-le-feu avait été annoncé conjointement jeudi après-midi par le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon pour « donner aux civils innocents un répit dont ils ont bien besoin face à la violence » et pour avoir « l’occasion de poursuivre des activités vitales, comme par exemple d’enterrer leurs morts, de s’occuper des blessés et de se réapprovisionner en denrées alimentaires. »

Cependant, à peine était-il entré en vigueur et les gens sortis dans la rue que l’armée israélienne reprenait ses opérations avec encore plus de férocité.

Selon les termes du cessez-le-feu, Israël et le Hamas acceptaient de cesser toutes les hostilités à 8 heures, heure locale. Ceci signifiait pour Israël que ses troupes au sol pourrait continuer à détruire les tunnels mais uniquement ceux se trouvant derrière leur ligne de défense et menant en Israël. Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou a toutefois déclaré jeudi que l’armée détruira totalement le réseau de tunnels du Hamas « avec ou sans cessez-le-feu. »

Israël a accusé le Hamas pour l’affrontement impliquant des troupes israéliennes à la recherche de tunnels dans le no-man’s land à l’Est de la ville de Rafah, à la frontière entre l’Egypte et Gaza. Le porte-parole de l’armée, le lieutenant-colonel Peter Lerner a affirmé que plusieurs militants palestiniens étaient sortis d’une galerie, avaient tué deux soldats et capturé un officier.

Les porte-parole du Hamas ont catégoriquement rejeté les affirmations d’Israël selon lesquelles leurs combattants auraient été impliqués dans des opérations offensives. Fawzi Barhom a dit : « La résistance palestinienne agit sur le terrain pour se défendre. » Un autre porte-parole, Sami Abu Suhri a déclaré qu’Israël essayait « d’induire en erreur et de justifier sa violation de la trêve et de masquer ses massacres bestiaux commis à Rafah. »

L’armée israélienne a immédiatement utilisé cet incident comme prétexte pour entrer plus profondément dans le Sud de Gaza au moyen de frappes aériennes le long de la frontière entre l’Egypte et Gaza et en continuant jusqu’à la nuit tombée les tirs intensifs à partir de chars et les bombardements à l’artillerie.

Un habitant de Rafah, Ayman al-Arja a dit à l’Associated Press : « Nous sommes sous le feu des balles, toutes les minutes ou presque des chars tirent des obus sur nous… Actuellement nous sommes assis dans la cage d’escalier, 11 membres de ma famille, mon frère, ses neuf enfants et sa femme. Nous n’avons que de l’eau à boire et la radio pour écouter les informations. »

Selon le responsable du ministère de la Santé de Gaza, Ashraf al-Kidra, au moins 70 Palestiniens ont été tués et 440 autres blessés lors des frappes israéliennes de vendredi dans la région de Rafah. Parmi les morts on compte un ambulancier tué lorsqu’un obus israélien a touché l’ambulance dans laquelle il se déplaçait. 70 autres Palestiniens ont été tués ailleurs à Gaza.

Le président américain Obama a immédiatement pris la défense d'Israël et justifié la poursuite de ses opérations de destruction des tunnels comme étant « totalement légitimes » en imputant la responsabilité de l’échec du cessez-le-feu au Hamas. Il a « condamné sans équivoque » le Hamas en l’exhortant à libérer le soldat israélien capturé.

En exerçant des pressions sur le Hamas pour qu’il fasse des concessions, Obama a déclaré qu’il « serait très difficile de remettre en place un cessez-le-feu si les Israéliens et la communauté internationale ne peuvent être sûrs que le Hamas puisse respecter un engagement de cessez-le-feu. »

Dans un geste cynique à l'égard de l’indignation générale internationale face à l’offensive meurtrière d’Israël, Obama a ajouté : « Il est difficile de concilier le besoin légitime d’Israël de se défendre avec nos préoccupations pour ces civils. »

Malgré leurs lamentations, les Etats-Unis continuent toutefois d’apporter leur plein soutien à Israël et à ses efforts incessants pour écraser entièrement la résistance palestinienne en terrorisant la population entière de la bande de Gaza. Washington a autorisé le réapprovisionnement du stock d’armement et d’équipement militaire d’Israël en puisant dans les stocks de munitions américains entreposés dans le pays.

De plus, le sénat américain a voté à l’unanimité pour l'octroi d'une aide d’urgence de 225 millions de dollars à Israël afin de renforcer son système de défense antimissile Dôme de fer. Le gouvernement israélien justifie son agression militaire dans la bande de Gaza au motif de vouloir empêcher que les militants palestiniens ne lancent des attaques de roquettes artisanales contre Israël et de vouloir extirper les « tunnels terroristes. »

Avec le plein appui des Etats-Unis, l’armée israélienne est en train de perpétrer au quotidien des atrocités contre une population civile. Des avions de combat israéliens, des chars et l’artillerie ont ravagé les bâtiments et l'infrastructure vitale dans l'une des régions urbaines les plus densément peuplées du monde, au mépris total de la vie des civils.

Dans un communiqué adressé jeudi au Conseil de sécurité de l’ONU, Valerie Amos, coordinatrice des secours d’urgence de l’ONU, a fourni des détails sur les attaques israéliennes lancées contre plus de 103 installations de l’ONU, dont celle de mercredi contre une école et qui a tué 19 personnes et blessés plus de 100 autres.

Une grande partie de la bande de Gaza dispose de moins de deux heures d’électricité par jour et les médicaments et l’eau potable sont de plus en plus rares. L’ONU estime que plus de 400.000 personnes sur une population de 1,8 million ont été déplacées de leurs maisons, dont environ la moitié loge chez des proches et un quart de million dans des refuges gérés par le gouvernement local.

Les opérations brutales menées par l’armée israélienne constituent sans conteste des crimes de guerre pour lesquels le gouvernement Obama et ses alliés portent la principale responsabilité.

(Article original paru le 2 août 2014)

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