La Cour suprême autrichienne annule l’élection présidentielle

La Cour constitutionnelle d’Autriche a statué vendredi 1er juillet que le second tour des élections présidentielles autrichiennes n’était pas valable et devait être recommencé.

Le 22 mai, Alexander Van der Bellen, ancien président des Verts, avait battu Norbert Hofer (Parti autrichien de la liberté, FPÖ) avec seulement 30.863 voix d’écart. Les candidats des deux partis gouvernementaux, le social-démocrate SPÖ et le Parti populaire autrichien (ÖVP), avaient été éliminés au premier tour.

La victoire de Van der Bellen ne fut scellée que par le décompte des 740.000 votes par correspondance. Après le décompte des votes du 22 mai, c’est Hofer qui était en tête. Le FPÖ contesta ensuite les résultats en raison d’irrégularités, ce qui fut appuyé par la plus haute cour du pays.

Quatorze juges constitutionnels ont interrogé 90 témoins pendant cinq jours et confirmé plusieurs vices de forme. Les votes par correspondance par exemple avaient déjà été décomptés dimanche, le jour de l’élection, dans un certain nombre de circonscriptions, ce qui n’était autorisé qu’à partir de 9 heures le lundi. Les votes avaient été en partie décomptés sans la présence de toute l’autorité électorale, comme le prescrit la loi.

La Cour constitutionnelle en a conclu à des irrégularités dans la conduite du vote par correspondance et que celles-ci portaient sur l’ensemble des 77.926 suffrages.

La cour n’a par contre pas confirmé de manipulation des votes ou de fraude. Dans de nombreuses circonscriptions, le FPÖ était lui-même responsable d’irrégularités. Il était, cependant, « insignifiant que des manipulations aient bel et bien eut lieu, » a jugé la cour, « si les irrégularités atteignaient une ampleur susceptible d’influencer l’issue des élections. »

Le président de la Cour, Gerhart Holzinger a dit que le jugement visait à consolider l’Etat de droit et la démocratie. La décision n’ayant pas fait « de gagnant ou de perdant. » Néanmoins, le FPÖ a salué la décision comme un succès. Le parti d’extrême-droite bénéficiera donc d’une deuxième chance de prendre le contrôle de la plus haute fonction de l’Etat autrichien.

L’entrée en fonction de Van der Bellen comme président était initialement prévue le 8 juillet. La direction du Conseil national, composée de trois présidents dont le candidat du FPÖ Hofer, se chargera maintenant officiellement de remplir les fonctions de président. Hofer a d’ores et déjà déclaré ne pas renoncer à cette responsabilité durant la campagne électorale.

Van der Bellen a déclaré vouloir respecter la décision de la Cour constitutionnelle. Il a repoussé toute spéculation qu’il ne se représenterait pas à l’élection et a dit être sûr de sa victoire. « Bien sûr, je me représenterai à ce nouveau scrutin et j’ai l’intention de gagner une seconde fois, » a-t-il dit.

La nouvelle élection devrait avoir lieu le 25 septembre ou le 2 octobre. Suite au vote en faveur d’un Brexit en Grande-Bretagne, l’éventualité qu’un adversaire d’extrême-droite de l’Union européenne devienne président autrichien contribuera à aggraver la crise et à déstabiliser l’UE.

(Article original paru le 2 juillet 2016)

 

 

 

 

 

 

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