Les syndicats français signent le ''Pacte de responsabilité'' du Parti socialiste

Le 5 mars, les syndicats français et les organisations patronales ont signé le Pacte de responsabilité annoncé par le président François Hollande du Parti socialiste (PS) dans son discours de nouvel an. Celui-ci vise à réduire le coût du travail et à renforcer la compétitivité des entreprises. 

La Confédération française démocratique du travail (CFDT), liée au PS, la Confédération générale des cadres (CGC), et la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) ont signé cet accord. 

Celui-ci décide de réduire de 20 milliards d'euros les taxes sur les entreprises et de 10 milliards la contribution des employeurs aux allocations familiales. Le PS a également annoncé 50 milliards d'euros de coupes dans les dépenses sociales jusqu'en 2017, afin de compenser la perte de revenus provoquée par les allègements fiscaux en faveur des entreprises. 

Le texte adopté par les syndicats vise explicitement à accroître les profits des entreprises. Il commence en affirmant, « D’un côté, la compétitivité des entreprises françaises est à la baisse depuis plusieurs années, ce que révèlent leurs taux de marge actuels qui sont à la fois les plus faibles d’Europe et les plus bas depuis 1985. » 

Avec la forte montée du chômage en France, après avoir augmenté pendant 32 mois, il a atteint 11 pour cent, avec un total de 5 millions de travailleurs à la recherche d'un emploi à plein temps, le texte tente de justifier ses concessions aux entreprises en affirmant que cela va créer des emplois : « sans rétablissement de la compétitivité des entreprises, il ne peut y avoir de baisse durable du chômage. » 

Les affirmations selon lesquelles ce Pacte de responsabilité serait un programme de création d'emplois est une absurdité, écartée même par le groupement des employeurs qui n'a aucune intention de promettre la moindre embauche. Le chef de la délégation du Medef, Jean-François Pilliard, a carrément dit au sujet des créations d'emplois, « Il n'y a pas d'engagements chiffrés. » 

En fait, maintenir un taux de chômage élevé est un élément clé de la stratégie des employeurs pour imposer le Pacte de responsabilité. Une grande armée de réserve de travailleurs au chômage force ceux qui ont un emploi à accepter les salaires de misère que les entreprises et le PS entendent imposer en France. 

Le premier ministre PS Jean-Marc Ayrault a applaudi cet accord. Faisant référence aux « bas salaires » qui en résulteront, il a fait la remarque, « c'est là qu'il y a de l'emploi, que l'on peut embaucher ». 

Le Pacte de responsabilité reprend les grandes lignes de l'Agenda 2010, des réformes du marché du travail imposées en Allemagne par le gouvernement social-démocrate de Gerhard Schröder entre 2003 et 2005. Ses initiatives comprenaient la réduction de la durée d'indemnisation chômage de 32 à 12 mois et l'introduction d'« emplois à un euro », soit un euro de l'heure pour forcer les chômeurs à accepter des salaires sous-payés. Schröder avait été en mesure d'appliquer ces mesures impopulaires en raison de la collaboration étroite entre les syndicats allemands et le patronat. 

Témoignant de leur dégénérescence au rôle de superviseurs petits-bourgeois pour le compte des grandes entreprises et du capital financier, les syndicats français applaudissent cet accord et se vantent que leurs objectifs ont été atteints après négociations avec les employeurs. 

Citant les promesses des groupes d'employeurs de réfléchir à la fixation d'objectifs « qualitatifs et quantitatifs » de création d'emplois dans diverses industries, la vice-secrétaire générale de la CFDT Véronique Descaq a déclaré, « La CFDT est restée intransigeante sur ses objectifs d’obtenir des engagements chiffrés, des engagements sur l’emploi, des engagements sur l’investissement et surtout des engagements contractualisés dans les branches. » 

La CGT stalinienne (Confédération générale du travail) et FO (Force ouvrière) ont refusé de signer cet accord, cherchant à se présenter en opposants. En fait, ils ne s'opposent pas à cet accord, comme ils l'ont clairement fait comprendre en février quand il ont appelé à une manifestation d'une journée pour le 18 mars en réponse à l'annonce par le PS du Pacte de responsabilité. 

Le dirigeant de la CGT, Thierry Lepaon avait alors promis que la manifestation du 18 mars « ne sera pas une journée contre le pacte de responsabilité, mais sur les salaires, l'emploi et le financement de la protection sociale. » 

En décidant de ne pas soutenir publiquement le Pacte de responsabilité, qu'ils ont contribué à négocier, la CGT et FO essaient de cacher leur rôle dans la préparation des attaques contre la classe ouvrière et leur alignement politique sur le gouvernement PS réactionnaire. Leur but dans cet appel à une manifestation inoffensive d'une journée est de cacher leur collaboration avec l'Etat et les grandes entreprises dans l'imposition de ces coupes profondément impopulaires. 

(Article original paru le 12 mars 2014)

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