France: Les syndicats sont prêts à coopérer avec le nouveau gouvernement pro-austérité

Après la démission, la semaine dernière, du gouvernement du Parti socialiste (PS) du Premier ministre Manuel Valls et l’exclusion de trois ministres pour avoir publiquement critiqué la politique d'austérité, Valls s'est empressé de rassurer les entreprises en laissant entendre qu'il intensifierait les attaques contre la classe ouvrière. Après avoir installé son second gouvernement avec le nouveau ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, banquier multimillionnaire non-élu du ministère des Finances, Valls s’est rendu au rassemblement annuel du syndicat des employeurs, le Medef.

Ceci constitue une mise en cause politique de la bureaucratie syndicale française qui a soutenu l’élection de François Hollande (PS) à la présidence en 2012, menant à la formation d'une série de gouvernements PS. Elle porte la responsabilité politique pour le virage encore plus à droite que le nouveau gouvernement PS est en train de préparer.

En fin de semaine, Valls a dévoilé une attaque de plus contre le niveau de vie des travailleurs en éliminant tout contrôle des loyers sauf pour Paris, ceci accompagné d’une réduction de 30 pour cent de la taxe sur les plus-values réalisées de terrains à bâtir.

Valls a fait un discours devant le Medef qui a été accueilli par un tonnerre d'applaudissements. "La France a besoin de ses entreprises, de toutes ses entreprises (...) car ce sont elles qui, en innovant, en risquant les capitaux de leurs actionnaires, en mobilisant leurs salariés, en répondant aux attentes de leurs clients créent de la valeur, génèrent de la richesse qui doit profiter à tous. Et moi, j'aime l'entreprise !"

En fait, les chefs d'entreprises dont Valls fait l'éloge sont ceux-là mêmes qui président au désastre économique, pillant la France et exploitant les travailleurs de par le monde. Les chiffres du chômage annoncés pour juillet ont fait un bond massif , avec 40.600 chômeurs de plus. Il y a aujourd'hui bien plus de 5 millions de chômeurs, dont 42,7 pour cent sont au chômage depuis plus d'un an, soit une hausse annuelle de 9,4 pour cent.

De l’autre côté, le CAC 40 des entreprises cotées à la bourse de Paris a annoncé une distribution des dividendes attribués aux actionnaires de l’ordre de €39,9 milliards, soit une hausse de 5 pour cent par rapport à 2013.

La réaction des syndicats au programme d'austérité du gouvernement Valls et à ses cadeaux aux entreprises a été de simuler l’étonnement, comme s'il y avait un malentendu de la part du gouvernement. Le dirigeant de la CGT (Confédération générale du travail), Thierry Le Paon, a trouvé « scandaleux » que Valls se rende au rassemblement du Medef et déclaré, « la confusion des genres entre l’Etat et le Medef, le trait d’union qu’il tire entre le Medef et les entreprises, ont quelque chose de scandaleux »

Le Paon est pleinement conscient qu'il n’y pas de « confusion. » L’Etat et le Conseil social économique et environnemental où il a siégé avec les ministres et les employeurs supervise le « dialogue social » par lequel les entreprises obtiennent de la bureaucratie syndicale les attaques contre le niveau de vie des travailleurs.

L’affirmation de Thierry Le Paon que la CGT « était un peu seule il y a quelques mois à refuser les politiques d’austérité qui nous mènent dans une impasse », est frauduleuse.

La CGT, aux côtés de tous les syndicats français, a assisté récemment à la conférence sociale du gouvernement avec les employeurs où ils ont entériné le « pacte de responsabilité » qui mandate 50 milliards d'euros de coupes dans les dépenses publiques en échange de « négociations » pour la création d’emplois mythiques. Les syndicats font partie de l’appareil d'Etat, ils sont financés par les grandes entreprises à hauteur de milliards d’euros afin d'étouffer l’action de la classe ouvrière.

La réponse de la CGT à la politique droitière du nouveau gouvernement est d’appeler à une nouvelle « journée d’action » inoffensive à la mi-octobre, parce qu'« Il est nécessaire que ce gouvernement entende maintenant la voix des salariés » La bureaucratie syndicale est terrifiée à l'idée de lancer un vrai mouvement de grève contre le gouvernement profondément impopulaire de Valls, de peur de faire tomber le gouvernement.

Pierre Laurent, dirigeant du Parti communiste français (PCF) stalinien, allié de long date du PS et qui est proche de la CGT, s'est précipité à l’université d’été du PS à la Rochelle le weekend dernier. Il s’est plaint que « le contrat de 2012 [le manifeste électoral PS du Président Hollande] vient d’être déchiré cette semaine devant les Français »

Laurent essayait de promouvoir le mensonge politique selon lequel le gouvernement du Président Hollande aurait accédé au pouvoir sur un programme de gauche et qu’il subsisterait, à l’intérieur du PS, une opposition à ses attaques contre les travailleurs. En réalité, le PS a gagné les élections avec le soutien du PCF et des syndicats sur un programme politique d’austérité.

Hollande avait notoirement déclaré à Londres en février 2012, avant les élections : «La gauche a gouverné pendant 15 ans pendant lesquels elle a libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation. Il n’y a pas de crainte à avoir. Aujourd’hui, il n’y a pas de communistes en France. »

C'est là un commentaire accablant sur le rôle du PCF et de ses alliés syndicaux: Ce sont de loyaux défenseurs du capitalisme, qui fonctionnent comme les supports d’un gouvernement anti-ouvrier, violemment réactionnaire.

(Article original paru le 2 septembre 2014)

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