Assad dit que maintenant Paris “sait ce que la Syrie a vécu depuis cinq ans”

Après l’attaque terroriste de l’État islamique (EI) à Paris vendredi, le président syrien Bachar al-Assad cherche à gagner le soutien de la classe dirigeante en France et dans d’autres puissances impérialistes, présentant son régime comme un allié fiable de l’impérialisme contre le terrorisme au Moyen-Orient.

Samedi dernier, il a accueilli une délégation de députés français et donné une interview à la radio Europe1. Il a établi un parallèle entre l’attaque à Paris et de nombreuses atrocités terroristes commises par des milices soutenues par l’Occident, y compris l’EI en Syrie depuis 2011, disant que « la France a connu ce que vit la Syrie depuis 5 ans ».

Assad a souligné que l’attentat de Paris était la conséquence directe des politiques menées par les États-Unis et leurs alliés européens en Syrie : depuis 2011, ils ont utilisé les mêmes milices islamistes qui ont perpétré les attentats de Paris comme des forces par procurations dans la tentative de renverser son gouvernement.

« On n’a pas d’informations sur ce qu’il s’est passé, mais la question n’est pas de savoir qui ! On avait averti sur ce qui allait se passer en Europe, il y a trois ans. On avait dit : « Ne prenez pas ce qui se passe en Syrie à la légère, ça va être comme un tremblement de terre qui va se répandre autour du monde.'' Malheureusement, les responsables européens n’ont pas écouté ce que nous disions ! Ils ont pensé que nous les menacions ! »

Washington, les puissances européennes et leurs alliés du Golfe Persique ont attisé une guerre civile dévastatrice tandis qu’ils armaient, finançaient et entraînaient des milices islamiques pour combattre le gouvernement d’Assad. La guerre impérialiste pour le changement de régime en Syrie a coûté la vie à quelque 220 ​​000 personnes et poussé plus de 10 millions de personnes à fuir leurs foyers. Les bénéficiaires de l’aide occidentale comprenaient à la fois le Front al-Nusra (la filiale d’Al-Qaïda en Syrie), et l’EI.

Après l’attaque de Paris, le gouvernement français cherche à exploiter le choc et l’horreur populaire devant ces attaques pour réclamer un bain de sang encore plus grand en Syrie et de la répression policière en France. La pose de l’indignation affectée par les principaux politiciens et les médias sur l’atrocité de Paris, en même temps qu’ils intensifient leur sale politique en Syrie, a des relents d’hypocrisie.

Nul besoin de sympathiser avec le président syrien pour savoir que la Syrie a connu des centaines d’atrocités terroristes horribles similaires aux attentats de Paris, commises par les milices islamistes soutenus par l’Occident, depuis 2011. Les gouvernements et les médias des pays de l’OTAN ont gardé le silence et soutenu les efforts de leurs sbires pour renverser Assad et installer un régime néocolonial complètement soumis en Syrie.

Des centaines d’attentats suicides ont été menés en Syrie. En février 2013, une série d’attentats à la bombe dans la capitale Damas a tué plus de 80 personnes et en a blessé au moins 250 autres le 21 février. Une explosion massive de voiture piégée à proximité des bureaux du parti Baas syrien a tué 59 personnes et blessé plus de 200 autres. Parmi les autres attentats suicides les plus notoires réalisées par les forces islamistes on compte l’attentat de Damas en 2011 avec 44 morts et 166 blessés, et celui de mai 2012, toujours à Damas, qui a fait 55 morts et 400 blessés. 

L’hypocrisie des politiciens européens qui ont versé des larmes de crocodiles pour les victimes à Paris des milices terroristes qu’ils ont contribué à créer en Syrie – mais qui considèrent les attaques terroristes similaires en Syrie comme un outil légitime de politique étrangère – est révoltant. Elle souligne le fait que la responsabilité finale de l’attaque à Paris réside dans la politique étrangère réactionnaire de l’impérialisme. 

Souligner l’hypocrisie meurtrière de la politique de l’OTAN n’implique aucun soutien politique pour Assad. Son régime, qui a effectué d’innombrables crimes politiques contre le peuple de Palestine et le Liban et des attaques de plus en plus fortes contre la classe ouvrière syrienne, essaie simplement de signaler à l’impérialisme occidental qu’il peut être un pantin plus fiable que d’autres forces comme l’EI. 

Ces derniers mois, les parlementaires français, à la fois du Parti socialiste (PS) et Les Républicains de droite (LR), se sont rendus à Damas pour des entretiens avec Assad. Avant l’attaque de Paris, une délégation de cinq députés conduits par Thierry Mariani (LR) l’avait rencontré et a salué l’intervention militaire de la Russie en Syrie, et les bombardements contre les milices islamistes anti-Assad.

« La Russie mène une politique étrangère réaliste. Elle agit dans l’intérêt général de la paix » a déclaré le député LR Nicolas Dhuicq après une rencontre avec Assad.

Pour sa part, Mariani avait souligné « l’efficacité » de l’intervention russe, rajoutant que « Tout ce qui peut contribuer à la lutte contre le terrorisme est bienvenu ».

Assad a promis de travailler loyalement avec l’impérialisme français, qui a dévasté son pays dans une guerre criminelle, tant qu’ils cessaient de renverser son gouvernement. « Ils n’ont pas besoin de le demander ! Il faut seulement être sérieux ! Là, nous sommes prêts à combattre le terrorisme avec eux, avec ceux qui le veulent vraiment ! », a-t-il dit tout en affirmant « jusqu’ici le gouvernement français n’est pas sérieux ».

Assad avait lancé un appel impotent à François Hollande pour qu’il change sa politique. « La question que se pose tout Français aujourd’hui, c’est : Est-ce que la politique de la France depuis cinq ans était bonne pour les Français ? La réponse est non ! ». Assad avait demandé, « Veut-il agir dans l’intérêt de la France ? S’il veut faire ça, il doit changer de politique ».

(Article paru en anglais le 18 novembre 2015)

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