L'ex-ministre de l'économie Macron annonce sa candidature à la présidentielle

L'annonce par Emmanuel Macron, ancien ministre de l'économie de Hollande, de sa candidature à l'élection présidentielle de 2017, souligne la désintégration avancée du gouvernement Hollande, le plus impopulaire de la Vème République, et du PS, qui s'attend à une débâcle à la présidentielle.

Macron avait choisi la ville de Marseille pour débuter sa campagne, visitant un IUT près des quartiers nord, dans le 13ème arrondissement, dont la mairie est tenue depuis 2014 par le sénateur (FN) Stéphane Ravier.

Macron a défendu plus de « liberté » entrepreneuriale et dénoncé les 35 heures. Il a cyniquement évoqué la situation des migrants qui périssent en Méditerranée, alors que le gouvernement auquel il a participé est responsable du chaos libyen de par son intervention dans la guerre en Libye et son soutien aux insurgés islamistes en Syrie. Macron a dit : « qui peut être fier de voir des hommes et des femmes périr en mer dans ces terres de Méditerranée ? Nous sommes dans un pays qui a su faire citoyens des étrangers qui partageaient nos valeurs ».

La prétention de Macron de faire barrage au FN, sans le nommer dans son discours adressé à une centaine d'étudiants, couvre les politiques criminelles et réactionnaires de Hollande. Ce sont les guerres impérialistes menées par Hollande et l'OTAN qui ont entraîné la crise des migrants, qui a servi de prétexte au PS pour intensifier leurs attaques contre les musulmans et les migrants. Cette politique réactionnaire a renforcé le FN et encouragé des néofascistes à manifester contre, voire attaquer les réfugiés à Calais et ailleurs en France.

Macron, qui se présente sans étiquette de parti, s’en est pris également aux partis politiques, accusés de ne servir qu’à distribuer de l’argent et à organiser « des débats de syndics de propriété. ... Mais qu’est-ce que c’est que ces partis, ils n’existent plus ! ».

Le Parti socialiste est traversé par une crise profonde. Celle-ci est apparue au grand jour quand Hollande a décidé d'abandonner la déchéance de nationalité et l'inscription de l'état d'urgence dans la constitution. Cela a atterré une partie des médias qui ont vu se profiler un désastre électoral pour le PS à la présidentielle de 2017.

C'est au mois d'avril, alors que les manifestations contre la loi travail prenaient de l'ampleur, que Macron a lancé son mouvement « en marche ! ». Ce mouvement personnalisé mettait en avant un « style » jeune entrepreneur afin de donner un vernis de modernité aux attaques brutales menées contre les droits démocratiques et sociaux.

Durant ces derniers mois, Macron a obtenu le soutien de patrons d'entreprise dont Henry Hermand, qui a fait fortune dans la grande distribution et contribue à des groupes de réflexion dont La République des idées et Terra Nova, proche du PS. Il a aussi le soutien de Jean Peyrelevade, ancien patron du Crédit Lyonnais, ainsi que Marc Simoncini, fondateur et patron du site de rencontres Meetic. Il a rencontré Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président du Medef, ainsi que Claude Bébéar, créateur d'Axa et de l'Institut Montaigne.

Macron a également le soutien de plusieurs députés PS et du maire de Lyon, Gérard Collomb, ancien proche de Hollande.

L'officialisation de la candidature de Macron a suscité un large enthousiasme médiatique pour l'ancien banquier de la banque Rothschild, la chaîne de télévision France 3 lui consacrant un documentaire quelques jours après l'annonce de sa candidature.

Le secrétaire national du PS, Jean Christophe Cambadélis a sommé Macron de participer à la primaire de la « gauche ». « Je lui lance ce matin un appel, 'Emmanuel, participe à la primaire' », a-t-il déclaré au micro de France Info. « Il n'est pas idiot, il voit que son espace politique est en train de se réduire fortement », a-t-il ajouté. « Son espoir de voir Juppé battu, Sarkozy élu et François Hollande pas candidat est en train de se réduire ».

Cambadélis cherche à contrer la débâcle anticipée du PS aux présidentielles en proposant à Macron de participer à la primaire afin d'être plus légitime pour l'électorat du PS.

Cambadélis qui après la sortie du livre Un président ne devrait pas dire ça... s'est désolidarisé de François Hollande comme candidat naturel du PS poursuit : « C'est très embêtant parce que c'est une division de la gauche, ça disqualifie la gauche sans le qualifier. L'électorat de gauche, ce n'est pas son fort ».

Macron a refusé l'appel de Cambadélis anticipant la fin prochaine de ce parti. Macron cherche à se positionner pour en récupérer les morceaux de la façon la plus avantageuse quand il se désintégrera: groupes constitués, sièges, fonctions officielles, réseaux, prébendes, influence et ressources accumulées pendant quatre décennies en tant que parti institutionnel.

Mais il hériter surtout aussi de la politique réactionnaire de ce parti de l'aristocratie financière, qui évolue à présent très rapidement à droite. Il ne s'agit pas seulement de la crise récente produite par la profonde impopularité de Hollande et par l'hostilité que lui a valu sa politique d'austérité et ses préparatifs d’État policier. C'est tout l'ensemble du projet d'un parti bourgeois « de gauche » pour défendre le capitalisme après Mai-juin 1968 qui s'effondre, alors que s'intensifie la crise capitaliste et les tensions de classe.

Alors que le PCF avait montré les difficultés à contrôler les travailleurs pendant mai 68, le milieu intellectuel petit bourgeois et ses organisations politiques se sont tournés vers le PS, un parti bourgeois autour de François Mitterrand, ex haut fonctionnaire du régime de Vichy.

Dans le mouvement personnalisé de Macron qui fait don de ses prétendus talents industriels à la France, il y a plus qu'un petit parfum de mitterrandisme et des traditions d'extrême-droite. Macron et les autres tendances qui ont créé des mouvements « semi-indépendants » du PS comme Jean-Luc Mélenchon, Bernard Kouchner et Jean-Pierre Chevènement vont tous vers la droite, voire l'extrême droite

Macron expliqua le soutien qu'il a apporté pendant un temps à Chevènement : « Autant la deuxième gauche m’a inspiré sur le social, autant je considère que son rapport à l’État reste très complexé. Je me suis toujours interrogé sur le rôle de l’État, et c’est pour cette raison que je me tourne, plus jeune, vers Jean-Pierre Chevènement ».

Il est à souligner que c'est dans le mouvement de Chevènement que le numéro 2 du FN Florian Philippot, a lancé sa carrière politique. Chevènement lui-même évoque à présent d'éventuelles alliances entre lui-même et l'extrême-droite nationaliste, dont le Front national.

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