Trump remplit son équipe de transition d’ultraconservateurs et de membres de sa famille

Le président nouvellement élu des États-Unis, Donald Trump, a réorganisé vendredi son équipe de transition, désignant le vice-président nouvellement élu Mike Pence pour remplacer le gouverneur du New Jersey Chris Christie en tant que président, et installant des personnalités ultraconservatrices comme adjoints aux côtés de quatre membres de sa propre famille.

La présence des trois enfants adultes de Trump, Ivanka, Eric et Donald Junior, et de son gendre, Jared Kushner, comme membres du panel qui va préparer son nouveau gouvernement est une décision remarquable et sans précédent, et donne un caractère quasi-dynastique à la présidence Trump. Tout au long de la campagne, Trump a prétendu qu’il séparerait son empire hôtelier et immobilier évalué à plusieurs milliards de dollars d’un gouvernement Trump en remettant l’affaire à ses enfants. Au lieu de cela, il a nommé ses enfants pour établir son gouvernement.

Le choix de Pence semble être un aveu que Christie est désespérément endommagé, après que plusieurs de ses principaux collaborateurs ont été condamnés dans l’affaire de la fermeture des voies de circulation du Pont George Washington, et ont déclaré qu’il était intimement impliqué. C’est aussi un signe d’apaisement tendu à la droite chrétienne fondamentaliste et aux républicains du Congrès, puisque Pence est un évangéliste fanatique anti-IVG et un ancien leader républicain de la Chambre des représentants (députés).

Christie est rétrogradé à la vice-présidence de la transition, avec l’ancien maire de New York, Rudolph Giuliani, l’ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich, le sénateur Jeff Sessions de l’Alabama, et Michael Flynn, le lieutenant-général à la retraite qui a été le principal porte-parole de Trump sur les questions militaires. 

Le panel sera impliqué dans la sélection du personnel haut placé de la Maison Blanche et des chefs de 15 ministères, ainsi que des choix pour 1000 autres emplois qui nécessitent la confirmation du Sénat, et de 3000 autres choix de personnel relevant du président.

L’équipe de transition a également annoncé douze autres membres vendredi, dont le président national du Parti républicain, Reince Priebus ; le milliardaire californien de la haute-technologie Peter Thiel, qui était presque le seul à soutenir Trump parmi les patrons de la Silicon Valley ; Et Stephen Bannon, le président de campagne de Trump et patron du site Breitbart News, qui abrite plusieurs personnalités du mouvement alt-right néo-fasciste.

Wall Street a poursuivi sa montée après la victoire de Trump le jour de l’élection, avec une hausse plus modeste vendredi. Parmi les choix importants pour cette transition, il y a celle de Paul Atkins, ancien membre républicain de la Securities and Exchange Commission [Autorité des marchés financiers, ndt] sous l’administration George W. Bush, avec la mission de recommander des politiques sur la réglementation financière.

Le choix d’Atkins coïncide avec des indications selon lesquelles Jeb Hensarling, représentant républicain bien en vue du Texas à la Chambre des représentants est envisagé selon le Wall Street Journal pour le poste de secrétaire (ministre) au Trésor. Hensarling, président du Comité des services financiers de la Chambre de députés depuis six ans, est l’un des principaux défenseurs de l’abolition ou de la suppression de la loi Dodd-Frank adoptée en 2010.

Les dispositions réglementaires extrêmement faibles de Dodd-Frank sont déjà trop pour les républicains. Trump et ses critiques dans l’establishment républicain sont en général d’accord pour laisser aux grandes entreprises et aux banques les mains libres pour qu’elles puissent intensifier l’exploitation de la classe ouvrière et jeter les bases d’une spéculation financière encore plus frénétique. Parmi les mesures favorites d’Hensarling, il y a une réglementation plus souple pour les assureurs, ainsi que la suppression des restrictions imposées par le gouvernement aux produits financiers de consommation tels que les prêts hypothécaires et les prêts sur salaire, qui ont eu des conséquences dévastatrices pour des millions de travailleurs qui cherchent désespérément du crédit.

D’autres éventuels choix pour l’équipe de transition et au gouvernement semblent calculées en vue de la destruction des services sociaux financés par l’État fédéral, comprenant des opposants réactionnaires aux programmes tels que l’éducation, les soins de santé et la protection de l’environnement qui seraient choisis pour administrer les organismes qui en sont responsables.

L’ancien candidat d’extrême droite à la présidence Ben Carson, le neurochirurgien qui a été l’un des premiers à abandonner la course et à soutenir Trump pour qu’il devienne candidat des républicains plus tôt cette année, serait envisagé pour recevoir le ministère de la Santé et des Services sociaux, ou devenir le prochain Surgeon General [chef des services de santé de l’armée, ndt]. Carson est un religieux fondamentaliste et un adversaire féroce des droits à l’avortement et des mesures de santé publique en général.

Un autre nouveau membre de l’équipe de transition de Trump est le ministre des affaires étrangères du Kansas, Kris Kobach. Kobach est un défenseur tristement célèbre des lois sur l’identification des électeurs et d’autres mesures utilisées pour restreindre le droit de vote, ainsi que des mesures anti-immigrés. Il « conseillera Trump sur des questions de politique et pour le préparer pour ses 100 premiers jours en fonction », selon le Wall Street Journal. 

Kobach a été la principale force de proposition pour inclure dans la plate-forme du Parti républicain un appel à construire un mur frontalier entre les États-Unis et le Mexique. C’est devenu un élément typique de la campagne Trump, il cherchait ainsi à détourner la colère et la frustration contre la crise économique vers les canaux réactionnaires de la démagogie anti-immigrés.

Un autre choix remarquable est le conseiller de transition de Trump pour l’Environmental Protection Agency (EPA Agence de la protection de l’environnement). Myron Ebell, directeur du Center of Energy and Environment at the Competitive Enterprise Institute (Centre de l’énergie et de l’environnement de l’Institut des entreprises concurrentielles), pourrait bien finir par administrer l’EPA lui-même. Aussi réactionnaire que l’ont été les porte-parole officiels, républicains comme démocrates, sur l’environnement ces dernières années, Ebell représente pourtant un changement important. Comme l’ont expliqué les médias, Ebell est un adversaire de « l’alarmisme » sur le changement climatique. Le New York Times rapporte qu’il « a affirmé que quel que soit le réchauffement causé par la pollution des gaz à effet de serre, c’est modeste et ce pourrait être bénéfique ».

(Article paru en anglais le 12 novembre 2016)

 

 

Loading