La convention collective arrivant à échéance

US Steel annonce la fermeture du haut fourneau et la suppression de 1100 emplois à son usine en Alabama

À deux semaines de l'expiration en septembre de contrats de travail de 30.000 métallurgistes aux États-Unis, US Steel a annoncé lundi qu'il allait fermer définitivement le haut fourneau et la plupart des opérations de finition de laminés plats à son site Fairfield Works près de Birmingham, en Alabama. 

Cette action, qui éliminera 1100 des 2000 emplois au complexe de l'aciérie, est la dernière provocation des dirigeants de l'industrie de l'acier dans le but d'exercer un chantage sur les travailleurs pour qu'ils acceptent des reculs draconiens sur leurs salaires et leurs acquis dans le prochain contrat. Samedi, le fabricant spécialisé Allegheny Technologies Incorporated (ATI) qui, comme US Steel, est basé à Pittsburgh en Pennsylvanie a imposé un lock-out à 2200 travailleurs à 12 usines dans six États. 

Les opérations de Fairfield seront arrêtées le 17 novembre 2015. Pour le moment, Fairfield Tubular Operations et les projets de construction de fours à arc électrique (EAF) sont épargnés. En mars, la société a annoncé qu'elle mettait à pied 1600 travailleurs au complexe de l'Alabama, dans le cadre de 9000 suppressions d'emplois à travers les États-Unis. 

«Nous avons pris des décisions difficiles au cours de la dernière année, dans le cadre de l'optimisation de notre portefeuille», a déclaré Mario Longhi, président de US Steel. «Nous avons décidé que la fermeture permanente du haut fourneau, de la sidérurgie et de la plupart des opérations de finition de Fairfield Works est nécessaire pour améliorer l'efficacité globale et la structure des coûts de notre secteur laminé à plat.» 

Les dirigeants de US Steel, fouettés sans répit par Wall Street, mettent en oeuvre un plan de restructuration impitoyable, qui comprend la marche au ralenti des hauts fourneaux et la mise à pied des travailleurs à Gary en Indiana, à Pittsburgh en Pennsylvanie à Lorain dans l'Ohio, à Granite City dans l'Illinois, à Pine Bluff dans l'Arkansas et dans la région de Houston au Texas. Des centaines de mineurs de taconite ont ainsi été mis à pied dans l'Iron Range au Minnesota. 

L'industrie de l'acier est durement frappée par une forte réduction de la demande en Chine, qui consomme la moitié de l'acier du monde. La chute des prix du pétrole a aussi miné l'industrie des tuyaux et des pipelines et il y a le risque bien réel que l'industrie automobile se tourne de plus en plus vers l'aluminium et d'autres métaux. Le plan de restructuration de US Steel surnommé le Carnegie Way est conçu pour rendre l'entreprise rentable dans pratiquement toutes les conditions de marché. 

Selon le Wall Street Journal, «Après avoir perdu de l'argent pendant cinq des six dernières années, US Steel essaie de se refaire par la réduction des effectifs, la réduction des coûts et en devenant plus réactif et réceptif au marché.» Le chef de l'exécutif d'origine brésilienne Mario Longhi a dit que «US Steel de Pittsburgh doit s'adapter et que “toutes les options sont envisagées” pour remanier la société.» 

Comme on pouvait s'y attendre, le Syndicat des métallurgistes (USW) n'a pas rejeté la responsabilité de la fermeture de Fairfield sur le ralentissement économique mondial ni sur la campagne impitoyable de réduction des coûts des patrons de l'acier et de leurs investisseurs de Wall Street, mais sur l'acier importé de la Chine. «En particulier, la Chine a violé les règles du commerce international à plusieurs reprises pour renforcer ses industries publiques tout en pratiquant le dumping de ses produits sur notre marché», a-t-il dit. «Et les travailleurs américains en ont déjà payé le prix.» 

Depuis longtemps l'USW colporte ce poison nationaliste pour diviser les travailleurs américains de leurs frères et sœurs à l'échelle internationale et se joint à la direction pour exiger toujours plus de sacrifices aux travailleurs au nom de rendre les sidérurgistes américains plus «compétitifs». Le résultat de cette collaboration des «partenaires sociaux» a été la destruction de centaines de milliers d'emplois de la sidérurgie, qui a commencé au milieu des années 1970.

Au début des années 1980, il y avait 450.000 emplois dans la sidérurgie au pays. À la fin de la décennie, seulement 170.000 emplois allaient rester. En 1986-87, 22.000 travailleurs ont fait grève contre US Steel (USX à l'époque). Aujourd'hui, US Steel compte moins de 13.000 travailleurs. 

Loin de s'opposer aux suppressions d'emplois, l'USW a travaillé avec un consultant de Wall Street et plus tard avec Ron Bloom, nommé par Obama tsar de la restructuration de l'industrie automobile, pour détruire les emplois et les pensions de dizaines de milliers de métallurgistes en échange de la prise de contrôle des fonds en fiducie de santé de plusieurs milliards de dollars des retraités. L'USW s'est associé avec des experts en démembrements d'actifs comme le milliardaire Wilbur Ross qui a consolidé une grande partie de l'industrie en faillite seulement pour la revendre pour 4,5 milliards de dollars au magnat de l'acier indien Lakshmi Mittal, le fondateur d'ArcelorMittal, le premier sidérurgiste mondial.

L'USW ne fera rien pour défendre les emplois des travailleurs de l'Alabama. Le vice-président international de l'USW Tom Conway a déclaré aux médias locaux que l'USW a eu connaissance de la fermeture imminente et «conseillait nos membres au sujet de leurs options sous l'accord et les avantages connexes et élargira nos programmes existants de développement de carrière pour aider ceux qui peuvent avoir besoin de formation et qui veulent explorer des possibilités d'éducation ...» 

L'abandon des travailleurs menacés et l'isolement des travailleurs d'Allegheny Technologies par l'USW n'ont fait qu'encourager US Steel et ArcelorMittal à intensifier leurs attaques contre les travailleurs. Selon l'USW, les deux sociétés «exigent une augmentation spectaculaire des contributions que paient les travailleurs pour l'assurance maladie, des reculs dans les clauses du contrat par rapport aux heures supplémentaires, à la sécurité et la sécurité d'emploi, et des compressions dans les retraites». 

Exprimant leur volonté de proposer encore plus de concessions, l'USW a déclaré, «Nous comprenons les très réels défis auxquels notre industrie est confrontée en ce moment et nous sommes tout à fait prêts à travailler avec tous nos employeurs pour assurer la sécurité et la viabilité de notre industrie et de nos lieux de travail. Mais nous comprenons que nous travaillons dans une industrie cyclique et nous avons connu de bons moments et nous avons vécu des temps difficiles.» 

Ceci ne fait que souligner le caractère frauduleux des rassemblements que l'USW a organisés cette semaine pour prétendument exiger un «contrat équitable». Plus tôt cette année, l'USW a trahi la grève des raffineries de pétrole en appelant seulement 6.500 sur ses 30.000 membres à faire grève et a signé un contrat qui a élargi les comités d'entreprise où siègent des délégués de la direction et des salariés tout en abandonnant les revendications des travailleurs pour l'amélioration des salaires, des conditions de sécurité et pour mettre un terme aux nombreuses et exténuantes heures supplémentaires imposées. 

Pour que les métallurgistes ne soient pas confrontés au même type de trahison, ils ne doivent pas laisser la conduite de la lutte entre les mains de l'USW, mais organiser des comités d'action de la base, démocratiquement gérés par les travailleurs libérés du contrôle de l'USW, et lier leur lutte à celle des 140.000 travailleurs de l'automobile dont les conventions collectives expirent le 15 septembre.

(Article paru en anglais le 18 août 2015)

 

 

 

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