France: les mouvements de grèves s’amplifient contre la campagne d’austérité du Parti socialiste

Les mouvements de grèves se développent en France pour la défense des emplois et des conditions de travail en opposition à la politique d'austérité du gouvernement PS (Parti socialiste) et de l'Union européenne (UE).

Les contrôleurs aériens ont lancé une série de grèves de 48 heures mercredi contre l’attaque de leurs conditions de travail et le plan d’un relèvement de l'âge de la retraite de 57 à 59 ans en 2017. Près de la moitié de tous les vols courts et moyen-courriers ont été annulés dans les aéroports français. Ces grèves doivent se poursuivre au cours du mois d’avril.

Le gouvernement aurait carrément refusé de négocier avec le principal syndicat des contrôleurs, le SNCTA (Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien), sur les revendications présentées par le syndicat.

Plus de 400 travailleurs de Radio France sont en grève depuis trois semaines contre le projet du gouvernement de licencier jusqu'à 380 salariés, principalement des techniciens, afin d'effacer un déficit de € 21,3 millions. Le gouvernement veut vendre ou fusionner des stations de radio locales, mettre leurs ressources de programme en commun, rationaliser et « redimensionner » les effectifs des deux orchestres de Radio France.

Les journalistes ont rejoint la grève vendredi dernier. Les sept stations de radio locales et nationales gérées par le gouvernement ont soit arrêté de diffuser, soit fournissent un service minimum, avec peu ou pas d'émissions d’actualités. La grève est déjà la plus longue depuis 10 ans.

Le PDG de Radio France Mathieu Gallet, homme de main du PS, a provoqué les employés de Radio France en affirmant que l'entreprise ne pourrait pas survivre au-delà de l’été si les réductions n’étaient pas mises en œuvre, alors que lui-même a dépensé € 100 000 pour la rénovation de son bureau. Les salariés de Radio France ont adopté une motion exigeant la démission immédiate de Gallet, mais la bureaucratie syndicale se plaint uniquement du fait qu’il refuse de négocier ses plans de restructuration et les suppressions d'emplois avec les syndicats.

Gallet a le plein soutien du gouvernement. La ministre de la Culture, Fleur Pellerin a dit que les licenciements – qualifiés de « volontaires » – étaient « probablement nécessaires ». Elle a appelé à « un chantier de modernisation sociale ». .

L’intersyndicale qui gère la grève plaide pour la nomination d'un médiateur du gouvernement pour sortir de l'impasse, sachant très bien qu'il ou elle représentera les intérêts de ce dernier.

Les grèves en cours se chevauchaient avec l’appel par la bureaucratie syndicale à une journée de manifestations hier et devant servir de soupape de sécurité à l'opposition croissante à la politique d’austérité du gouvernement PS et de l'UE. Les travailleurs dans les hôpitaux publics et l’éducation nationale avaient prévu de se mettre en grève jeudi et à participer aux marches de protestation dans toute la France.

Les grèves sont une première réponse de la classe ouvrière aux plans du gouvernement PS et du patronat d’intensifier les mesures d'austérité en dépit d'un rejet massif de la politique du PS aux dernières élections locales. Le premier ministre Manuel Valls a clairement fait savoir qu'il allait accélérer ses attaques contre les travailleurs conformément à l’exigence de l'UE d’une réduction du déficit budgétaire français à 3 pour cent du PIB d'ici 2017.

En même temps, Valls a trouvé encore plus d'argent pour les employeurs. Il a annoncé mercredi de nouveaux allégements fiscaux s’élevant à € 2,5 milliards sur 5 ans, pour les entreprises qui investissent dans de nouveaux équipements.

Le PS et la bureaucratie syndicale ont des discussions intenses avec les organisations patronales sur des plans d’attaques sans précédent des droits sociaux des travailleurs dans le cadre d'une « réforme » réactionnaire des contrats de travail. La grande entreprise vise à éliminer tous les contrats permanents (CDI), ce qui permettrait aux employeurs d’embaucher et de renvoyer aussitôt et d’imposer des réductions drastiques de salaires et de prestations sociales.

Les licenciements massifs se multiplient déjà. Le 7 avril, la société Vivarte, qui gère les magasins de vêtements La Halle, Kookaï, et André, a annoncé 1 600 licenciements suite à la baisse des ventes. À la fin mars, la société de transport MoryGlobal a déposé son bilan; 2150 emplois sont menacés. Il s’agit de la plus grande faillite d’une entreprise en France depuis celle du fabricant d’appareil électroménagers Moulinex en 2001.

Dans sa résistance aux politiques menées tant en France qu’en Europe par des gouvernements réactionnaires de toutes couleurs, la classe ouvrière est confrontée à une lutte politique contre le PS et l'UE. Les grèves ne peuvent réussir que si elles sont liées à une perspective révolutionnaire et socialiste, basées sur la mobilisation de larges couches de travailleurs et une lutte pour unir toute la classe ouvrière européenne en lutte contre l'austérité de l'UE.

Cela signifie que les travailleurs doivent retirer cette lutte des mains de bureaucraties syndicales et des partis corrompus de la pseudo-gauche qui, pendant des décennies, ont étouffé les luttes ouvrières.

Pour comprendre la perspective qui anime bureaucraties syndicales, Front de gauche (mené par les staliniens) et Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) en France, il suffit d'examiner leurs co-penseurs grecs du parti Syriza. Arrivé au pouvoir en janvier, Syriza a capitulé devant les exigences d'austérité de l'UE et pille actuellement le système de santé grec, les caisses de retraite et les services sociaux pour rembourser les créanciers de la Grèce dans l'UE et le Fonds monétaire international

Haussant les épaules devant les attaques de Syriza contre la classe ouvrière, Clémentine Autain du Front de gauche, a salué celui-ci comme un modèle pour le PS. La réponse à l’austérité selon elle, « … passe pourtant par une relance de la politique culturelle », sur le modèle du sauvetage temporaire par Syriza du service de radiodiffusion publique. Elle a rajouté que « La Grèce vient de rallumer sa télé publique. La France diminue le son de son service audiovisuel. Cherchez l’erreur ».

Les commentaires d’Autain sont un avertissement aux travailleurs que le Front de gauche, le NPA et leurs alliés ont le même ordre du jour anti-ouvrier que Syriza et qu’ils poursuivraient la même politique s’ils accédaient au pouvoir en France.

Le mécontentement social explosif dans une classe ouvrière profondément aliénée par le gouvernement PS de François Hollande, dont la pseudo-gauche a approuvé à l'élection présidentielle en 2012, les terrifie. S’ils appellent à des manifestations pour lâcher de la vapeur, leur plus grande crainte est qu'une large mobilisation de la classe ouvrière ne renverse rapidement le gouvernement PS. Si des grèves de protestation dégénèrent en mouvement contre le PS et l'UE, ils chercheront à y mettre fin rapidement.

C’est là la leçon de la grève menée par les pilotes d'Air France en septembre dernier contre des réductions de salaires et de prestations sociales liées à l'introduction de la compagnie aérienne low-cost Transavia. Les pilotes étaient étaient dans une position de force dans la négociation, ayant arrêté tous les vols d’Air France et faisant subir de grosses pertes à la société.

C’est précisément parce que sa position était si forte et qu’il craignait qu'une victoire des pilotes ne portât un coup décisif à la société et au gouvernement PS, que le syndicat des pilotes SNPL s’est précipité pour arrêter la grève et organiser sa défaite. Les groupes de la pseudo-gauche comme le NPA et Lutte ouvrière (LO) ont applaudi la défaite comme une victoire et ont essayé de répandre autant de confusion et la démoralisation que possible.

La classe ouvrière ne peut mettre à profit son immense puissance sociale que dans une lutte contre le PS et l'UE, en mobilisant les travailleurs sur une perspective internationaliste et socialiste.

(Article original publié le 8 avril 2015)

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