Élection au Sri Lanka: Le parti UNP proaméricain soutient le grand patronat

Le Parti national uni (UNP), comme son rival le Sri Lanka Freedom Party (SLFP), fait campagne pour l’élection générale du 17 août sur la base de mensonges et de promesses populistes. Son manifeste offre quelque chose à tout le monde – les travailleurs, les agriculteurs, les étudiants et les pauvres – mais si l'UNP gagne, il abandonnera ses engagements et mettra en œuvre le programme d'austérité que le capital financier international exige.

L'UNP dirige un gouvernement minoritaire depuis l'élection présidentielle du 8 janvier dans laquelle Maithripala Sirisena, soutenu par l'UNP, a battu Mahinda Rajapakse. Sirisena, qui dirige nominalement le SLFP, a désigné le dirigeant de l'UNP, Ranil Wickremesinghe comme premier ministre pour mettre en œuvre un programme de 100 jours qui devait mettre fin à la corruption et aux méthodes antidémocratiques du régime Rajapakse et augmenter le niveau de vie des travailleurs.

Dans la campagne électorale actuelle, Wickremesinghe a fait de la «révolution de janvier» son mot d'ordre central. Lors d'un rassemblement public lundi à Meerigama, il a répété: «Si nous décidons de faire avancer la révolution de janvier, il n'y aura pas de terreur, pas de corruption et pas de drogues. Et il y aura des emplois. Nous serons en mesure de développer l’agriculture.» Ayant «instauré une bonne gouvernance en 100 jours», a-t-il déclaré, «nous pouvons bâtir un nouveau pays en 60 mois».

Wickremesinghe a nommé son alliance le Front national uni pour la Bonne Gouvernance (UNFGG). Il comprend les suprématistes cinghalais bouddhistes Jathika Hela Urumaya (JHU), le Sri Lanka Muslim Congress communautariste (Congrès musulman sri lankais, SLMC), et l'Alliance progressiste tamoule (TPA), qui comprend elle-même l'Union nationale des travailleurs, le Front populaire de l’arrière-pays, et le Front démocratique populaire qui ont maintes fois trahi les travailleurs des plantations.

L'UNP a également signé un «Accord public conjoint, qui permettrait de protéger, renforcer et poursuivre la victoire obtenue le 8 janvier» avec les 110 syndicats, les groupements libéraux, des organisations non gouvernementales et les groupes universitaires et professionnels basés sur des couches de la classe moyenne supérieure. Ces groupes, ainsi que des organisations de pseudo-gauche comme le Nava Sama Samaja Party, le Parti socialiste unifié et le Frontline Socialist Party, ont joué un rôle de premier plan dans la supercherie que l'éviction de Rajapakse était une «révolution démocratique».

Il n'en était rien de la sorte. Avec l’appui des États-Unis, Wickremesinghe et l’ancien président Chandrika Kumaratunga ont manigancé, des mois à l’avance, la démission de Sirisena comme ministre de la Santé et soutenu sa candidature contre Rajapakse. Washington n’était pas hostile à Rajapakse, qui cherche à faire un retour en tant que premier ministre dans cette élection, parce qu'il est corrompu et antidémocratique, mais parce qu'il était trop étroitement aligné sur la Chine.

L'opération de changement de régime à Colombo faisait partie des plans américains plus vastes pour saper l'influence chinoise et encercler la Chine militairement. Au cours des six derniers mois, le gouvernement de l’UNP a fortement réorienté la politique étrangère en faveur des États-Unis et suspendu plusieurs projets financés par la Chine, dont l’énorme construction de Colombo Port City.

La promotion de l'UNP comme un champion de la démocratie est une supercherie totale. L'UNP, qui est le plus ancien parti bourgeois au Sri Lanka, a toujours été étroitement aligné sur les États-Unis et l’Europe, et est responsable d'attaques sauvages contre la classe ouvrière. Il a lancé le programme de réformes libérales de libre marché en 1977, a été responsable du lancement de près de trois décennies de guerre communautariste, et a déchaîné les escadrons de la mort soutenus par l'armée à la fin des années 1980, qui ont massacré des dizaines de milliers de jeunes des campagnes.

En 1980, l'UNP a écrasé une grève générale des travailleurs du secteur public en licenciant 100.000 employés et n’hésitera pas à utiliser toute méthode, y compris des mesures dictatoriales, pour briser la résistance ouvrière à son programme d'austérité. En seulement sept mois, le gouvernement Wickremesinghe a utilisé les forces de sécurité contre des travailleurs en grève de la santé et les étudiants protestataires, et sanctionné la persécution des travailleurs militants des plantations.

La promesse de Wickremesinghe de créer «un nouveau pays» en 60 mois ne vise pas les travailleurs, mais le patronat des grandes entreprises du pays, auquel l'UNP, comme le SLFP, est intimement lié. Lors d'un sommet économique à Colombo le 4 août, le premier ministre a déclaré qu'il rendrait le Sri Lanka plus «concurrentiel sur le marché mondial» afin d’accroitre les exportations annuelles à 50 milliards de dollars.

Dans des conditions où les prix des produits de base dégringolent, y compris pour le thé et le caoutchouc du Sri Lanka, et où les exportations de vêtements vers les États-Unis et l’Europe chutent, la promesse de Wickremesinghe n'a qu'une seule signification. Un gouvernement mené par l’UNP fera des incursions draconiennes dans les salaires, les conditions de travail et les dépenses budgétaires afin d'assurer que les exportations sri lankaises soient «concurrentielles sur le marché mondial».

Wickremesinghe a promis d'encourager les investissements étrangers en augmentant «la concurrence du pays» avec ses rivaux asiatiques et de créer «une classe moyenne forte» par le biais d’une nouvelle vague de privatisation de permis de construction sur les terres et pour les appartements qui appartiennent à l'État ainsi que des prêts aux petits investisseurs et entreprises.

Le manifeste de l’UNP a des projets grandioses pour construire «45 méga zones de développement économique» pourvues d’ «installations similaires à celles d’Asie du Sud-Est». Wickremesinghe a dit que les investisseurs chinois et allemands, dont Volkswagen, ont déjà promis de construire un chantier naval et une usine de construction d’automobile, respectivement. Des villages seront regroupés afin de produire pour le marché mondial, ce qui signifie que les agriculteurs seront mis à la merci des multinationales.

Au sommet économique de la semaine dernière, Wickremesinghe a déclaré: «La douleur économique du pays doit être partagée équitablement entre toutes les sections du pays et ne doit pas reposer uniquement sur les masses populaires.»

Quelle absurdité! Quels que soient les partis qui formeront le gouvernement après le 7 août, ils mettront en oeuvre impitoyablement les diktats du Fonds monétaire international au Sri Lanka. De même que cela s’est produit en Grèce, les charges tomberont exclusivement sur ​​la classe ouvrière, et le plus lourdement sur ​​les couches les plus opprimées de la population, les pauvres en milieu rural et urbain.

Le ministre des Finances Ravi Karunanayake a averti en mai que les dépenses du gouvernement dans le service de la dette étaient «extrêmement élevées» et consommaient 95,4 pour cent des recettes. Avec un endettement de 8800 milliards de roupies à l'heure actuelle, le prochain gouvernement doit procéder à une contre-révolution sociale et intensifier les attaques contre la classe ouvrière. Le FMI a déjà exigé des réductions de dépenses plus sévères comme condition préalable à tout nouveau prêt.

Comme le gouvernement du SLFP précédent, un gouvernement UNP n’hésitera pas un instant à employer l'appareil d'État policier construit en trois décennies de guerre communautariste brutale contre la classe ouvrière. Dans le même temps, son lien étroit avec Washington fera en sorte que le Sri Lanka ne pourra qu’être aspiré dans le maelstrom de tensions géopolitiques qui menacent de plonger la région et le monde dans la guerre.

Le SEP (Parti de l'égalité socialiste) participe dans cette élection pour préparer la classe ouvrière aux luttes à venir. Nous appelons les travailleurs et les jeunes à rejeter les deux grands partis du patronat que sont l’UNP et le SLFP et tous leurs alliés et apologistes. Le seul moyen pour arrêter la marche vers la guerre et défendre les droits démocratiques et sociaux est par la mobilisation indépendante des travailleurs à la tête des masses opprimées dans une lutte révolutionnaire pour un gouvernement ouvrier et paysan dans le cadre de la lutte pour le socialisme internationalement.

Le SEP invite instamment les travailleurs et les jeunes à soutenir activement nos 43 candidats dans les circonscriptions de Colombo, Nuwara Eliya et Jaffna, à étudier notre programme et perspective, et à adhérer à notre parti.

 

(Article paru en anglais le 11 août 2015)

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