Réunions du SEP contre la campagne de guerre américano-australienne visant la Chine

Le Socialist Equality Party (SEP) et l’International Youth and Students for Social Equality (IYSSE, Australie) ont tenu la semaine dernière à Melbourne, Brisbane et Sydney des réunions publiques très réussies sur le thème « Contre la campagne de guerre américano-australienne visant la Chine ». Des sections représentatives de travailleurs, de jeunes et d’étudiants y ont participé et ont discuté de l’escalade des préparatifs de guerre contre la Chine.

Les interventions détaillées des orateurs du SEP ont suscité des discussions sérieuses et par moments passionnées sur le danger de guerre et la situation politique qui se développe en Grèce, ainsi que sur la nécessité de construire une nouvelle direction révolutionnaire dans la classe ouvrière. Certains étaient venus après avoir vu des affiches ou lu des tracts. D’autres avaient participé, le 26 avril, aux réunions du SEP sur le thème: « L’Anzac Day, la glorification du militarisme et la campagne pour une troisième guerre mondiale », souhaitant en savoir plus sur le programme socialiste du parti.

James Cogan parlant à la réunion de Sydney

James Cogan, le secrétaire national du SEP et Will Morrow du comité national du SEP, ont pris la parole à la réunion de Melbourne le 28 juin. Cogan et Oscar Grenfell ont présenté des rapports détaillés à la réunion du 5 juillet à Sydney qui était présidée par Nick Beams, membre du comité national du SEP et du comité de rédaction international du WSWS.

Beams a ouvert la réunion de Sydney en rappelant à l’auditoire les tentatives du conseil municipal de Burwood et de l’université de Sydney de bloquer les réunions du SEP du 26 avril contre la glorification du militarisme lors de l’Anzac Day. Ces tentatives d’interdiction, a-t-il dit, étaient alignées sur les préparatifs de guerre du gouvernement Abbott. Elles ont précédé le renvoi du journaliste Scott McIntyre par SBS pour avoir osé critiquer l’Anzac Day.

Oscar Grenfell

Oscar Grenfell a examiné le « pivot vers l’Asie » de Washington visant la Chine et l’étendue de son renforcement militaire. A l’aide de cartes, de graphiques et d’une présentation Power Point, Grenfell a montré que le gouvernement Obama s’était emparé d’anciennes disputes entre la Chine, les Philippines et le Vietnam au sujet de petites îles en Mer de Chine orientale pour attiser les tensions.

« Washington est en train de dénoncer la Chine de façon hystérique parce qu’elle revendique de petites îles minuscules alors qu’en fait les Philippines, le Vietnam et d’autres dans cette région ont des revendications territoriales bien plus importantes, » a-t-il dit.

« Les Etats-Unis prétendent vouloir défendre la liberté de navigation en Mer de Chine méridionale mais, pour Washington, ‘liberté de navigation’ veut dire liberté des Etats-Unis et des Etats régionaux agissant sous son autorité de monter des provocations contre la Chine. »

Grenfell a fait le point sur le rapide renforcement militaire des Etats-Unis dans la région, dont de récents vols de surveillance au large des îlots occupés par la Chine. Il a évoqué les rotations passant par nord de l’Australie des bombardiers nucléaires B-52 et le projet de déploiement de bombardiers B1 dans le cadre de la stratégie ‘Bataille Air-Mer’ du Pentagone visant la Chine. L’Australie, a-t-il dit, était engagée à fond dans ce qui deviendrait un blocus naval de la Chine et un bombardement de son infrastructure militaire.

James Cogan

Dans son rapport principal, James Cogan a expliqué que le militarisme et la guerre étaient motivés par l’insurmontable effondrement économique du capitalisme mondial. Il a concentré une grande partie de son discours à la réunion de Sydney, le jour du référendum grec, sur les dangers politiques pour la classe ouvrière grecque, le rôle joué par le gouvernement du parti pseudo de gauche Syriza et les leçons politiques pour la classe ouvrière internationale.

Cogan a examiné l’attaque sociale massive menée contre la classe ouvrière depuis la crise financière mondiale de 2008 et expliqué que l’objectif de Syriza n’était pas de mobiliser la classe ouvrière pour remettre en question le système du profit, mais de promouvoir l’illusion qu’un gouvernement « de gauche » pourrait renégocier un accord avec les banques. Les divers groupes composant Syriza insistent pour dire que le renversement du capitalisme par la classe ouvrière est « irréaliste et impossible, » a-t-il dit

Alors que des millions de travailleurs devaient faire face aux exigences impitoyables du capital financier soutenues par la hiérarchie militaire grecque et tous les médias de l’establishment, le premier ministre grec Tsipras lui, appelait servilement à de nouvelles négociations sur des mesures d’austérité révisées, a déclaré Cogan.

La contre-révolution sociale actuellement imposée, a-t-il insisté, ne pourra être vaincue que par la mobilisation de la classe ouvrière en Grèce, en Europe et dans le monde sur la base d’une perspective socialiste et internationaliste pour en finir avec le système de profit. Cette lutte doit se fonder sur l’assimilation des expériences politiques stratégiques-clé faites par la classe ouvrière au vingtième siècle et particulièrement de celle de la Révolution russe de 1917 et de ses conséquences, a dit Cogan.

Il a mentionné les luttes de masse qui ont éclaté sur le plan international après la Révolution russe et pointa l’incapacité de la classe ouvrière à prendre le pouvoir dû à l’absence d’une indispensable direction révolutionnaire de type bolchévique.

De nos jours, a dit Cogan, la plus importante tâche pour la classe ouvrière en Grèce comme dans les autres pays est de construire le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) qui se fonde sur l’héritage de la Révolution russe, sur la lutte menée par Trotsky contre le stalinisme et contre toutes les formes d’opportunisme national. Il a appelé tous les participants à la réunion à adhérer au Socialist Equality Party.

Les comptes rendus présentés à la réunion ont soulevé toute une gamme de questions.

A Sydney, un débat animé s’est engagé sur la crise financière de 2008 et l’actuelle situation en Grèce; sur le rôle joué par Syriza ; sur la pseudo-gauche et le « pivot » vers l’Asie ainsi que sur les prochains exercices militaires conjoints « Talisman Sabre » des Etats-Unis et de l’Australie.

Nick Beams, a expliqué le rapport existant entre la crise de 2008, la dette grecque et la montée du parasitisme financier. La Grèce était « un banc d’essai pour l’Europe, les Etats-Unis et au plan international, » a-t-il précisé. « Les conditions imposées à la classe ouvrière grecque doivent être imposées, en pire, à la classe ouvrière internationale. »

Des applaudissements spontanés ont fusé lorsque Beams a souligné les manœuvres politiques cyniques entreprises par Syriza avec les banques et les a comparées aux actions du gouvernement soviétique installé par la Révolution russe en 1917. Celui-ci avait immédiatement répudié toutes les dettes vis-à-vis des banques.

« Contrairement aux bolchéviques, Syriza a refusé de lancer un tel appel. Tsipras aurait dû dire ‘On ne va pas être saigné à blanc pour payer Goldman Sachs et le capital financier’ et puis refuser de payer et lancer un appel révolutionnaire à la classe ouvrière allemande et européenne, » a dit Beams.

Un membre du public a voulu se faire « l’avocat du diable » du capitalisme qui, a-t-il prétendu, a créé une économie mondiale planifiée et il a mentionné l’existence de groupes internationaux et d’un marché mondial. Il a dit que la crise actuelle était due à la « surpopulation. »

Nick Beams et d’autres intervenants du SEP ont rejeté ces affirmations et indiqué que c’étaient l’anarchie du marché capitaliste et les contradictions fondamentales du capitalisme qui conduisaient l’humanité vers la catastrophe d’une troisième guerre mondiale.

Si la mondialisation de la production a créé les bases d’une économie socialiste planifiée, a dit Beams, « l’humanité reste piégée dans le système du profit privé et de l’Etat-nation capitaliste où une planification rationnelle pour la majorité est impossible parce que la société est gérée au profit d’une infime minorité et aux dépens de millions de travailleurs dont le travail intellectuel et physique produit toute la richesse. »

Un étudiant a demandé quelles étaient les leçons historiques que la classe ouvrière chinoise et russe devaient comprendre et comment le parti pouvait y contribuer ?

James Cogan a dit que les travailleurs en Russie et en Chine devaient comprendre comment la bureaucratie stalinienne était apparue et pourquoi ces régimes n’étaient pas socialistes mais le produit de la trahison de l’internationalisme socialiste sur la base duquel la Révolution russe fut réalisée.

Un autre membre du SEP a dit depuis la salle, « Les travailleurs en Russie, en Chine, en Grèce, en Australie et partout dans le monde sont confrontés au même problème: l’effondrement du système capitaliste mondial et la course à une troisième guerre mondiale. »

« Le socialisme ou la barbarie: tel est le choix devant la classe ouvrière internationale actuellement. La guerre ne peut être combattue que sur la base des enseignements tirés des expériences politiques stratégiques du 20e siècle. D’abord, la raison de l’échec de la Révolution russe – le coup d’envoi de la révolution mondiale – à gagner d’autres pays a été qu’aucune organisation comme celle du parti bolchevique n’a existé dans aucun autre pays. Deuxièmement, il y avait une alternative au stalinisme, le programme internationaliste mis en avant et défendu par Léon Trotsky contre toutes les formes d’opportunisme national et à travers la fondation de la Quatrième Internationale en 1938. C’est le programme pour lequel notre parti lutte aujourd’hui … »

L’engagement montré par les auditoires en réaction à l’analyse politique présentée aux réunions du SEP est un signe supplémentaire de ce que d’importantes couches de travailleurs et de jeunes sont en train de reconnaître qu’ils leur faut étudier et comprendre l’histoire du vingtième siècle et les luttes passées de la classe ouvrière pour pouvoir relever les énormes défis politiques et des bouleversements sociaux à venir.

Le SEP est le seul parti à encourager les travailleurs, les étudiants et les jeunes à discuter ces questions vitales et à en débattre, et à leur offrir la possibilité de le faire. Une collecte de plus de 2.700 dollars à ces réunions montre qu’ils l’ont compris.

(Article original paru le 7 juillet 2015)

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