Une grève générale contre l’austérité frappe le gouvernement belge

Les travailleurs ont débrayé en Belgique hier, paralysant l'activité économique du pays avec une puissante grève contre le gouvernement pro-austérité du Premier ministre Charles Michel.

Les piquets de grève ont barré l’accès aux zones industrielles à travers le pays, et les aéroports et l’espace aérien, les écoles, les bâtiments publics administratifs, et les tribunaux de justice étaient tous fermés. Les hôpitaux n'ont maintenu qu' un niveau minimum des services d’urgences.

La grève a stoppé tout le transport public. Les services ferroviaires régionaux et nationaux étaient arrêtés, bloquant le trafic international tel que le service du train Eurostar vers Londres. Les bus et tramways ne fonctionnaient pas, le service de bus et tramways De Lijn étant totalement bloqué en Flandres ; seul un petit nombre de bus fonctionnait près de la frontière luxembourgeoise dans la région francophone de Wallonie.

Les grévistes ont monté des piquets de grèves et des barrages des routes principales des régions aussi bien flamandes que francophones. Dix-sept piquets ont quasiment bloqué l’accès à la ville de Gand, dont le port était entièrement fermé. Les travailleurs du port et dans la chimie à Anvers débrayaient également, bloquant ainsi l’accès à un des ports principaux d'Europe.

Quelques conducteurs ont essayé de forcer un passage à travers les barrages, blessant plusieurs grévistes. Des grévistes à Jemappes ont détenu un conducteur qui a percuté un gréviste alors qu’il forçait un passage ; il ensuite est descendu de sa voiture pour attaquer les grévistes avec une batte de base-ball. Des actes similaires ont occasionné la blessure de trois grévistes à Gerpinnes, deux à Herstal, et deux à Mons, où deux occupants d’une voiture sont descendus et ont tenté d’agresser les grévistes avec des barres de fer avant d’être arrêtés.

Des grévistes sont aussi entrés dans le centre de recherche scientifique de Sart-Tilman pour évincer des chercheurs qui étaient arrivés à 4h 30, avant l’installation du piquet de grève à l’entrée de l’établissement.

La grève témoigne de l’opposition écrasante de la classe ouvrière à la hausse de l’inégalité sociale et la politique de rétrogression sociale du gouvernement Michel. Il veut résoudre la crise budgétaire sur le dos des travailleurs, en réduisant drastiquement les personnels et les salaires du service public, en augmentant l’âge de la retraite, et en amputant de €3 milliards les hausses de salaires (le « saut d'index »). Les travailleurs réclament une redistribution des richesses et une taxation plus forte des grandes fortues.

« Il faut une fiscalité plus juste, avec notamment un impôt sur la fortune. Aller uniquement chercher dans la poche des travailleurs, c’est provoquer le retour au Moyen Âge avec des inégalités de plus en plus grandes et plonger des gens dans la précarité », expliquait Béatrice, une gréviste à Liège, au journal Le Soir.

La grève a porté un coup de plus au gouvernement Michel, suité à la grève générale en novembre dernier, suivie d'une série de grèves régionales menant à la mobilisation d’hier. Le gouvernement, une alliance instable du petit Mouvement pour la Réforme (MR) francophone libéral avec divers partis flamands de droite et d’extrême droite menés par la Nouvelle alliance flamande (NVA) séparatiste, qui est liée au Bloc flamand d’extrême droite (VB), se discrédite rapidement. Elle est tombée à 20 pour cent dans les sondages, et seulement 12 pourcent en Wallonie.

Le caractère d'extrême droite et anti-ouvrier du gouvernement Michel ressort des commentaires en octobre du Vice-Premier Ministre et Ministre de l'Intérieur Jan Jambon, haut responsable du NVA proche du chef du NVA, Bart de Wever.

Interrogé sur sa présence en 2001 à une réunion du Saint-Maartensfonds, association qui défend les volontaires flamands qui ont participé à l'agression militaire des nazis contre l'Union Soviétique, il a dit à La Libre Belgique: « "Les gens qui ont collaboré avec les Allemands avaient leurs

raisons. Moi, je ne vivais pas à cette époque-là". Il a appelé la collaboration belge avec les nazis « une erreur », avant de rejeter le sujet en bloc comme étant un « fait divers ».

Les revendications des travailleurs exigent non pas une négociation avec ce gouvernemtn ultra-réactionnaire, mais une lutte contre le capitalisme, unifiant les travailleurs de toutes les nationalités en Belgique et de par l'Europe dans une lutte pour renverser le gouvernement anti-démocratique en Belgique et l'Union européenne (UE) à Bruxelles. Ceux-ci doivent être remplacés par les Etats Unis Socialistes de l'Europe, une fédération d'états ouvriers menant une politique socialiste.

Les travailleurs doivent prendre la grève en main et ne pas la laisser à la bureaucratie syndicale ou aux forces politiques telles que le Parti socialiste (PS) belge francophone, ou à ses alliés de pseudo-gauche. Leur opposition au gouvernement Michel reflète leurs intérêts électoraux et nationaux, non des questions de principe. Le PS est un parti bourgeois réactionnaire qui a a maintes reprises imposé des mesures d'austérité devastatrices contre la classe ouvrière pendant les décénnies où il a été au pouvoir.

Sidéré par la puissance de la grève et par son effondrement dans les sondages, le gouvernement Michel cherche désespérément à élaborer un accord où les syndicats avaliseraient son programme d'austérité, sachant que les dirigeants syndicaux cherchent à négocier un accord avec lui.

Quand Bel-RTL lui a demandé si son syndicat voulait renverser le gouvernement, Marc Goblet, secrétaire général de la Fédération générale belge du travail (FGTB) a dit que ceci n'était « absolument pas le cas ». Applaudissant le gouvernement Michel pour avoir été « elu démocratiquement », il a dit: "On n'est pas dans cet esprit-là ».

Dans un interview avec Bel-RTL, le dirigeant du NVA a souligné que lui aussi cherche un accord avec les syndicats, pourvu qu'il cadre avec la politique d'austérité anti-ouvrière du gouvernement. « J’aimerais bien me mettre à table avec les syndicats. Mais certains syndicats refusent de parler avec la N-VA, c’est difficile », a-t-il dit.

De Wever a continué à attiser les tensions entre travailleurs flamands et francophones, traitant la grève d'une défense partisane des intérêts du PS et les syndicats. « Tout le monde sait que la FGTB, c’est le bras armé du PS... Cette grève est purement politique. En Wallonie, le PS et son bras armé la FGTB veulent nier la majorité démocratique », a-t-il dit.

Il a souligné que le gouvernement continuerait avec les mesures d'austérité, foulant aux pieds l'opposition populaire: « On est dans une situation très mauvaise. On doit faire un assainissement de 11 milliards qu’on le veuille ou non. On doit le faire. On doit prendre des mesures qui ne sont pas très agréables ».

 

 

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