Les manifestations anti-Trump se multiplient aux États-Unis

Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans les villes et les campus dans tout le pays vendredi, poursuivant une vague de protestations dans la foulée de la victoire de Donald Trump lors de l’élection présidentielle de mardi. Les manifestants ont fermé des tronçons d’autoroutes interétatiques à Miami et à Iowa City. Des lycéens ont organisé des débrayages à Omaha, au Nebraska et à Minneapolis, au Minnesota. Des « manifestations d’amour » ont attiré des foules à New York, Boston et ailleurs.

Cette semaine, plus de 260 personnes ont été arrêtées depuis vendredi après-midi, dont 226 à Los Angeles, car les manifestants qui bloquaient le trafic étaient placés en garde-à-vue. À Portland, des escarmouches mineures ont eu lieu jeudi soir entre la police et un petit nombre de manifestants. La police de Portland a tiré des balles en caoutchouc et du gaz au poivre après que des fenêtres de voiture ont été brisées et d’autres actes de vandalisme commis. À San Diego, 19 manifestants ont été arrêtés pour « ne pas s’être dispersés » ou pour avoir participé à un « rassemblement illégal », a déclaré la police. Les forces de police se préparent à de grandes manifestations le week-end, en dépit de la nature pacifique de la grande majorité des manifestations à ce jour. 

Manifestants au Washington Square Park à Manhattan vendredi

Le déferlement continu d’indignation face à l’élection de Trump contraste vivement avec les efforts du gouvernement Obama et de la campagne de Clinton pour se rassembler derrière la présidence imminente de Trump. Alors qu’Obama a affirmé après les élections que « nous sommes réellement tous une seule équipe », les pancartes et les slogans aux rassemblements ont fait comprendre qu’un grand nombre est déterminé à résister. « Pas mon président » était le mot d’ordre le plus fréquent parmi les manifestants à travers le pays. 

Beaucoup de manifestants ont concentré leur opposition à la légitimation par Trump de positions ouvertement racistes, xénophobes et d’autres formes de bigoterie. Les pancartes à la manifestation de la ville de New York, à laquelle ont participé plusieurs milliers de personnes, comprenaient des mots d’ordre défendant les droits des immigrés, des femmes et des homosexuels. Cependant, l’influence du Parti Démocrate et des organisations de pseudo-gauche dans l’élévation de la politique identitaire au-dessus de toutes les autres questions se voyait dans la confusion politique significative exprimée pendant le rassemblement, y compris dans les pancartes qui blâmaient les « blancs » pour la montée de Trump. 

Honor Sankey (àgauche)

Une équipe du WSWS a distribué des tracts et a parlé aux manifestants à la manifestation de New York. Honor Sankey, une étudiante en commerce à l’Université de New York, a déclaré : « Je suis venu à la manifestation pour être solidaire des communautés de femmes, de personnes de couleur et de LGBTQ qui seront affectées par Trump. Cette élection a vraiment créé un temps pour que les gens deviennent actifs, et je suis franchement choquée par le niveau d’ignorance dans ce pays ». 

Quand un journaliste du WSWS a souligné que de nombreuses régions qui avaient voté pour Trump avaient précédemment voté pour Obama, Sankey a ajouté : « D’une certaine façon, le vote pour Trump est un « va te faire f--tre » à l’establishment politique. Cependant, il est clair que son gouvernement ne va pas aider ceux qui ont voté pour lui ». 

Renzo Mayhall, un lycéen de 16 ans de l’école secondaire Watchung Hills dans le New Jersey, a déclaré : « Je suis ici parce que, face aux résultats de cette élection, autant d’Américains que possible devraient montrer leur résistance à la bigoterie, au racisme et aux haines de toutes sortes. Il semble que Trump soit un danger pour les femmes, les musulmans et les hispaniques. Personne n’est sauf, sauf certains blancs ». 

Renzo Mayhall

Après avoir discuté avec un journaliste du WSWS des attaques continuelles contre la classe ouvrière dans son ensemble, y compris les travailleurs blancs, il a ajouté : « Je comprends ce que vous dites. Je sympathise avec les travailleurs blancs dans le Midwest qui souffrent et ont voté pour Trump. J’ai soutenu Sanders, mais une fois qu’il s’est arrêté et a promis son soutien à Clinton, les Démocrates n’ont offert aucun changement, et ces ouvriers étaient à la recherche d’un moyen de changer les choses même si c’était Trump. Personne n’est sauf, sauf si nous résistons à cela ». 

Harrison Priest, qui travaille pour un magazine de football, a déclaré : « Je suis venu ici pour un large éventail de raisons, mais surtout en raison de l’ampleur de l’inégalité et de l’injustice que Trump représente. Cette manifestation n’est vraiment que le début, et nous devons nous organiser et construire afin d’aborder un grand nombre de ces questions ». 

Harrison Priest

« Vous pouvez déjà voir que beaucoup de gens ici sont énervés par le Collège électoral, mais nous sommes énervés par l’ensemble du système. J’étais un grand partisan de Sanders, et il aurait été un meilleur candidat que Hillary Clinton ». 

Après une discussion avec un journaliste du WSWS sur la promesse de Sanders d’essayer de travailler avec Trump, Priest a répondu : « [les Démocrates] font ce qu’ils doivent faire pour accepter le processus démocratique et la transition pacifique du pouvoir. Ils donnent une chance à Trump, mais il n’a pas mérité cette chance. Il nous a déjà rabaissés dans ses tweets. C’est illusoire de penser qu’il deviendra un président respectueux maintenant ». 

Julia, une étudiante en chant à l’Université de New York, a déclaré : « C’était vraiment l’élection la plus polarisée avec les gens qui se rétractaient dans leurs bulles. Nous n’avons pas vraiment rencontré l’autre côté » dans le débat. 

Interrogée sur l’effet de la croissance de l’inégalité sous Obama sur l’élection, elle a ajouté : « Cela a vraiment conduit à une peur de ce que les gens ont à perdre. C’est comme si on nous demandait de choisir entre les droits démocratiques et la mobilité économique ». 

Julia and Evan

Son ami, Evan, a ajouté : « L’inégalité a vraiment séparé les gens, et beaucoup de Démocrates n’ont pas voté. Maintenant, les politiciens Démocrates veulent travailler avec Trump afin de mettre en œuvre leur programme, mais nous méritons mieux. Nous méritons un gouvernement qui nous représente ». 

« En tant que quelqu’un qui vient de s’impliquer dans la politique, c’est vraiment décourageant de participer à un système corrompu ». 

(Article paru d’abord en anglais le 12 novembre 2016)

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