Obama sera l'hôte d'un sommet mondial sur le terrorisme

L'administration Obama a annoncé dimanche qu'elle allait organiser un sommet mondial sur la lutte contre «l'extrémisme violent à travers le monde» le 18 février à la Maison-Blanche.

L'annonce de ce sommet par la Maison-Blanche semble être une tentative des États-Unis de réaffirmer leur rôle dominant dans la mise en place de méthodes antidémocratiques partout dans le monde. Dans une déclaration, le parte-parole de la Maison-Blanche Josh Earnest a affirmé que les événements d'Ottawa, de Sydney et de Paris avaient motivé la tenue du sommet, même si les attaques à Ottawa et Sydney étaient l'oeuvre d'individus isolés, manifestement affectés par des troubles mentaux, qui n'avaient aucun lien connu avec des groupes djihadistes.

L'aspect le plus inquiétant de ce «Sommet pour contrer l'extrémisme violent» (le nom officiel qui lui sera donné) de la Maison-Blanche est qu'il accueillera des représentants de Boston, Los Angeles et Minneapolis-Saint Paul qui viendront discuter de leurs expériences dans la lutte contre des fondamentalistes islamiques.

Dans le cas de Boston, cela signifie que l'on discutera des tactiques qui avaient été utilisées dans la foulée des attentats du marathon de Boston en 2013. De vastes parties de la région métropolitaine avaient alors fait l'objet de mesures de confinement et de perquisitions systématiques sans mandat par des forces policières militarisées. Cette mobilisation avait touché plus d'un million de personnes.

Les autorités de Minneapolis-Saint Paul vont apparemment discuter de leurs expériences de surveillance de la communauté immigrante somalienne qui vise à suivre les quelques jeunes qui se sont rendus dans leur pays d'origine pour faire partie du mouvement islamique Shabab qui lutte contre le gouvernement soutenu par les États-Unis.

La déclaration officielle de la Maison-Blanche décrit en ces termes le déroulement de la conférence: «À travers des présentations, des tables rondes et des discussions en petits groupes, les participants profiteront des expériences au niveau local, étatique, fédéral, communautaire et international pour mieux comprendre, détecter et prévenir le cycle de radicalisation à la violence aux États-Unis et à l'étranger.»

Un aspect important du sommet sera la surveillance des médias sociaux et le recrutement d'informateurs et d'espions au sein des communautés minoritaires et musulmanes. On peut lire dans la déclaration de la Maison-Blanche que le sommet «profitera de la présence de représentants de plusieurs pays partenaires qui aborderont les thèmes de l'engagement dans la communauté, l'engagement des chefs religieux et le rôle du secteur privé et de la communauté technologique».

Le ministre de la Justice Eric Holder a discuté l'annonce de cet événement à plusieurs émissions de talk-show du dimanche matin: «Face the Nation» à CBS, «This Week» sur ABC, «Meet the Press» sur NBC et «State of the Union» sur CNN.

Holder a accordé ces interviews de Paris, où il participait à une rencontre des ministres de la Sécurité de l'Europe et de l'Amérique du Nord organisée par le président français François Hollande au lendemain du massacre à l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et des deux sièges de vendredi impliquant les tireurs fondamentalistes islamiques. Au total, 20 personnes ont trouvé la mort, y compris les trois tireurs.

Holder a déclaré que cette rencontre allait «réunir tous nos alliés pour discuter des différentes options dont nous disposons pour contrer cet extrémisme violent qui existe partout dans le monde». Ces paroles semblent indiquer que, contrairement à la marche de dimanche à Paris, les représentants de la Russie ne seraient pas invités.

À l'émission «This Week», Holder a dit que les groupes comme l'État islamique (EI) en Irak et en Syrie et Al-Qaïda dans la péninsule arabique pourraient ne pas avoir organisé directement l'attaque à Paris. «À ce point-ci, aucune information crédible ne nous permet de conclure à la responsabilité d'une organisation en particulier», a-t-il affirmé.

À «Face the Nation», il a semblé vouloir minimiser l'importance des événements survenus en France, déclarant que des groupes comme EI et Al-Qaïda «encouragent de manière négative des gens à travers le monde à commettre ces petites attaques qui sont menées par à peine une ou deux personnes avec peu d'armes et qui peuvent avoir un impact dévastateur, comme nous avons vu en France».

Holder est passé de la parole aux actes en décidant de ne pas participer à la manifestation à Paris à laquelle des dizaines de chefs d'État ont marché aux côtés de Hollande, y compris la chancelière allemande Angela Merkel, le premier ministre britannique David Cameron, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le ministre des affaires étrangères russe Sergei Lavrov.

La seule représentante américaine présente à la marche était l'ambassadrice des États-Unis en France, Jane Hartley, l'un des participants officiels au plus faible statut. Ni Obama ni le vice-président Joe Biden ne se sont rendus à Paris, même s'ils n'avaient aucune autre activité publique à leur agenda et qu'ils en auraient eu amplement le temps. Le secrétaire d'État John Kerry était en Asie du Sud et n'a pas annulé sa visite prévue dans la principauté himalayenne reculée du Bhoutan, sur la frontière entre l'Inde et la Chine.

Rien n'a été dit officiellement pour expliquer pourquoi Holder, un ministre important du cabinet Obama, n'avait pas parcouru les quelques kilomètres qui séparaient la conférence sur la sécurité de la Place de la République, même si plusieurs autres participants à la conférence, dont le ministre canadien de la Sécurité publique Stephen Blaney, avaient participé à la marche. Et cette question n'a jamais été soulevée avec Holder lorsqu'il a été interviewé à maintes reprises dimanche.

(Article paru d'abord en anglais le 12 janvier 2015)

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