Le PS et les dirigeants guyanais tentent d'étrangler la grève générale

Alors que le gouvernement Hollande cherche à déplacer l’atmosphère vers la droite avec l'hystérie sécuritaire, avec le soutien de tous les candidats à la présidentielle, le collectif « Pou La Gwiyanne dékolé » annonce la fin imminente de la grève générale. 

Davy Rimane, porte-parole du collectif « Pou La Gwiyann dékolé » et secrétaire général de l’Union des travailleurs guyanais (UTG) à EDF Guyane, a indiqué : « Nous sommes à l’orée de la signature possible d’un accord entre l’Etat, le collectif et les élus. Nous avons fait quelques modifications sur leur contre-proposition, que nous avons renvoyées au gouvernement et à nos élus ». 

Rimane a affirmé que l'appel de ce jeudi à «une journée ville morte » est un «dernier uppercut» ou dernier «tour de clé» pour «marquer le coup et clôturer cette phase». Un meeting est prévu à 20 heures, «point d'orgue» pour informer la population. Selon Le Monde, l’Etat s’engage à ce que les 2,1 milliards d’euros de mesures supplémentaires revendiqués par les élus et le collectif – en sus du plan d’urgence de 1,085 milliard annoncé le 1er avril.

En dépit de concessions partielles accordées, il n'y aucune garantie que les investissements annoncés comme dans la santé et l'école seront respectés par le futur gouvernement. Le collectif « Pou La Gwiyann dékolé » et l'UGT cherchent depuis la semaine dernière à démobiliser l'opposition des travailleurs en Guyane contre la politique impopulaire du gouvernement Hollande. 

Le mois de grève générale en Guyane fut lancé à la suite de la mobilisation des travailleurs guyanais en dehors des syndicats contre la vie chère et les bas salaires. Le collectif Pou La Gwiyanne dékolé et l’CTG ont appelé à une grève générale pour tenter de reprendre le contrôle du mouvement.

A présent, la situation n Guyane est critique, et les travailleurs guyanais ont besoin du soutien d'une lutte plus large des travailleurs. Le port de Cayenne où transitent 90 à 95 pour cent des importations et exportations de la Guyane, le territoire souffre d’une pénurie dans les commerces, notamment de produits frais, et de difficultés d’approvisionnement de médicaments et de matériel médical. Les services administratifs sont fermés et les liaisons aériennes aléatoires.

Alors que la Guyane connaissait son plus important mouvement de contestation social donnant lieu le 4 avril à un rassemblement de 11.000 personnes après le refus du gouvernement de négocier le projet du collectif, ces derniers ont prit la décision assouplir barrages les filtrants. Des divisions apparaissaient entre les nombreux acteurs de la plate-forme de revendications sur la continuité du mouvement. Davy Rimane jouait sur les pressions financières qui s'exerçaient sur les grévistes pour préparer la fin de la grève : « Mais on sait que pour certains compatriotes, c’est compliqué. Nous discutons entre tous les collectifs, on verra si ça évolue ou pas. Ce mardi, c’est reconduit, après on verra. Nous attendons des précisions sur les accords signés qui ne sont pas encore validés. ».

Face à l'opposition des travailleurs guyanais envers le gouvernement Hollande, le collectif « Pou La Gwiyanne dékolé » s'est empressé de relancer un protocole d'accord au gouvernement pour l'aider à faciliter l'imposition de l'arrêt de la grève générale en début de semaine.

 Afin d'éviter l'élargissement de la lutte des travailleurs en Guyane dans les DOM-TOM et en métropole, le gouvernement a pu compter sur le collectif, l'UGT et les syndicats en métropole pour isoler les travailleurs guyanais.

La stratégie de l'UTG participe à un large mouvement vers la droite de la classe politique française face à l'intensification de la crise internationale du capitalisme.

Après les frappes agressives et unilatérales de Trump contre la Syrie le 7 avril. Une opposition considérable à la guerre s'est développée en France et en Europe, notamment parmi les jeunes. Jean-Luc Mélenchon de La France Insoumise a pu bénéficier de ce sentiment pour monter dans les sondages et pour s'établir en tant que présidentiable potentiel. Cette déstabilisation de l'élection a provoqué une vague d'appréhension dans les médias français et internationaux.

L'élite dirigeante française tente de déplacer l'atmosphère vers la droite avec l'hystérie sécuritaire après l'arrestation de deux personnes présumées terroristes sur Marseille et surtout l'attentat sur les Champs-Elysées à Paris. Les médias ont lancé une propagande massive, exigeant que le danger du terrorisme islamiste soit au centre du débat électoral. 

En mettant fin à la grève générale, le collectif « Pou La Gwiyanne dékolé » et l'UGT participe à la droitisation du climat politique par la classe dirigeante dans toute la France pour éviter une intervention politique de la classe ouvrière en lutte pendant la présidentielle.

En dépit de concessions partielles accordées, il n'y aucune garantie que les investissements annoncés dans la santé et l'école seront respectés par le futur gouvernement. Le changement administratif de la Nouvelle Calédonie n'a rien apporté à la population tout comme la grève générale de 2009 en Guadeloupe dirigé par le LKP.

En revanche, l'augmentation des effectifs de police en Guyane à la demande du collectif sera respectée. Le renforcement de l'appareil policier sur la Guyane ne sera pas pour assurer la « sécurité » de la population mais comme en métropole la répression physique de l’opposition aux politiques sociales et aux attaques contre les droits démocratiques que mènera le futur gouvernement.

Loading