Air France annonce des baisses de salaires pour les pilotes

Suite à la décision du Tribunal de Bobigny, puis de la cour d’appel de Paris, d’autoriser le PDG d’Air France à imposer l’accord Transform 2015, le conseil d’administration d’Air France a autorisé la compagnie à le mettre en œuvre dès le 1er juin 2016. 

L’application de l’accord s’accompagne de baisses de rémunération pour les pilotes. La majoration de 50 pour cent des heures de nuit passera à 40 pour cent, il y aura un calcul moins favorable pour les activités au sol et la durée de préparation au sol sera réduite de moitié pour les instructeurs. Enfin, à partir de 2017, la compagnie prévoit l’annualisation de 12 jours de repos. 

L’annonce par la direction d’Air France de la baisse de rémunération des pilotes fut rendue possible par la trahison des organisations syndicales qui ont imposé en 2014 la fin de la grève des pilotes qui avait fragilisé le gouvernement PS et Air France. Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), applaudi par les partis de la pseudo-gauche dont Lutte ouvrière et le Nouveau parti anticapitaliste, ont mis fin à la grève afin de bloquer une victoire des grévistes et stabiliser le PS au dépens des pilotes. 

D’après l’AFP, l’ensemble de ces mesures « représente entre 20 et 30 millions d’euros par an d’amélioration de compétitivité pour l’entreprise, soit entre 2 et 3 pour cent de la masse salariale des pilotes ». La direction d’Air France et les syndicats négocieront aussi d’autres mesures. Le PDG Gilles Gateau annonce que l’ « on va convier les organisations syndicales représentatives pour fixer les modalités de cette révision ». 

Le DRH (directeur des ressources humaines) a minimisé le risque de grève des pilotes : « Je n’ai jamais entendu s’exprimer le fait qu’il puisse y avoir un appel à la grève sur l’application de cet arbitrage qui s’inscrit dans le cadre de l’application d’un accord signé par le SNPL ». La direction d’Air France espère que le SNPL pourra imposer la baisse des salaires auprès des pilotes comme il a imposé la fin de la grève en 2014. 

En 2014, les pilotes s’étaient mis en grève contre le projet Transavia, une filiale low cost d’Air France qui engagerait les pilotes et autres travailleurs de la filiale avec des salaires moins élevés que chez Air France. La grève des pilotes, qui dura 14 jours, entraîna la perte de centaines de millions d’euros qui fragilisa la compagnie financièrement mais aussi le gouvernement Hollande, le plus impopulaire de la Vème République. 

Le PS qui craignait que cette grève soutenue par l’opinion n'entraîne de plus larges sections de travailleurs en France et aussi en Europe, les travailleurs aéroportuaires ayant été en lutte notamment contre la baisse des salaires et pour la défense des retraites chez Lufthansa. 

Manuel Valls est intervenu pour demander la fin de la grève que le syndicat SNPL imposa en prétextant qu'il « est de notre devoir de préserver l’avenir de notre compagnie et de panser ses plaies avant que des dommages irréversibles n’apparaissent ». 

Le SNPL a ajouté que les syndicats avaient un rôle crucial à jouer pour faire accepter les plans de restructuration aux travailleurs d’Air France : « la direction ne peut mettre en oeuvre seule le développement de Transavia-France. Elle ne peut également mettre en œuvre seule son projet ‘Perform 2020’. » 

Le WSWS avait écrit pour dénoncer la trahison du SNPL: « Si Air France est confronté à des dommages financiers 'irréversibles' dus à la grève, cela signifie que les grévistes sont dans une position de force. C’est à ce moment précis toutefois que le syndicat déclare sa volonté d’arrêter la grève et de collaborer avec la direction pour mener des attaques contre des travailleurs qu’il affirme abusivement représenter ». 

« Les pilotes se trouvent à la croisée des chemins. S’ils mettent fin à la grève maintenant, la direction lancera des attaques brutales dans le but de récupérer les centaines de millions d’euros perdus, faire un exemple des pilotes et décourager d’autres catégories de travailleurs de faire grève. Les pilotes sont confrontés à une lutte politique contre le gouvernement PS et Air France, pour rallier des couches plus larges de travailleurs contre le programme d’austérité détesté du PS et pour réagir à la tentative des syndicats de briser leur grève en retirant la lutte des mains du SNPL. » 

En imposant la fin de la grève, le SNPL a ouvert la voie à d’autres attaques contre les acquis sociaux. Les travailleurs de la filiale Transavia ont des salaires qui sont entre 25 et 30 pour cent moins élevés que ceux de la maison mère pour 30 à 40 pour cent d’heures de plus en vol. Un an après la trahison du SNLP, Air France annonça le licenciement de plusieurs milliers de personnes de la compagnie. 

Les organisations de la pseudo gauche avaient applaudi la fin de la grève. LO déclarait : « Malgré le battage médiatique, malgré les déclarations de Valls qui a tenté d’avoir le dernier mot, en tenant des propos forts pour tenter de faire croire qu’il n’avait pas cédé, les pilotes ont fait reculer la direction sur le projet Transavia Europe… Heureusement il y a des réactions » 

Le NPA faisait référence à la déclaration d’Air France qu’il renoncerait à son projet Transavia Europe comme étant « une première victoire saluée par tous les salariés… Cette grève ouvre une nouvelle brèche pour mobiliser les autres catégories de personnels menacées par le projet Transavia : hôtesses et stewards, personnels au sol assurant l’assistance dans les aéroports, et l’entretien des avions ». 

Autant d’éloges cyniques de la pseudo gauche pour couvrir la trahison des pilotes. En fait, la fin de la grève fut le moyen pour la direction d’Air France et le SNLP de préparer, comme on le voit aujourd'hui, ses nouvelles attaques. Le NPA et LO ont couvert le SNPL alors qu'il sauvait la direction d’Air France et le gouvernement aux détriments de ses membres. 

Les attaques contre les salaires des pilotes d’Air France est une leçon pour tous les jeunes et les travailleurs qui sont en lutte contre la loi El Khomri. Toutes ces organisations sont étroitement liées au PS, qu’ils ont aidé à porter au pouvoir en soutenant Hollande au second tour des élections présidentielles. Une fois le PS au pouvoir, le NPA et Cie ont soutenu la politique pro-guerre et pro-austérité de Hollande. 

Ces organisations tentent à présent de bloquer une lutte politique des travailleurs et des jeunes contre la loi El Khomri, comme ils l’ont fait pendant la grève de 2014, entraînant les nouvelles attaques contre le salaire des pilotes. Seul une lutte politique contre le gouvernement PS et ses soutiens de pseudo de gauche, fondée sur une perspective socialiste et internationaliste, permettra de défendre les acquis sociaux des travailleurs.

 

 

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