Alternative socialiste propose une alliance électorale avec les démocrates de Seattle

Dans une déclaration datant du 22 octobre intitulée «Tous les neufs sièges du conseil municipal de Seattle sont à portée de main – la voie de l'avant pour la gauche», Alternative socialiste annonce une alliance électorale avec des candidats du Parti démocrate. L'article est une déclaration programmatique et politique qui marque un pas de plus dans l'intégration du groupe dans la politique bourgeoise.

Faisant référence à une série de candidats municipaux démocrates, Alternative socialiste écrit: «Il n'y a aucun doute que leur élection serait un grand pas en avant et serait un soulagement par rapport à des années de domination conservatrice du conseil municipal.»

Un tel appui de politiciens démocrates ne peut qu'être fait par un groupe politique qui n'a aucun lien avec le socialisme.

Faisant référence à son membre «socialiste» du conseil municipal Kshama Sawant, Alternative socialiste tente de prouver à la machine du Parti démocrate qu'elle ne pose aucun danger à l'ordre politique établit.

«Comme l'a démontré la collaboration de Sawant avec l'équipe du maire démocrate Ed Murray, demeurer indépendant des démocrates ne nous empêche pas de travailler avec eux sur des questions qui profitent aux travailleurs. Et comme l'a démontré l'intime collaboration entre Sawant et des membres du Parti démocrate à l'intérieur de 15 Now, elle et Alternative socialiste sont avides de mener une lutte en commun pour les intérêts de la classe ouvrière.»

À ce point-ci dans le mouvement toujours plus vers la droite d'Alternative socialiste, on peut poser la question suivante: comment un groupe qui appelle à voter pour les démocrates et collabore avec eux peut-il prétendre être indépendant du Parti démocrate? La réponse est que cette fameuse «indépendance» est une supercherie. La position du groupe est tout à fait claire: l'élection de démocrates «serait un grand pas en avant» et Alternative socialiste est «avide» de travailler en «intime collaboration avec des membres du Parti démocrate».

Alternative socialiste défend son alliance avec le Parti démocrate en prétendant qu'elle est prête à collaborer avec les démocrates uniquement «sur des questions qui aident les travailleurs». Autant collaborer avec Caïn pour «aider» Abel.

Soyons bien clairs: le Parti démocrate est l'un des deux principaux partis bourgeois aux États-Unis qui sont responsables de décennies d'attaques contre les salaires, les conditions de vie et les programmes sociaux. Il représente l'aristocratie financière et le complexe militaire et de surveillance de l'État, dont le but est de diviser le monde dans les intérêts de l'impérialisme américain, peu importe combien de centaines de milliers de personnes meurent en conséquence. Il ne s'agit pas d'un parti qui a le moindre intérêt à «aider» les travailleurs. Au contraire, il est l'ennemi impitoyable de la classe ouvrière du monde entier.

C'est envers ce parti que Alternative socialiste se tourne pour de l'appui et de la collaboration. L'article du 22 octobre ne s'adresse pas à des partisans démocrates confus, mais à des «politiciens élus du Parti démocrate, qui sont d'accord avec nous sur beaucoup de questions et veulent voir des actions plus audacieuses contre la politique corporatiste».

L'article ajoute: «Bien que nous sommes avides de travailler ensemble pour mettre de l'avant un programme commun de changement progressiste, nous pensons politiquement qu'ils ne vont pas assez loin... Nous les exhortons à utiliser leurs campagnes, qu'ils soient élus ou non, pour nous aider à renforcer les mouvements spontanés de la base et générer un nouvel intérêt dans les politiques de la gauche, particulièrement parmi les jeunes.»

Ces lignes devraient être étudiées en tant qu'exemple typique de tout ce que le socialisme n'est pas.

Les socialistes «n'exhortent» pas des partis qui représentent les banques, les sociétés et l'appareil répressif de l'État à «aider» à construire un mouvement révolutionnaire et ne les critiquent pas pour ne pas aller «assez loin». Nous nous battons sans compromis pour faire comprendre aux travailleurs que le développement d'un mouvement révolutionnaire doit être basé sur l'indépendance politique totale de la classe ouvrière de tous les partis et politiciens de la classe capitaliste, qu'ils soient supposément de «gauche», libéraux ou ouvertement de droite.

Parmi les classes moyennes anti-marxistes dont sont composées Alternative socialiste et autres organisations de la pseudo-gauche, ce principe fondamental du socialisme révolutionnaire est dénoncé comme étant «sectaire».

Alternative socialiste n'est pas un groupe révolutionnaire et son approche des questions politiques n'a rien à voir avec le marxisme. À ses yeux, le concept de classes sociales n'a pas de rôle à jouer dans l'analyse des forces sociales et des partis politiques. Au lieu de cela, Alternative socialiste présente le Parti démocrate comme étant composé d'une aile progressiste «anti-corporatiste» et d'une aile «conservatrice». Alternative socialiste admet amèrement que cinq des démocrates qu'elle a appuyés sont financés par des entreprises et promoteurs immobiliers et «n'ont pas voulu» refuser les pots-de-vin des sociétés.

L'orientation d'Alternative socialiste envers le Parti démocrate n'est pas le produit d'une erreur politique, mais de son orientation de classe. Elle représente une couche de la classe moyenne supérieure qui a entièrement intérêt à maintenir le système capitaliste.

Si l'alliance électorale d'Alternative socialiste la menait à la tête du gouvernement municipal de Seattle, elle jouerait un rôle similaire à celui de SYRIZA en Grèce. En janvier, SYRIZA a gagné les élections sur la base d'un programme d'opposition à l'austérité, mais en l'espace de quelques semaines après son arrivée au pouvoir, elle a conclu une entente avec les banques européennes pour un nouveau programme brutal d'austérité comprenant des coupes massives aux programmes sociaux et aux avantages et salaires des travailleurs.

Il n'y a pas de troisième voie entre l'imposition de la dictature des banques et des sociétés et la mobilisation de la classe ouvrière pour la lutte contre le capitalisme; l'orientation d'Alternative socialiste envers le Parti démocrate prouve qu'elle est entièrement opposée à cette dernière voie.

Son alliance avec les démocrates est liée à la préoccupation de la classe dirigeante de trouver des façons d'empêcher que l'opposition de millions de travailleurs et jeunes à la guerre et à l'inégalité prenne des formes explicitement socialistes. Ces efforts sont d'un caractère international et sont devenus un élément central de la politique bourgeoise. La classe dirigeante devient de plus en plus dépendante de forces comme SYRIZA en Grèce, Jeremy Corbyn en Grande-Bretagne et Podemos en Espagne pour imposer son programme d'austérité et de guerre.

Aux États-Unis, Alternative socialiste appuie la campagne du candidat présidentiel des démocrates Bernie Sanders, dont la fonction est de canaliser l'opposition sociale dans l'impasse du Parti démocrate. Sanders, qui prétend mener une lutte contre l'inégalité sociale, est un nationaliste économique qui se joint à la bureaucratie syndicale et des sections du Parti démocrate afin de monter les travailleurs des États-Unis contre leurs frères et sœurs de classe dans d'autres pays au nom de la sauvegarde des «emplois américains». La réelle intention de cette orientation profondément réactionnaire est d'aligner les travailleurs américains derrière «leurs» patrons d'entreprise dans les querelles interimpérialistes économiques et commerciales qui entraînent inévitablement la guerre.

Dans l'article du 22 octobre, Action socialiste fait la promotion avide de cette perspective anti-ouvrière, déclarant sont appui pour l'opposition nationaliste de l'AFL-CIO au Partenariat transpacifique (PTP). «Imaginez, écrivent-ils, si les 2000 organisations qui s'opposent au PTP se réunissaient pour présenter des centaines de candidats indépendants...»

Le recours croissant de la classe dirigeante à ses partisans de la pseudo-gauche reflète finalement l'immense crise du capitalisme et le puissant potentiel révolutionnaire de la période actuelle. La lutte pour développer la conscience socialiste dans la classe ouvrière aujourd'hui requiert une lutte pour exposer et clarifier le rôle des pseudo-socialistes de la classe moyenne supérieure qui tentent de défendre un vieux système mourant. C'est en opposition à de telles organisations anti-ouvrières que les fondements politiques et théoriques de la révolution sociale seront établis.

(Article paru d'abord en anglais le 31 octobre 2015)

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