Un terrible accident de car coûte la vie à quarante-trois personnes en France

Le 23 octobre à 7h30 du matin, un bus transportant quarante-neuf personnes agées a percuté, près de Bordeaux, un camion grumier qui s’était mis en portefeuille. Quarante-trois personnes sont mortes dans l’accident. Ce drame terrible est le pire accident de la route en France depuis 33 ans.

Les circonstances du drame ne sont pas entièrement éclaircies et les informations quelque peu contradictoires. Le car s’apprêtait à prendre un virage sur une route sinueuse et étroite lorsque son chauffeur a vu le camion qui s’était mis en portefeuille dans le tournant et se trouvait sur le mauvais côté de la route. La route n’était pas assez large pour éviter le camion et le bus l’a percuté. Le camion de transport de bois était vide; seuls le conducteur et son fils de trois ans étaient à bord. Ils sont tous deux morts dans l’accident.

L’accident a eu lieu près du village de Puisseguin dans le département de la Gironde, à une cinquantaine de kilomètres de Bordeaux. Les personnes agées étaient membres d’un club de seniors de Petit-Palais-Cornemps et faisaient une excursion d’un jour à Arzacq-Arraziguet dans les Pyrénées-Atlantiques où ils allaient visiter la Maison du Jambon de Bayonne. L’accident est survenu à seulement huit kilomètres de leur point de départ.

La plupart des passagers venaient de Petit-Palais-Cornemps, une localité d’à peine 700 habitants. Pratiquement toutes les familles du village ont perdu un ou plusieurs de leurs membres dans l’accident.

Immédiatement après l’accident, le conducteur a ouvert la porte pour laisser sortir les passagers. Quelques-uns ont pu sortir. Mais la cabine du camion et le car ont très rapidement pris feu. Le chauffeur est retourné à l’intérieur du car et, aidé par un passager, a secouru d’autres personnes. Le conducteur d’une voiture qui suivait le car a également aidé des gens à sortir en brisant les fenêtres. Toutefois, ils ont été rapidement repoussés par les flammes. Seuls 8 des 49 passagers ont pu être sauvés.

La rapidité avec laquelle les flammes ont ravagé les deux véhicules et tué des dizaines de personnes soulève des questions troublantes quant à la sécurité des véhicules impliqués. Il reste à déterminer exactement comment le feu s’est déclaré et s’est propagé.

Puisque l’avant de l’autobus a frappé le côté de la cabine du camion, un certain nombre d’experts ont soulevé l’hypothèse que le camion aurait eu son réservoir d’huile hydraulique et le bus son réservoir d’essence situés au point d’impact. La possibilité qu’un des réservoirs ait été percé, voire les deux, peut expliquer la propagation rapide de l’incendie.

Lors d’une conférence de presse de la gendarmerie, le procureur du district et les analystes d’ADN ont dit que la tâche la plus urgente des enquêteurs était d’identifier les corps des victimes pour que leurs familles puissent préparer des funérailles. Les analystes ADN ont expliqué que les corps étaient à tel point brûlés qu’il faudrait trois ou quatre semaines pour y parvenir.

Cet accident montre clairement que la sécurité de moyens de transport comme les autocars doit être soumise à un examen très détaillé. Il y a en fait des incidents similaires en France toutes les quelques années, même s’ils font moins de victimes que cette dernière tragédie.

Les petites routes sont entretenues par les pouvoirs régionaux et locaux. Le président François Hollande et son gouvernement PS (Parti socialiste) ont, dans la poursuite de leur politique d’austérité, transféré beaucoup de dépenses du gouvernement vers les conseils régionaux et municipaux, créant une crise financière pour ces organismes. On a fait la même chose pour les réseaux ferroviaires régionaux délabrés, les conseils régionaux étant les seuls à financer ce type de transport.

De plus, Emmanuel Macron, ministre de l’Économie du gouvernement Hollande, a parrainé une nouvelle loi portant son nom qui impose la libéralisation de nombreux aspects de l’économie. L’un de ses objectifs a été de favoriser les voyages bon marché par car, évitant ainsi le maintien de nombreuses lignes ferroviaires régionales.

Les voyages en car coûtent 25 à 50 pour cent moins cher que ceux avec les trains régionaux. En 2014, seulement 110.000 personnes avaient voyagé en car. Dans le premier mois qui a suivi l’entrée en vigeur de la « loi Macron » en 2015 on en comptait déjà 250.000.

Suite à l’accicent, Noël Mamère, député Vert de la Gironde, faisait ce commentaire: « Pour ceux qui connaissent bien cet endroit, ce qui est mon cas, l’endroit où a eu lieu l’accident, c’est un virage extrêmement dangereux qui est considéré comme très accidentogène (...) Ça doit nous interroger sur les choix politiques qui sont faits en matière d’infrastructures. »

(Article paru d'abord en anglais le 24 octobre 2015)

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