Un travailleur canadien de Fiat Chrysler: «Résistez, travailleurs, et exigez des réponses à vos questions!»

Les négociations reprennent dans la grève de CAMI pendant qu'Unifor continue d'isoler les travailleurs en lutte

Les négociations entre Unifor et General Motors ont repris mardi dans la grève de 2800 ouvriers de l’usine CAMI à Ingersoll en Ontario.

Les ouvriers de CAMI sont impliqués dans une lutte qui a des conséquences vitales pour les travailleurs de l’automobile à travers le Canada et mondialement, et mérite l’appui de tous les travailleurs. Mais Unifor isole la lutte, qui en est à sa quatrième semaine, et s'oppose à toute tentative d’étendre la grève.

Les travailleurs sont déterminés à augmenter considérablement leurs salaire et avantages sociaux après des années de concessions dans des conditions où GM et les entreprises de l’auto américaines empochent des milliards en profits.

Les négociations contractuelles sont menées dans le secret le plus total. Unifor n’a pas présenté ses demandes aux travailleurs pour qu'elles soient débattues et discutées, malgré que le syndicat affirme avoir fait des progrès importants. L’appel à la défense des emplois des travailleurs de CAMI est présenté en des termes nationalistes par la direction d’Unifor, dans l’esprit de la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain, opposant les travailleurs au Canada contre leurs frères et sœurs du Mexique.

Le Congrès du travail du Canada, fort de plusieurs millions de membres, n’est pas non plus intervenu pour défendre les grévistes, à part leur accorder un appui purement verbal.

Dans un signe de crise profonde, les représentants d’Unifor ont réagi avec hostilité, incluant l’usage d’intimidation physique, contre des journalistes de l'Autoworker Newsletter. Ceci comprend l’attaque contre un journaliste par un représentant d’Unifor pendant la grève du 6 octobre en face de l’usine à Ingersoll.

Des travailleurs de l’automobile contactés par l’Autoworker Newsletter ont dit appuyer les grévistes de CAMI et se sont opposés aux tentatives d’Unifor de censurer l’Autoworkers Newsletter.

Un travailleur qualifié d'expérience à Ford d'Oakville en Ontario a fait le commentaire suivant: «J’ai demandé à nos représentants syndicaux locaux quand nous irions appuyer les travailleurs de CAMI et ils m’ont répondu “ça n’arrivera pas”.

«Chez CAMI ils négocient, mais personne ne sait quoi. Ils vont attendre qu’ils soient forcés de retourner au travail et recevront une entente pourrie. Le syndicat tentera de l’imposer en monopolisant la parole.

«Il s’agit juste de s’occuper d’une usine à la fois. Y aller et se placer avec eux devant les piquets leur donne un encouragement moral. Mais on ne gagne pas de batailles en isolant des usines en grève.

«C’est un cercle vicieux. On n'a pas eu une vraie augmentation en 10 ans et il n’y a pas d'ajustement au coût de la vie. On travaille pour essentiellement les mêmes salaires qu’on avait vers la fin des années 1970. Ils n’embauchent personne, au lieu de ça, ils forcent les gens à faire des heures supplémentaires.

Critiquant la direction de Ford, le travailleur d'expérience de Ford a dit: «C’est une clique là bas. Si tu ne cadres pas avec la clique, tu ne rentreras pas. Ils refont l’élection ici au local 707 à Oakville à cause de fraude. Il y avait des trucs comme des retraités, décédés, qui avaient voté. Beaucoup de choses se passaient.»

Faisant référence à l’attaque contre le WSWS il a dit, «Je lis tous vos articles. Je ne suis pas totalement socialiste, mais je crois en la démocratie.»

Un autre travailleur vétéran de l’usine Ford à Oakville a envoyé un message à l'Autoworker Newsletter. Il a écrit, en partie, «Le WSWS a été en première ligne brandissant le drapeau des travailleurs de l’automobile du début de cette ronde de négociations. Il est un pilier de vérité et de force.

«Je dénonce la violence sous toutes ses formes n’importe où. C’est une conséquence malheureuse de l’ignorance. Traitez les autres de la façon dont vous voudriez être traités. En tant que travailleurs dans un monde en transformation, il est impératif que nous nous présentions en tant que groupe qui mérite mieux. Si nous le faisons, je suis certain que notre lutte ne sera pas ignorée. Nous comporter de façon respectueuse attirera plus d’attention à notre cause, nous demandons simplement d’être respectés.»

Un travailleur expérimenté de l’usine de camionnettes de Chrysler à Windsor a ajouté: «En tant qu’ancien syndicaliste, je connais très bien la pratique qui consiste à garder le silence autour des “négociations”. Unifor ne permettra pas de discussion importante parmi les travailleurs et imposera l’entente conclue par la section administrative du syndicat avec l’entreprise. Le processus de ratification est une travestie de toutes les règles et l’intimidation continue sans cesse comme le sait votre journaliste.

«Le vote de la convention collective se déroule au début de la période de questions. Tant de membres n'ont pas l'occasion d'entendre la moindre question. Ils n'entendent que la version syndicale qui dit à quel point cette entente est fantastique pour tout le monde.

«Fantastique en effet, si on considère une période transitoire de 10 ans pour les nouvelles embauches, et peut-être zéro avantage à la retraite. Pourquoi pas un régime à cotisations déterminées pour un nouvel employé pendant que moi je peux encore profiter de mon régime à prestations définies, du moins pour l’instant?

«Le syndicat est incapable de lutter. Même les représentants rebelles se conforment au message inoffensif fourni par les propagandistes qui trollent les membres sur Facebook, Twitter et d’autres médias sociaux pour garder le contrôle des dissidents.

«Le président d’Unifor et ses assistants ont endommagé l’intégrité de ce qu’un syndicat devrait être. Je pourrais retourner sept ans en arrière quand GM a fermé l’usine de transmission à Windsor. Les syndicats locaux à Windsor et St-Catherines étaient opposés les uns contre les autres par l’entreprise, et le slogan syndical, “Riposter fait une différence”, n’a rien changé.

«J’espère que les travailleurs de CAMI auront un meilleur résultat que ce que nous avons à Windsor. J’appuie tous les travailleurs et je veux saluer Mme Cathy Austin qui est intervenue pour protéger les droits démocratiques des journalistes du WSWS. Restez forts, travailleurs, et exigez des réponses à vos questions. Exigez qu'ils vous rendent des comptes, jetez-les dehors s'ils ne font pas le travail. Votre lutte est aussi notre lutte.»

Un travailleur qualifié employé par un sous-traitant a dit à l'Autoworker Newsletter, «En tant que mécanicien qui a travaillé dans différentes usines de l’industrie, c’est encourageant de voir une lutte menée par les travailleurs de CAMI Ingersoll contre les attaques de l’entreprise sur leurs salaires et conditions de travail. Par contre, cette lutte peut seulement être couronnée de succès si les ouvriers de CAMI rompent avec la direction syndicale corrompue et forment leurs propres organisations indépendantes pour avancer la lutte.

«À travers mes placements de travail, j’ai été témoin des résultats des “partenariats” entre syndicats et entreprises: deux et trois niveaux de salaires, des semaines de six jours, des augmentations du rythme de travail et l’abandon des mesures de sécurité de base. Ceci a entraîné d’innombrables blessures, difficultés pour la vie de famille, et d’incroyables difficultés financières – tout ceci pendant que les bureaucrates syndicaux profitent de salaires à six chiffres et les entreprises lancent des milliards de profits aux actionnaires. N’écoutez pas vos dirigeants syndicaux!

«Je suis d’accord avec la WSWS Autoworker Newsletter et je dénonce l’attaque de la semaine dernière contre leur journaliste. Les travailleurs de l’automobile américains, mexicains et internationaux ne sont pas vos ennemis, mais vos alliés les plus proches. C’est seulement en s’unissant avec eux contre la conspiration corporatiste-syndicale que vous pouvez gagner cette lutte.»

Un travailleur retraité de GM de 82 ans à Michigan qui a une connaissance intime des programmes corporatistes de gestion de la main-d’œuvre au centre du scandale de pots-de-vin dans le syndicat United Auto Workers a dit à l'Autoworker Newsletter qu’il appuyait les grévistes à CAMI. Défendant le WSWS, il a dit, «J’adore vos articles quotidiens parce que vous parlez de ce qui se passe vraiment. Vous publiez des nouvelles objectives et factuelles, et à mon avis, appuyés par ses données, plus que tous les autres médias réunis.»

(Article paru en anglais le 12 octobre 2017)

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