France : pertes importantes prévues pour le Parti socialiste aux élections départementales

Les prochaines élections départementales des 22 et 29 mars (scrutin à deux tours), où seront élus les conseillers de 101 départements français, devraient marquer une nouvelle défaite humiliante pour le Parti socialiste (PS) du président François Hollande et du premier ministre Manuel Valls. On s'attend à ce que le Front national néo-fasciste (FN) de Marine Le Pen fasse des avancées significatives. 

Ces projections font suite aux pertes considérables subies par le PS aux élections municipales et européennes de 2014 où le FN avait fait des avancées historiques et le taux d'abstention atteint un niveau record. 

Les sondages donnent plus de 30 pour cent d'intentions de vote pour le FN, 28 pour cent pour l'UMP (l’Union pour un mouvement populaire de l'ancien président Nicolas Sarkozy) ou l'UDI (Union des démocrates et indépendants), et 20 pour cent pour le PS. 

Le Front de gauche, coalition du Parti communiste (PCF) et du Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, obtiendrait 8,6 pour cent des intentions de vote, les Verts 4 pour cent, et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et LO (Lutte ouvrière) 1,5 pour cent. Pour ces derniers, on est bien loin des 10 pour cent obtenus à eux deux par ces partis de la pseudo-gauche lors des élections présidentielles de 2002. C'est le reflet de l'importante désillusion provoquée par leur soutien à Hollande en 2012. 

Discrédité par son soutien au PS et terrifié par la colère de la classe ouvrière contre le PS, le Front de gauche propose une alliance avec les Verts aux élections départementales, cherchant ainsi à faire oublier l'alliance de longue date du Front de gauche et des Verts avec le PS.

Une fois élus, les conseils départementaux devront superviser des coupes claires brutales, dictées par le PS, dans le financement des écoles, du logement social, des prestations pour les personnes âgées et les chômeurs, du sport et de la culture. Les dotations annuelles de € 34 milliards du gouvernement aux collectivités locales seront amputées de €11 milliards. On calcule que ces coupes, avec les €3 milliard de coupes dans les budgets de la santé, pourraient conduire à la suppression de 60 000 emplois dans la construction et 22 000 emplois dans la santé. 

Le PS mettant en place les politiques d'austérité avec le soutien des partis de la pseudo-gauche et aucun parti ne défendant la classe ouvrière, le FN d'extrême-droite peut se présenter démagogiquement comme l'unique opposition à l'austérité. Dans cet environnement surréel, la montée du mécontentement de la classe ouvrière vis-à-vis de la politique capitaliste conduit à l'abstention de masse et se reflète dans la montée électorale du FN. 

La coalition UMP / UDI pourrait prendre le contrôle d’une soixantaine de départements; quant au PS et à ses alliés ils perdaient 20 des 60 département qu'ils dirigent actuellement. Des duels FN-PS sont prévus dans 300 cantons, ainsi que 1 000 duels UMP-FN et 700 duels UMP-PS. Les différents partis sont donc en train de débattre des consignes de vote à donner si leurs candidats sont éliminés au premier tour. 

Le premier ministre Valls tente de ramener les électeurs derrière le PS en attaquant le FN. Il a dit avoir peur « que [s]on pays se fracasse contre le Front national, » qui est « aux portes du pouvoir. » Il faut à la France, selon lui, « un réveil des consciences, » car une victoire du FN serait « un désastre pour le pays et la ruine pour les Français. » 

Valls espère, cyniquement, que ses remarques alarmistes vont mobiliser les électeurs en faveur des candidats PS, même si en même temps il claironne que le gouvernement PS poursuivra sa politique impopulaire et anti-ouvrière. 

Le PS a clairement fait savoir qu'il demanderait à ses électeurs de reporter leurs voix sur l'UMP / UDI en cas de duels FN-UMP, en vertu du soi disant « Front républicain » contre le FN. Valls a demandé à l'UMP de faire de même et d'appeler à voter PS en cas de duel PS-FN au second tour. 

La question avait déjà créé une scission au sein de l'UMP lorsqu'elle s'était posée lors d'une élection partielle dans le département du Doubs le mois dernier. Le PS s'était retrouvé à la deuxième place, battu par le FN tandis que l'UMP était éliminée. Le chef de file de l'UMP Nicolas Sarkozy avait été mis en minorité au sein du comité national de l'UMP quand il avait appelé à voter contre le FN. Sarkozy a menacé d'expulser tout membre de l'UMP qui ferait alliance avec le FN, mais il est fort probable que c'est précisément ce que feront bon nombre d'entre eux. 

On ne sait pas exactement combien de départements le FN pourrait gagner; à ce jour, il ne dispose que d'un seul conseiller départemental. Le chiffre de 100 conseillers FN élus a été suggéré, avec des majorités FN possibles dans les départements du Vaucluse, de l'Aisne, de l'Oise et du Var. Il est probable qu'il y ait plusieurs conseils sans majorité où le vote du FN pourrait être décisif lors de l'élection de l'exécutif. 

Marine Le Pen a déclaré la semaine dernière que le FN poserait « quatre à cinq conditions – points de programme – d'éventuelles alliances au sein de conseils généraux avec d'autres formations politiques pour dégager un exécutif à l'issue des élections. » 

Le Pen cherche non seulement à créer un réseau de conseillers afin d'établir le FN sur une base nationale, mais elle fait aussi des démarches auprès de membres et d'électeurs de l'UMP dans le but de former des alliances pour briguer le pouvoir à l'élection présidentielle de 2017. 

Le mois dernier, le président d'honneur du FN Jean-Marie Le Pen a proposé de forger des alliances entre l'UMP et le FN lors des élections départementales, ce que Sarkozy a cependant rejeté.

 

Loading