Contre la course à la guerre, l’austérité et les assauts contre les droits démocratiques !

Construisez l’International Youth and Students for Social Equality !

Alors que des manifestations se déroulent aujourd’hui sur un certain nombre de campus aux quatre coins de l’Australie, les étudiants et les jeunes gens doivent faire face à un monde qui se trouve en pleine crise majeure du capitalisme mondial, ce qui soulève des questions politiques fondamentales. 

À l’échelle internationale, les gouvernements réagissent à ce plus grand effondrement économique depuis les années 1930 en recourant à un programme de militarisme et de guerre qui a créé des poudrières porteuses d’un nouveau conflit mondial. Parallèlement, ils mettent en œuvre, pour le compte des élites patronales et financières, une contre-révolution sociale qui vise à démanteler l’accès aux soins, à l’éducation et aux services sociaux financés par l’État ainsi qu’à réduire massivement les emplois, les salaires et les conditions sociales de la classe ouvrière. Face à l’opposition grandissante contre ce programme, des mesures autoritaires de gouvernance sont en train d’être élaborées. Les mesures d’état policier qui ont été prises au cours de ces 15 dernières années au nom de la frauduleuse « guerre contre le terrorisme » visent de plus en plus l’opposition sociale à l’intérieur du pays. 

Aucune de ces questions ne sera discutée au rassemblement d’aujourd’hui, elles n’ont même été mentionnées par ses organisateurs au sein du syndicat national des étudiants, le National Union of Students (NUS). Après des années de protestation et de « journées d’action » organisées par le NUS et d’autres groupes d’étudiants, les étudiants doivent tirer d’importants enseignements. Qu’est-ce que ces manifestations ont réussi à accomplir ? Comment ont-elles préparé les jeunes gens à lutter contre la guerre ou la décision de complètement privatiser les universités ou tout autre sujet brûlant nous concernant ?

La question est claire quant au but déclaré des rassemblements qui se déroulent aujourd’hui. Une fois de plus, le NUS promeut la fraude totale que l’élection d’un gouvernement travailliste, soutenu par les Verts ne s’en prendra pas à l’enseignement supérieur. Le NUS reste absolument muet sur le fait que c’étaient les gouvernements travaillistes de Kevin Rudd et de Julia Gillard qui avaient opéré les coupes les plus sévères jamais vues dans le budget des universités et préparé le terrain à la décision de la coalition gouvernementale de déréglementer les frais d’inscription à l’université.

Ce fut le gouvernement Gillard qui déréglementa en 2012 les inscriptions aux cours et suspendit le nombre de places accessibles aux étudiants dans les universités, entraînant ainsi une concurrence de plus en plus accrue pour l’inscription des étudiants et la suppression des « disciplines non rentables ». Dans son budget de 2013, le gouvernement travailliste a instauré la plus vaste réduction jamais proposée en matière de financement universitaire, à savoir 2,3 milliards de dollars. Entre 2011 et 2013, le Parti travailliste (Labor) a amputé de 6,6 milliards de dollars le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ces mesures sont l’aboutissement de la décision bipartite prise il y a des décennies de transformer les universités en sociétés à but lucratif, avec à l’origine la réintroduction entre 1983 et 1996 de frais d’inscription par les gouvernements travaillistes Hawke et Keating. 

Lors des dernières manifestations, le NUS avait fait tout son possible pour étouffer toute discussion du bilan du Parti travailliste. Tout en invitant d’éminents politiciens de ce parti et des Verts à se faire passer pour des adversaires des coupes effectuées par le gouvernement Abbot dans le budget de l’enseignement supérieur, le NUS a empêché que des représentants de l’International Youth and Students for Social Equality (IYSSE – Étudiants et jeunes internationalistes pour l’égalité sociale – EJIES en Français) ne prennent la parole, évitant ainsi que les étudiants découvrent une authentique perspective socialiste pour combattre les coupes dans les universités. 

Depuis lors, la privatisation de l’enseignement supérieur s’est poursuivie à un rythme rapide et l’université de Sydney, l’université Monash et les administrations des universités partout dans le pays ont mis en avant de considérables restructurations favorables aux entreprises. La dépendance de plus en plus grande des budgets universitaires envers les dons faits par de riches patrons et le mécénat des entreprises est allée de pair avec l’éviscération des droits fondamentaux sur les campus. Les syndicats étudiants jouent en cela un rôle clé dans l’imposition de ce programme. 

À l’université de Melbourne, le Clubs and Societies Committee (Comité de la vie sociale) du syndicat étudiant a refusé à quatre reprises au cours de ces deux dernières années d’affilier notre club, l’IYSSE. Le mois dernier, le comité a effectivement interdit l’IYSSE. Pourquoi ? Parce que nous défendons le principe selon lequel tous les étudiants devraient pouvoir constituer les clubs de leur choix sans ingérence d’un quelconque syndicat ou organe universitaire. Mais le NUS même n’a absolument rien fait pour s’opposer à cette attaque de l’université de Melbourne contre l’IYSSE ou des mesures identiques prises contre nos clubs dans les autres universités en Australie. En d’autres termes, le syndicat est complice de la création d’un dangereux précédent qui fait subir à tous les clubs d’étudiants la perspective d’un bannissement et d’une interdiction arbitraires et politiquement motivés.

Les attaques perpétrées contre l’IYSSE ont lieu dans le contexte d’une campagne menée par l’État afin d’endoctriner les jeunes gens dans un sentiment pro-guerre grâce à la glorification du militarisme et à la réécriture de l’histoire. Des centaines de milliards de dollars ont été dépensés par le gouvernement pour les célébrations du centième anniversaire de la Première Guerre mondiale, qui ont affecté tous les aspects de la vie, dont les universités et même et les écoles primaires. L’année dernière, l’université de Sydney avait interdit durant le week-end de l’Anzac Day au Socialist Equality Party et à l’IYSSE de tenir sur le campus une réunion publique intitulée « Anzac Day, la glorification du militarisme et la campagne pour une troisième guerre mondiale. » La réunion s’opposait à l’orgie de la propagande militariste en avançant une perspective socialiste contre le risque de guerre. 

L’interdiction de l’université de Sydney visait à empêcher qu’un sentiment anti-guerre de masse régnant parmi les travailleurs et les jeunes trouve une expression organisée. Cette année, à moins de deux semaines de l’Anzac Day, le gouvernement, les universités et toutes les institutions officielles s’apprêtent une fois de plus à bombarder la population de mensonges comme quoi la participation de l’Australie à la Première Guerre mondiale, un bain de sang impérialiste mené par diverses puissances en vue d’obtenir des ressources, des profits et des avantages géostratégiques, fut un développement héroïque et « bénéfique à l’édification de la nation. » 

Derrière cette campagne il y a l’intégration totale de l’Australie dans les préparatifs de guerre américains contre la Chine. Alors que le parti travailliste, les Verts, les syndicats et les organisations de la pseudo-gauche telles Socialist Alternative et le Solidarity Club maintiennent une conspiration du silence, de considérables dispositions ont d’ores et déjà été prises et des centaines de milliards de dollars alloués aux dépenses militaires dans le but de placer le pays sur un pied de guerre. À Canberra et à Washington, les groupes de réflexion liés au gouvernement débattent ouvertement de projets pour que l’Australie impose un blocus naval des routes maritimes passant par l’Indonésie dans l’hypothèse d’une attaque américaine contre la Chine. Ils discutent de plus en plus de « penser l’impensable », c’est-à-dire mener une guerre nucléaire. 

Le seul moyen d’empêcher une telle catastrophe et de mettre un terme à toutes les horreurs du système capitaliste moribond, y compris l’abolition en cours du droit à l’éducation, passe par le développement d’un mouvement révolutionnaire et socialiste de la classe ouvrière – la seule force sociale n’ayant aucun intérêt dans le système d’états-nations capitalistes qui conduit inévitablement à la guerre ou dans la propriété privée des ressources sociales détenues par une infime élite patronale et financière parasite. 

Une telle lutte ne pourra aller de l’avant que sur la base d’une perspective internationale. Sous l’ordre actuel, les jeunes, qu’ils vivent aux États-Unis, en Europe, en Chine, en Australie ou n’importe où dans le monde, sont confrontés à un avenir de guerre, de pauvreté et de chômage. 

L’IYSSE, la section des étudiants et des jeunes du mouvement trotskyste mondial, lutte par-delà les frontières nationales et sur la base du programme du socialisme mondial pour l’unification des luttes de la classe ouvrière, des étudiants et des jeunes contre le système capitaliste de profit en lui-même et pour l’établissement d’une économie mondiale planifiée afin de mettre un terme au fléau de la guerre en plaçant les ressources sociales sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière, qui est la vaste majorité, et donner accès à tous à une éducation, des soins de santé, des soins aux enfants et autres services sociaux essentiels gratuits et de haute qualité. 

Nous appelons tous les étudiants qui veulent lutter contre la guerre et les mesures d’austérité, et défendre les droits démocratiques, à adhérer à l’IYSSE et construire des clubs de l’IYSSE sur tous les campus du pays. 

(Article original paru le 13 avril 2016)

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