Le gouvernement français promet des attaques brutales contre la classe ouvrière

Avec la désignation des ministres du gouvernement du président français François Hollande, le nouveau premier ministre Manuel Valls a juré d'intensifier les mesures d'austérité de Hollande contre la classe ouvrière.

Ce remaniement ministériel est intervenu après que le Parti socialiste (PS) de François Hollande a subi une défaite humiliante dans les élections municipales de dimanche, perdant 151 villes de plus de 10.000 habitants. Le Front national (FN) néo-fasciste a obtenu quant à lui une victoire historique. Il a gagné 15 villes et obtenu plus de 1200 postes de conseiller municipal.

L'entretien d'une demi-heure accordé par Valls la nuit dernière à la chaîne de télévision TF1 a montré que le PS réagit à sa défaite en allant encore plus à droite, faisant appel aux sentiments pro-FN tout en jurant d'appliquer des politiques économiques de libre marché en faveur des banques.

«Réduire les déficits, il n'y a pas d'autre choix, c'est une question de crédibilité pour la France, notre dette, nous devons la maîtriser sinon nous perdons notre souveraineté nationale», a dit Valls.

Il a juré d'appliquer le prétendu Pacte de responsabilité de Hollande – un ensemble de coupes sociales qui comprend 50 milliards en réduction des dépenses, 20 milliards d’exonérations d'impôts pour les entreprises et des réductions de la contribution des employeurs aux aides familiales estimées à 10 milliards d'euros.

Tout en intensifiant les attaques contre la classe ouvrière, le gouvernement PS essaye de cultiver des sentiments d'extrême droite par des appels chauvins. Né dans une famille espagnole, Valls s'est vanté de sa fierté d'être français et a critiqué la mondialisation, notant que de nombreuses entreprises avaient transféré leur production hors de France en conséquence.

Il a mis la responsabilité de la dévastation des régions industrielles du Nord de la France sur la «mondialisation» en tentant de cacher le fait que c'est le PS qui dirigeait ces régions pendant des dizaines d'années et qui a supervisé les dernières fermetures de mines dans les années 1980, sous la présidence PS de François Mitterrand. En incitant au chauvinisme et à la haine contre les entreprises étrangères, Valls cherche à diviser la classe ouvrière internationale et favorise la montée du FN.

D'autres responsables en vue du PS ont également ouvertement défendu les mesures d'austérité brutales, qui vont bien plus loin que ce que Hollande à appliqué jusqu'ici. «Jean-Marc Ayrault n'est pas le responsable de la défaite. Mais à un moment donné, il faut un choc», a déclaré le député PS Julien Dray sur la radio Europe 1. «Il y a certainement une équipe gouvernementale à reprofiler.»

L'usage du terme de «choc» par Dray – généralement réservé au genre de dévastation sociale imposé à la classe ouvrière soviétique durant la restauration capitaliste des années 1990, ou aux politiques d'austérité de l'UE en Grèce – constitue une mise en garde pour la classe ouvrière.

La presse financière a noté que ce remaniement gouvernemental visait à montrer à l'Union européenne et aux marchés financiers que la France va accélérer ses dépenses et ses réformes structurelles afin d'accorder des fonds publics aux banques et aux grandes entreprises.

Bloomberg a cité Antonio Barroso, un analyste du cabinet londonien Teneo Intelligence: «Hollande envoie le message que la France respectera ses engagements et qu'elle est toujours engagée pour la consolidation fiscale et des réformes progressives […] en nommant Valls, il garantit que le gouvernement maintiendra cette ligne.»

Valls est largement considéré comme la personnalité la plus ouvertement à droite, économiquement libérale, du PS. Il a appelé à la fin de la semaine des 35 heures, à l'augmentation de l'âge de la retraite et à des politiques sévères contre les immigrés. En 2010, il a déclaré que l'UE devrait contrôler les budgets nationaux.

L'économiste Dominique Barbet qui travaille pour BNP Paribas a déclaré: «Bien qu'il ait une expérience limitée au gouvernement, Manuel Valls est l'homme de la situation. Il a l'autorité naturelle pour diriger un gouvernement à travers la difficile période à travers laquelle il faudra plus rapidement mettre en œuvre des réformes structurelles et réduire les dépenses.»

Les seize ministres du nouveau gouvernement sont choisis pour symboliser cette ligne de droite. Ils comprennent l'ex compagne de Hollande, battue lors de la présidentielle de 2007, Ségolène Royal et François Rebsamen, le maire de Dijon.

Royal sera ministre de l'Environnement. Au cours de sa campagne présidentielle de 2007, elle avait défendu des politiques économiquement libérales et autoritaires, comme d'envoyer des jeunes délinquants dans des camps de réhabilitation de type militaire. Elle se vantait d'être la meilleure candidate pour empêcher l'éclatement de luttes sociales, appelant à une «France apaisée». Elle a soutenu la décision de Valls d'expulser la lycéenne rom de 15 ans Leonarda Dibrani en janvier.

Rebsamen – co-directeur de la campagne de 2007 de Royal qui, en tant que spécialiste des questions de sécurité, soutient fortement la surveillance vidéo de masse – a été nommé ministre de l'Emploi et du dialogue social.

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius et la ministre de la Justice Christine Taubira ont tous conservé leur poste. Le ministre des Finances Pierre Moscovici a quitté le gouvernement et il est remplacé par l'ex-ministre du Travail Michel Sapin. Arnaud Montebourg devient ministre de l'Économie.

Valls a nommé Benoît Hamon, un ex politicien étudiant qui se présente de temps en temps comme «à la gauche» du PS, comme ministre de l'Éducation. Sa tâche, comme l'a ouvertement admis la presse, sera de servir de verni «de gauche» aux politiques de droite du gouvernement Valls.

Ainsi, Le Monde a écrit, «Pourquoi Benoît Hamon? Le nouveau premier ministre Manuel Valls, taxé par ses pairs d'être trop à droite, avait besoin d'une caution de gauche dans son équipe.»

Après avoir participé au gouvernement Ayrault, les Verts ont quitté le gouvernement, refusant de servir sous Valls – une tentative de se distancer de lui pour éviter d'être discrédités par ses politiques d'extrême droite.

La désignation de Valls et l'inclusion de personnalités de droite comme Royal et Rebsamen dans son gouvernement souligne la faillite des groupes de la pseudo-gauche comme le Nouveau Parti anticapitaliste et le Front de gauche qui soutenaient l'élection de Hollande. Ces organisations affirmaient que soutenir le PS était le seul moyen de bloquer la montée du FN.

En fait, alors que le gouvernement Valls intensifie les politiques d'austérité et lance des appels à l'ordre, le principal bénéficiaire parmi l'élite politique sera une fois de plus le FN. Cela souligne le fait que seule la mobilisation indépendante de la classe ouvrière contre l'ensemble de l'élite politique peut mettre fin à la montée du néo-fascisme en France.

Jean-Luc Mélenchon du Front de gauche a réagi à la nomination de Valls lundi en s'inquiétant que la désignation d'une personnalité aussi marquée à droite ne provoque une opposition des travailleurs et des jeunes, à la gauche du PS et dans ses satellites de la pseudo-gauche comme le Front de gauche.

Il a critiqué Hollande parce qu'«à un désastre électoral, le président répond par un suicide politique». Il a ajouté, «Hollande n'a pas compris le message que les électeurs lui ont adressé hier. Manuel Valls est le plus grand diviseur commun de la gauche.»

L'inquiétude principal de Mélenchon et de toute la pseudo-gauche est que l'opposition au sein de la classe ouvrière aux politiques réactionnaires et à la dérive de plus en plus fascisante du PS ne menace l'ordre capitaliste qu'ils défendent.

(Article original paru le 3 avril 2014)

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