Le sommet du G-7 se réunit sur fond de menaces contre la Russie

Au moment où les dirigeants des sept pays impérialistes les plus puissants se réunissaient près de la ville touristique bavaroise de Garmisch-Partenkirchen pour le sommet annuel du G-7 (Groupe des Sept), les responsables américains réclamaient à cor et à cri de renforcer la pression économique et militaire sur la Russie dans la crise ukrainienne. 

A son arrivée au sommet, Obama a déclaré qu'un axe majeur en serait « la résistance à l'agression russe en Ukraine. » Il a réitéré la position américaine que la pression économique sur la Russie ne devait pas se relâcher et a dit: « La durée des sanctions devrait être clairement liée à l’application intégrale par la Russie des accords de Minsk et au respect de la souveraineté de l'Ukraine ». 

Il a laissé aux responsables militaires les rodomontades les plus provocatrices. Le secrétaire à la Défense Ashton Carter a rencontré vendredi à Stuttgart la plupart des commandants régionaux et les ambassadeurs américains à l'OTAN, en Russie, en Turquie, en Allemagne, en France, en Estonie et en Italie pour discuter des efforts militaires et diplomatiques relatifs à l'Ukraine et à la Russie. 

Le but officiel de ces rencontres était la préparation de plans pour le sommet de l'OTAN plus tard ce mois-ci. Mais Carter s’en est servi pour une attaque délibérée de la Russie, affirmant que l'OTAN devait trouver des méthodes pour contrer une panoplie de méthodes de subversion en Ukraine et dans l’Europe de l'Est en général. « C'est un mélange de subversion et de menaces sophistiquées, de manipulation de l'information, le grand mensonge – tout ce cocktail que nous avons vu en Ukraine », a-t-il dit. 

Ce langage s'appliquerait plutôt à la politique de Washington et Berlin en Ukraine. Ils y ont fomenté en février 2014 un coup d'Etat mené par des groupes fascistes, qui a porté au pouvoir l'actuel gouvernement de l’oligarque milliardaire Petro Porochenko et a provoqué à la fois l'intervention russe en Crimée et le conflit avec les séparatistes pro-russes en Ukraine orientale. 

Carter a paru dédaigner l'efficacité des sanctions économiques contre la Russie, suggérant que d'autres actions plus énergiques pourraient être nécessaires. « Il est clair que les sanctions ont un impact sur l'économie russe, mais ce qui n'est pas apparent c'est que cela…dissuade Poutine de suivre le cours montré en Crimée l'an dernier, » a-t-il dit. Il a encore décrit Moscou comme « un défi permanent. » 

Le conseiller adjoint à la Sécurité nationale d'Obama, Ben Rhodes a exprimé l'opinion que si les sanctions avaient été un « formidable coup contre l'économie russe, » elles n'avaient pas réussi à changer l’attitude russe en Ukraine. « Il est clair que les calculs du président Poutine n'ont pas été du tout modifiés, » a-t-il dit à CNN. 

Le général Martin Dempsey, chef d'état-major américain des armées, a donné une interview au Wall Street Journal, où il a déclaré que la Russie était engagée dans des « activités subversives » contre des pays de l'OTAN. 

« Sur certaines questions, le président Poutine a en fait déclaré ses intentions », a dit Dempsey. « Une de ses déclarations claires est qu'il considère l'OTAN comme une menace et qu'il cherchera des occasions de discréditer et finalement de saper l'alliance. »

Les Etats-Unis et les pays de l'OTAN menacés par la Russie devaient être généralement prêts à une action préventive, a-t-il dit. « Il s'agit d'un durcissement avant que la crise n’arrive », a-t-il ajouté. « Une fois que la crise est là, vous entrez dans un débat sur ​​ce qui est une escalade ou pas. Il s'agit d’agir avant la crise pour dissuader et empêcher les crises ».

Ce que signifie « durcissement avant la crise » se voit dans la suite sans fin de manœuvres militaires de grande envergure des forces de l'OTAN en Mer Noire, dans toute l'Europe de l'Est, en Mer Baltique et en Scandinavie -- autrement dit, sur toute la longueur de la frontière européenne de la Russie. Y participent des dizaines de milliers de soldats, des centaines d’avions militaires et des dizaines de navires de guerre.

Un exercice naval réunissant à partir du 5 juin dans la Mer Baltique les forces de 17 pays a précédé un déploiement-test sur 10 jours de la nouvelle force de réaction rapide de l'OTAN en Pologne à partir du 9 juin. L’an prochain, l’OTAN tiendra son sommet dans le palais présidentiel de Varsovie, ville où fut signé en 1955 le Pacte de Varsovie réunissant les pays du bloc soviétique.

Le porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest a dit que la rencontre entre Obama et Merkel avant les pourparlers officiels du sommet ont été consacrés pour bonne moitié à la Russie et l'Ukraine. Obama et Merkel (l'hôte du sommet du G-7) avaient « convenu que la préservation de l'unité des États-Unis et des alliés et partenaires européens [était] une priorité absolue ».

Les sanctions de l'Union européenne contre la Russie devraient expirer le 30 juin, mais Merkel et les dirigeants européens présents au sommet – le premier ministre britannique David Cameron, le président français François Hollande, le premier ministre italien Matteo Renzi et le chef du Conseil européen Donald Tusk ont déjà indiqué que les sanctions seraient prolongées.

Tusk, l'ancien premier ministre polonais, a été le plus agressif: « Mon intention est que nous confirmions aujourd'hui l'unité du G-7 en fait de sanctions ». « Soyons clairs, si dans la situation actuelle quelqu'un veut démarrer une discussion sur la modification du régime des sanctions, elle ne pourrait que viser à renforcer celui-ci ».

Le Premier ministre canadien Stephen Harper a parlé sur le même ton pendant une visite en Ukraine avant le sommet visant à montrer sa solidarité avec le régime droitier ukrainien.

Un autre participant au sommet, le premier ministre japonais Shinzo Abe, se préoccupe surtout des provocations impérialistes en Asie, l’intensification des affrontements avec la Chine en Mer de Chine méridionale.

Dans un entretien samedi avec le journal italien Corriere della Sera, le président russe Vladimir Poutine a appelé l'UE et les Etats-Unis à faire pression sur l'Ukraine pour qu'elle respecte les termes de l'accord de Minsk signé en février, qui avait imposé un cessez-le-feu limité dans l'est de l'Ukraine.

Il a dit, sans les nommer, que certains pays « profitaient tout bonnement des craintes des gens à l'égard de la Russie » pour obtenir une aide militaire et économique qu'ils ne recevraient pas autrement. « Il n'y a pas de raison de craindre la Russie », a poursuivi M. Poutine. « Seul un déséquilibré et encore dans un rêve pourrait imaginer que la Russie attaquerait soudainement l'OTAN ».

Lundi, le sommet s’est penché sur les conflits militaires dans d'autres parties du monde, en particulier ceux avec les groupes islamistes intégristes comme l’Etat islamique en Irak, Syrie et Libye (EI) et la secte Boko Haram au Nigeria. Ils ont invité à cet effet le premier ministre irakien Haider al-Abadi, le président tunisien Essebsi et le président nigérian nouvellement élu Muhammad Buhari.

Comme c’est devenu l’habitude avec ces sommets, celui-ci s’est déroulé dans un lieu isolé, derrière un véritable mur policier. Le gouvernement allemand avait déployé 22.000 policiers. En l’occurrence, il n’y eut que des affrontements mineurs avec des manifestants. Mais dimanche, les dirigeants ont néanmoins été acheminés au sommet par hélicoptère, la police ayant affirmé que les manifestants avaient bloqué la route d'accès.

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