Parti de l’égalité socialiste

Une candidate du SGP aux élections allemandes parle lors d’une manifestation lycéenne contre les expulsions

« La seule façon d’empêcher la folie des déportations et de la guerre est un programme socialiste », a déclaré Marianne Arens, candidate du Parti de l’égalité socialiste (SGP) aux élections, lors d’une manifestation d’élèves dans la ville d’Offenbach la semaine dernière. Mardi, environ 500 lycéens, résidents et travailleurs d’Offenbach ont suivi l’appel à protester contre la déportation en Afghanistan des réfugiés.

Le rassemblement à l'extérieur de la mairie à Offenbach

La manifestation avait été organisée par deux étudiants du lycée professionnel August-Bebel après que des dizaines de leurs camarades de classe ont reçu des ordres de déportation en Afghanistan.

Soixante-dix jeunes à Offenbach sont actuellement menacés de déportation. Tous ont subi des expériences traumatisantes et ont perdu des parents proches, et tous ont fui en faisant un trajet dangereux avant d’arriver dans la ville. Maintenant, ils risquent une déportation imminente.

À mesure que la manifestation se rendait à la mairie d’Offenbach, plus de gens s’y sont joints. Les principaux mots d’ordre étaient « Aucune personne n’est interdite – le droit de séjour pour tous », et « Pas de frontières, pas de nations – Arrêtez les déportations ! »

Une partie de la protestation, Hibba Kauser (troisième de gauche) avec ses camarades de classe

Devant la mairie, Hibba Kauser, porte-parole du lycée, a déclaré : « Nous ne permettrons pas que les gens soient envoyés à leur mort. » Elle a expliqué qu’elle avait passé les premières années de sa vie dans un camp de réfugiés parce que ses parents venaient du Pakistan. La solidarité qu’ils ont apprise au cours de cette période était maintenant nécessaire pour protéger les camarades de classe et les amis. « Ces garçons sont nos amis, ils sont très proches de nous. » Tout le monde doit prendre position lorsque les gens sont envoyés vers une mort probable.

Le discours de Kauser a été suivi de ceux de deux réfugiés, qui ont souligné qu’ils n’avaient pas quitté leur patrie volontairement. « Il y a encore une guerre en Afghanistan aujourd’hui, et des gens sont tués », a déclaré l’un d’eux.

Julia Endres

Julia Endres, une camarade de classe de plusieurs élèves afghans concernés au lycée August-Bebel, avait aidé à organiser la manifestation. Elle a dit : « Beaucoup semblent oublier que nous sommes tous des êtres humains. Ils jugent selon les différences de couleur, de religion ou d’origine. Nous ne pouvons pas le permettre. » Elle a demandé non seulement de l’aide et de la protection, mais aussi l’intégration, l’inclusion et une bonne vie pour tous, sans la perturbation de la guerre.

D’autres contributions ont permis de préciser l’étendue des déportations prévues. Au lycée du bâtiment Philipp-Holzmann à Francfort, 27 des 250 élèves du lycée sont susceptibles d’être expulsés prochainement. Le pasteur de l’école, Hans-Christoph Stoodt, a déclaré que tous les lycées devraient se mettre en réseau afin de défendre immédiatement les personnes menacées de déportation.

Parmi les intervenants qui ont salué la marche, se trouvaient les candidats aux élections parlementaires Tuna Firat (Parti social-démocrate, SPD), Christine Buchholz (Parti de gauche) et Janine Wissler (également du Parti de gauche). Elles ont félicité les élèves pour leur action et ont fait des allocutions qui appelait à plus d'« humanité », mais n’ont fait aucune mention du fait que leurs propres partis, le SPD et le Parti de gauche, ont également mené des expulsions et ont soutenu la poussée officielle à la guerre.

Le SPD fait partie de la coalition fédérale au pouvoir, et le Parti de gauche gouverne dans plusieurs landers allemands (Thuringe, Berlin, Brandebourg), qui déportent les réfugiés aussi vigoureusement que ceux dirigés par les conservateurs.

Marianne Arens

L’intervenante suivante était Marianne Arens du Parti de l’égalité socialiste (SGP). Elle a souligné que les gens fuyaient une guerre en Afghanistan où l’Allemagne jouait un rôle actif : près d’un millier de soldats allemands sont dans le pays, tandis que le gouvernement américain envisage d’augmenter massivement son contingent de troupes. « Les impérialistes continuent à mener exactement les mêmes crimes de guerre qui forcent les gens à fuir ! Et puis ils les renvoient à cet enfer. »

Arens en a soulevé la responsabilité de « tous les parties, y compris le Parti de gauche ». Elle a souligné que la Thuringe, un État dirigé par un premier ministre du Parti de gauche, Bodo Ramelow, « prend la deuxième place derrière la Sarre, comparé à sa population, pour les expulsions, même plus que la Bavière. Tous les parties, la CDU, le SPD, les Verts, le FDP et le Parti de gauche sont responsables ! »

La raison, a expliqué Arens, « était qu’ils sont tous d’accord que l’Allemagne devrait être militarisée et acquérir une fois de plus le statut d’une grande puissance. Ils organisent des déportations parce que ce sont tous des partis du militarisme et du capitalisme allemands. Mais la population ne veut pas de guerre », a-t-elle poursuivi. Il fallait donc se tourner vers les politiciens bourgeois. Par contre : « Nous devons nous tourner vers la classe ouvrière internationale. C’est une force puissante. »

Quelques participants au rallye

La solidarité avec les réfugiés devait être combinée à une lutte commune contre le militarisme, le capitalisme et la guerre, a conclu Arens. À cette fin, un programme socialiste et un parti révolutionnaire sont nécessaires. « C’est le sens de la campagne électorale du Parti de l’égalité socialiste, affilié à la Quatrième Internationale. Cela montre également l’importance de notre site web, le World Socialist Web Site. »

La contribution a été bien reçue, et beaucoup ont applaudi. Plusieurs participants se sont entretenu avec le WSWS et ont expliqué pourquoi ils ont soutenu la manifestation.

Ramin

L’un d’eux est Ramin. En 2015, il est venu en Allemagne en provenance de l’Afghanistan à pied. « Nous avons marché à travers huit pays en 40 jours, et il y a eu des parties où nous avons nagé », a-t-il rapporté. « C’était terrible et vraiment difficile. Ce n’était pas facile et les personnes âgées n’auraient pas pu le supporter. Nous étions un groupe de 20 personnes d’Iran et de Turquie, mais trois sont mortes. L’un d’eux est mort dans mes bras. C’était terrible. »

« je suis venu en Allemagne avec de grands espoirs », a continué Ramin, « et maintenant je suis censé revenir en arrière. Pourquoi ? Il n’y a pas de zone sûre en Afghanistan. Les politiciens le savent mieux que nous. » Il a déclaré que de nombreux jeunes Afghans à Offenbach avaient reçu des ordres d’expulsion. « Cela nous enlève tout désire de travailler et d’apprendre. Pourquoi font-ils ça ? Les politiciens jouent avec nos vies – cela doit s’arrêter ! »

En Afghanistan, la situation s’aggravait jour après jour. « Les politiciens le savent très bien. Ils envoient des soldats de l’OTAN depuis 16 ans. Ils n’enverraient pas de soldats dans une zone sûre. « Lorsqu’on lui a demandé s’il savait que tous les partis, y compris le Parti de gauche, organisaient les déportations, il a répondu : « Oui, je le sais. Les partis travaillent ensemble. Ils envoient des personnes dans la zone de guerre, ce qui est totalement illégal. Au moment où les gens en Afghanistan sont tués de sans distinction. C’est l’enfer. »

Étudiants de l'école Leibniz à Offenbach

Un groupe d’élèves du lycée Leibniz d’Offenbach portait des pancartes avec le mot d’ordre « Rien n’est sûre en Afghanistan » et « Tout le monde est le bienvenu ici ».

« On nous a distribué des tracts au collège, c’est ainsi que nous avons appris qu’il y avait la manif », a déclaré une fille d’un groupe d’élèves de 13 ans. Son amie a ajouté : « Nous sommes ici parce que nous considérons qu’il est fondamentalement injuste d’expulser les gens. Le pays prétendument sûr, auquel ils vont, est en fait tout à fait dangereux. Il n’est tout simplement pas juste de les expulser. Ils sont scolarisés ici et se sont très bien intégrés ; lls sont un bonus pour l’Allemagne ! »

Melanie, une étudiante à l’université Goethe de Francfort, a déclaré : « Je suis ici parce que je suis heureuse que les élèves aient pris l’initiative de s’opposer aux déportations. » Un professeur de musique et un professeur de langues ont abondé dans le même sens et ont ajouté qu’ils ne voulaient pas que les victimes soient expulsées.

Edina

Des jeunes travailleurs ont également participé à la manifestation. Une travailleuse dans une garderie d’Offenbach a relié la manifestation contre les déportations aux problèmes sociaux et a déclaré qu’elle était très favorable à l’intégration, mais « nous avons d’urgence besoin de groupes de garderie plus petits et de personnel ! » Sonja, qui passait avec son enfant, a déclaré : « Tout d’abord, ils doivent mettre fin aux guerres et organiser l’économie de manière plus équitable. Et plus d’exportation d’armes ! Sinon, ils ne devraient pas être surpris lorsque les gens doivent partir de chez eux. »

Edina, philologue et traductrice originaire de Bosnie, avait été informée de la manifestation par son fils qui fréquente une école où un certain nombre d’enfants afghans sont menacés de déportation. « Je suis moi-même issue d’un milieu de réfugiés », a déclaré Edina. Elle a fui la Bosnie-Herzégovine il y a 25 ans. « Je suis très émue par la manifestation, cela me rappelle cette époque. Je sais exactement comment on se sent quand on entend « partez d’ici ! » et que vous ne savez pas où aller. Nous savons tous ce qui se passe en Afghanistan. »

(Article paru en anglais le 4 septembre 2017)

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