Des dizaines de morts dans des attentats terroristes en Tunisie, France et au Koweït

Trois attentats ont pris au moins 63 vies vendredi dernier, selon les premières informations, dans une station balnéaire tunisienne, une mosquée chiite au Koweït et une usine chimique en France.

L’attentat au Koweït a été réalisé par une organisation liée à l’État islamique (EI) et les trois attaques dans la même journée ont entraîné des spéculations sur une offensive mondiale des filiales de l’EI. Elles ont eu lieu après que l’EI a lancé un appel international à ses partisans pour mener des attentats.

« Musulmans : embarquez-vous et hâtez-vous vers le djihad » a dit le porte-parole de l’EI, Abou Mohammed al-Adnani, dans un enregistrement audio de cette semaine. « Moudjahidines partout dans le monde : dépêchez-vous et faire du ramadan un mois de catastrophes pour les infidèles. »

Cependant, il n’y a pas de liens opérationnels confirmés entre ces attentats. « Il est trop tôt pour savoir si ces attaques étaient toutes coordonnées, ou si elles étaient toutes complètement séparées », a déclaré le porte-parole du Pentagone, le colonel Steve Warren.

En Tunisie, des hommes armés ont pris d’assaut l’Hôtel Riu Imperial Marhaba dans le quartier du port « El Kantaoui » à Sousse. Au début, ils ont tiré au fusil d’assaut sur les touristes bronzant sur la plage. Ensuite, ils ont attaqué l’hôtel lui-même avec des grenades. Les assaillants ont tué 37 personnes et en ont blessé 36. Bien que les responsables tunisiens aient dit qu’ils ne pouvaient pas identifier les nationalités des victimes, les premiers articles ont indiqué qu’ils comprenaient des Britanniques, des Allemands, des Belges, des Norvégiens et des Tunisiens du personnel de l’hôtel.

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a promis des mesures de sécurité « douloureuses, mais nécessaires » et a déclaré que le gouvernement allait envisager d’interdire le groupe islamiste Hizb Ut-Tahrir.

Des sources dans le gouvernement tunisien ont confirmé que le gouvernement était préoccupé par le risque d’attaques terroristes durant le mois sacré du ramadan. Ces sources ont offert des récits contradictoires de la fusillade. Le responsable de la sécurité, Rafik Chelly, a affirmé qu’il y avait un tireur solitaire, un étudiant de la ville de Kairouan, qui a caché ses armes à l’intérieur d’un parasol replié.

D’autres responsables ont dit que deux ou trois hommes armés étaient impliqués. Ils ont signalé que l’un d’eux a été tué, un autre arrêté, et le dernier aurait été arrêté ou se serait échappé. Tunisia-live.net a identifié le tireur qui a été tué comme Seifeddine Yacoubi, 23 ans, un étudiant en aviation de Gaafour. 

L’attentat de Sousse, le plus meurtrier en Tunisie, vient à peine quelques mois après le massacre du 18 mars au musée national du Bardo, revendiqué par l’EI. Ces deux attaques sont censées avoir un effet dévastateur sur l’industrie touristique tunisienne, qui compte pour 15 pour cent de son économie et à peu près 400 000 emplois. 

Dans l’attentat de Saint-Quentin-Fallavier, près de Lyon en France, un conducteur commercial, Yassin Salhi, 35 ans, aurait décapité son patron de l’ATC Transport Company et a attaqué une usine gérée par Air Products, une société américaine spécialisée dans la production des gaz industriels. Il a heurté un portail avec sa voiture afin de pénétrer dans une zone sécurisée et a tenté de déclencher une explosion avec des conteneurs de gaz de l’usine, provoquant un incendie. Il a été arrêté par un pompier. 

Les forces de sécurité ont trouvé la tête de l’employeur de Salhi enchaînée de façon macabre à la porte de l’usine extérieure et entourée par des drapeaux noirs jihadistes. Ils auraient trouvé un couteau à proximité. 

Salhi a été arrêté. Sa sœur et sa femme ont été placées en détention préventive. Un homme de 33 ans est également en état d’arrestation, les forces de sécurité l’accusent d’avoir surveillé les usines de gaz de la région et d’avoir des liens avec des groupes islamistes. Salhi, lui-même faisait l’objet d’un dossier spécial « S » des services de renseignement entre 2006 et 2008, même si la surveillance policière a pris fin en 2008. Selon certains reportages, cependant, il aurait été à nouveau sous contrôle depuis 2013 après être entré en contact avec des groupes islamistes. 

Au Koweït, l’organisation « Province Najd » affiliée à l’EI a revendiqué la responsabilité de l’attentat suicide dans une mosquée chiite qui a tué 27 personnes et en a blessé au moins 227. L’objectif était la mosquée Imam Sadiq dans le quartier al-Sawabir de la capitale, Koweït City. 

L’EI est une milice islamiste sunnite violemment anti-chiite, qui a émergé pour la première fois comme force armée en lutant pour le compte des États-Unis et de l’OTAN contre le régime du président syrien Bachar al-Assad. La déclaration du groupe Province Najd a qualifié sa cible de « temple des apostats. » 

Ce groupe a également réalisé deux attentats suicides visant des mosquées chiites en Arabie saoudite voisine le mois dernier — un le 23 mai dans le village de Qudayh qui a tué 21 personnes, et un autre le 29 mai qui a tué quatre personnes à Dammam. 

Ces trois agressions atroces contre des victimes innocentes ne feront que semer la colère et la peur parmi les masses, et renforcer les forces réactionnaires, autoritaires dans ces trois pays. Le massacre au Koweït, en particulier, va attiser l’atmosphère de guerre entre sunnites et chiites à travers le Moyen-Orient, enflammé par les guerres civiles sectaires en cours en Irak, en Syrie et au Yémen. 

Le président français François Hollande a appelé Essebsi hier et a promis d’intensifier la collaboration policière entre la France, l’ancienne puissance coloniale en Tunisie, et le gouvernement Essebsi, qui se compose en grande partie d’anciens membres du régime répressif de Ben Ali renversé par un soulèvement de la classe ouvrière en 2011. 

L’Élysée a émis un communiqué disant que Hollande « avait exprimé le soutien de la France dans la tragédie que la Tunisie a soufferte après l’attentat terroriste qui a tué au moins 27 personnes à Sousse », et que « Les deux présidents ont déclaré leur solidarité face au terrorisme et leur intention de poursuivre et d’intensifier leur coopération dans la lutte contre ce fléau. » 

(Article paru d’abord en anglais le 27 juin 2015)

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