Manifestations policières en France: le PS encourage l’appareil policier

Après une manifestation d‘un demi-millier de policiers – apparemment désaprouvée au préalable par la hiérarchie policière – sur les Champs-Elysées à Paris dans la nuit du 17 au 18 octobre, de nouvelles manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes de France dans la nuit du 18 au 19 octobre en réaction à des menaces de sanctions de la part de la direction de la police nationale et un rappel à l‘ordre du gouvernment.

La manifestation des Champs-Elysées avait été organisée ostensiblement pour protester contre un manque de moyens et d‘effectifs. Ses organisateurs invoquaient un fait survenu le 8 octobre, où deux policiers furent blessés à la suite du jet d‘un cocktail molotov contre une voiture de police dans un quartier «difficile» de Viry-Châtillon, au sud de Paris.

Le lendemain, la voiture du directeur général de la police nationale, Jean-Marc Falcone, fut prise à partie lors d‘une manifestation hostile de plusieurs centaines de policiers à Evry. D‘autres manifestations de policiers en uniforme ont eu lieu à Marseille et à Nice. Des appels à la démission de Falcone et du minsitre de l‘Intérieur Bernard Cazeneuve furent lancés.

Le fait que des policiers manifestent ouvertement avec des voitures de police, pendant leur service, malgré des règlements qui le leur interdisent et récidivent lorsque leur autorité le leur rappelle, indique qu‘une partie de l‘appareil d‘État se considère à présent comme une loi en soi.

C‘est là le résultat de l‘atmosphère et de la situation politique créée en France par le Parti socialiste depuis les attentats terroristes contre Charlie Hebdo en janvier 2015. En plus d‘une mobilisation militaire et policière sans précédent, le PS a orchestré une campagne de glorification de la police, accompagnée d‘une campagne dirigée contre les musulmans. Il a fait tenté de faire de l‘appareil policier son principal soutien dans le pays.

Après les attentats parisiens du mois de novembre 2015, il a encore renforcé les pouvoirs de la police par l‘instauration et l‘extension à l‘infini de l‘état d‘urgence. Dans l‘atmosphère raciste incitée par le gouvernement, les forces de police ont eu carte blanche pour mener des descentes contre des centaines de familles musulmanes, et aussi attaquer brutalement et systématiquement l‘opposition des jeunes et des travailleurs dans les manifestations contre la loi travail.

Dans une attaque flagrante contre la liberté de religion, condamnée par une ordonnance du Conseil d‘Etat, la police de municipalités dirigées par le PS verbalise les femmes musulmanes sous prétexte qu‘elles sont voilées.

Tant la soi-disant « lutte contre le terrorisme » que la campagne anti-musulmane sous couvert de « laïcité » visent l‘opposition de la classe ouvrière aux attaques contre ses acquis sociaux.

Les manifestations policières et leur soutien de la part de tous les partis de l‘aristocratie financière et des syndicats sont un avertissement pour les travailleurs que la seule solution que celle-ci envisage à la crise est la dictature à l‘intérieur et la guerre sans fin à l‘extérieur.

Le lendemain de la première manifestation, le ministre de l‘Intérieur Bernard Cazeneuve a déclaré que les policiers « manifestent une exaspération que je comprends, même si je leur dis très clairement qu'on ne peut pas, quand on est policier, défiler avec des voitures de police et des gyrophares ».

Le lendemain de la seconde, il a déclaré, « Si j'ai accepté que l'on saisisse l'inspection générale de la police nationale, ce n'est pas pour rentrer dans un cercle de sanction, mais pour rappeler des principes ». La veille, il avait appelé dans un message vidéo au « respect des forces de l‘ordre et de l‘autorité ».

Le premier Ministre Manuel Valls, a lui aussi insisté sur le soutien du gouvernement aux forces de police, promettant de « poursuivre sans relâche ceux qui s'en prennent à nos professeurs, nos écoles, nos forces de l'ordre».

Christian Jacob, chef de file du parti Les Républicains de l‘ex-président Nicolas Sarkozy à l‘Assemblée nationale, a également soutenu les manifestations, disant comprendre le « ras-le-bol » et le « désespoir » de la police.

Le dirigeant de l‘UDI, Philippe Vigier, a ajouté que la société « se trouvait au bord de l‘embrasement ».

Les dirigeants du Front national multiplient depuis deux jours les décalrations de « total soutien » au manifestants et demandent également la démission du chef de la police Falcone.

Le soutien au FN a fortement augmenté dans la police comme dans l‘armée au cours des deux dernières années. Selon un sondage de l‘institut de recherche de Sciences Po, Cevipof, les intentions de vote FN étaient de 51,5 pour cent lors de élections régionales de 2015, en hausse de 30 pour cent depuis 2012, et 57 pour cent en 2016.

Le syndicat de police Unité-Police SGP-FO a appelé à manifester le 26 octobre pour une « marche de la colère policière et citoyenne ».

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