Un appel téléphonique indique que des tireurs de l'opposition auraient abattu des manifestants sur Maïdan

On en sait maintenant plus sur les forces dont se sont servis les puissances impérialistes pour renverser Ianoukovitch. Mercredi, un média russe a divulgué un appel téléphonique entre la haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères Catherine Ashton et le ministre des Affaires étrangères de l'Estonie Urmas Paet concernant les manifestations en Ukraine. Lorsqu'il a été contacté par la chaîne euronews, Paet a confirmé l'authenticité de l'appel qui avait été mis sous écoute.

Cet appel montre que les principaux représentants européens qui présentent officiellement le nouveau régime comme un modèle de démocratie le voient en réalité comme un régime criminel. Il indique aussi que des agents appuyés par l'Occident auraient mené des actes mortels de provocation, tuant des manifestants et faisant porter la responsabilité de ces meurtres sur Ianoukovitch pour faciliter un changement de régime.

Paet a donné un compte rendu de sa dernière visite en Ukraine, durant laquelle il s'est entretenu avec divers agents de la «société civile» qui étaient impliqués dans les manifestations place de l'Indépendance. Il a dit à Ashton: «Personne n'a confiance en ces politiciens qui sont maintenant dans la coalition. Des gens de Maïdan et de la société civile disent qu'ils connaissent tous ceux qui seront dans le nouveau gouvernement et qu'ils ont tous ont sale passé.»

Ashton n'a pas cherché à contredire Paet, répondant seulement «Oui». Elle a par la suite proposé d'envoyer des conseillers financiers dire au régime ukrainien comment mettre en œuvre un plan d'austérité.

Paet a aussi rapporté que des membres de la Rada, le parlement ukrainien, se faisaient battre, place de l'Indépendance, par des hommes de main armés de l'opposition. Ce commentaire n'a provoqué aucune réaction chez Ashton qui ne semblait pas intéressée à défendre la Rada contre les forces d'extrême droite.

Elle a affirmé qu'elle avait eu des discussions avec des membres du Parti des régions de Ianoukovitch pour leur dire qu'ils devaient paraître désolés du meurtre des manifestants afin de calmer la colère populaire.

Paet lui répondit en répétant des informations qui lui avaient été communiquées par des médecins qui étaient sur les lieux des manifestations: «Ce sont les mêmes tireurs qui ont abattu des gens des deux côtés... C'est vraiment troublant que le nouvelle coalition ne veuille pas enquêter sur ces événements. Il est de plus en plus admis que ce n'est pas Ianoukovitch qui était derrière ces tireurs, mais bien quelqu'un de la nouvelle coalition.»

Paet a dit a Ashton qu'il craignait que cela puisse «dès le départ, discréditer cette nouvelle coalition».

Ashton a affirmé qu'il ne fallait pas qu'une enquête vienne discréditer le nouveau régime.

(Article original paru le 6 mars 2014)

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