Perspectives

Août 14, août 17

Dans les dernières semaines de l'été, des dizaines de milliers de soldats, de l'Otan ou de Russe, participent à des exercices militaires rivaux. 103 ans après l'éruption de la Première Guerre mondiale en Europe en août 14, les prémisses se développent en 2017 dans de nombreux endroits pour l'éruption de conflits entre les principales puissances nucléaires.

Le porte-avions américain George H. W. Bush rejoint un groupe aéronaval britannique en Mer du nord pour l'exercise « Saxon Warrior ». En juillet, 25.000 soldats de l'Otan participaient à l'exercice « Saber Guardian » en Hongrie, en Roumanie, et en Bulgarie.

L'Otan organise davantage d'exercices à travers l'Europe de l'Est. Des milliers de soldats vont en Polognes et dans les Etats baltes, sur les frontières russes, et 2.000 soldats américains participent à l'exercice « Noble Partner » en Géorgie. C'est l'exercice américain le plus important dans ce pays depuis 2008, quand un assaut lancé par l'armée géorgienne avec le soutien de Washington contre des casques bleus russes dans le nord de la Géorgie a provoqué une brève guerre avec la Russie.

Entretemps, le débat continue à Washington sur l'opportunité d'armer le régime ultra-nationaliste ukrainien créé par le coup de février 2014 à Kiev, soutenu pas l'Otan. Washington a d'abord proposé de l'armer en 2015 avant d'abandonner cette politique, quand Berlin et Paris ont négocié une trêve à Minsk et souligné qu'une escalade pourrait provoquer une guerre totale avec la Russie.

Moscou organise ses propres exercices. Après les exercices navals dans la Mer balte avec des frégates chinoises, le Kremlin organise les Jeux internationaux des Armées avec les forces de pays dont la Chine, l'Iran, l'Egypte, l'Angola, l'Uzbekistan, le Venezuela, et le Zimbabwe. Moscou se prépare aussi pour l'exercice « Zapad » en Russie occidentale, en septembre, auquel jusqu'à 100.000 soldats pourraient participer, selon l'Otan.

L'étendue sans précédent de ces exercices, les plus vastes depuis la fin de la Guerre froide, est un avertissement politique. Après ses guerres au Moyen Orient, l'Otan concentre son attention à présent à nouveau sur l'Europe. Selon le New York Times, les armées de l'Otan font de « multiples » changements à leur stratégie et leurs équipements pour se préparer à des guerres avec des ennemis mieux armés. Les chars couleur sable du désert sont repeints en vert.

Derrière le dos des masses, de petites cabales politiques et militaires se préparent à des conflits aussi sanglants, voire même plus, que les guerres mondiales du 20e siècle. Le général John Healy (USA) a déclaré, « On va finalement vers un programme mondialement unifié d'exercices, pour que nous ... [soyons] tous au travail avec la même partition dans un exercice mondial. » A quoi cet exercice « mondial » – en Europe, en Corée, en Mer de Chine méridionale, au Moyen-Orient – prépare-t-il les armées de l'Otan ? « L'exercice mondial » prépare une guerre mondiale.

Un silence assourdissant règne dans les milieux dirigeants sur ce que serait une guerre mondiale. Mais une guerre où des bombes nucléaires explosaient au-dessus des villes d'Amérique du Nord, d'Europe et de Russie feraient des milliards de victimes. Et donc, alors que l'opposition des masses à la guerre et aux dépenses militaires monte en Amérique et en Europe, l'élite politico-médiatique récite sans fin des accusations infondées que Moscou a attaqué l'Ukraine ou piraté les élections présidentielles américaines, pour noyer la population dans une frénésie guerrière.

Les états-major avouent que ces exercices posent le risque de l'éruption, accidentelle ou non, d'une guerre. Mais les médias des pays de l'Otan, faisant flèche de tout bois, tournent même ce fait en accusations contre Moscou. Pour attaquer l'exercice Zapad, MSN.com écrit : « De nombreux officiers sont sur les dents, une erreur d'un soldat russe ou de l'Otan, qui verrait en un exercice un acte d'agression, pourrait rapidement provoquer une crise si un côté réagissait violemment. ... L'Otan évitera donc d'organiser des exercices près de la frontière russe pendant l'exercice russe. »

L'argument que Moscou est responsable du danger de guerre est imprégné d'hypocrisie impérialiste. La Russie organise des exercices sur son propre sol, alors que les Etats-Unis et les puissances impérialistes européennes envoient leurs troupes jusqu'aux frontières de la Russie.

Le danger d'escalade et de guerre proviennent de politiques menées par l'Otan, et surtout les Etats-Unis, sur plus d'un quart de siècle depuis la dissolution de l'Union soviétique par la bureaucratie stalinienne en 1991. Dans des guerres en Irak, en Yougoslavie, en Afghanistan, en Syrie, et au-delà, Washington a tenté d'établir son hégémonie sur le continent eurasiatique. Cela visait non seulement à bloquer l'émergence d'un rival qui dominerait l'Eurasie, mais aussi à dominer les ressources énergétiques et les voies commerciales dont dépendant ses « alliés » en Europe et en Asie.

L'escalade actuelle contre la Russie est le produit d'une série de défaites dévastatrices dans ces guerres. Les milices islamistes de Washington craignent une défaite imminente dans la guerre incitée par l'Otan contre le régime prorusse en Syrie, et le régime ukrainien a perdu le contrôle de l'est russophone du pays et de la base navale russe à Sévastopol, en Crimée. Sur fond de tensions croissantes entre l'Europe et l'Amérique, ceci encourage les puissances européennes, et surtout l'Allemagne, à poursuivre une politique étrangère et militaire indépendante, donc potentiellement hostile, vis-à-vis Washington.

Washington réagit en tentant à la fois de renforcer sa position contre la Russie et de diviser l'Europe en se faisant des alliés, notamment en Europe de l'Est, contre la Russie. Les conflits euro-américains proviennent non pas de la personnalité ignare de Trump, mais d'un conflit objectif entre l'impérialisme américain européen. En juillet, c'était non pas Trump mais le Congrès américain qui a imposé des sanctions menaçant non seulement les exportations de gaz russe vers l'Europe, mais aussi les sociétés d'Europe de l'ouest qui y participent, d'être pénalisés financièrement. Ceci a provoqué des objections colériques de Berlin, ainsi que d'autres « alliés » des Etats-Unis.

La politique du Kremlin, qui part du nationalisme russe de l'oligarchie capitaliste post-soviétique, est incapable de stopper le cours des impérialistes vers la guerre. Incapable et de faire appel aux sentiments anti-guerre de la classe ouvrière internationale, qu'il craint, le Kremlin incite plutôt des forces de droite et des tensions ethniques à l'intérieur de la Russie. Il oscille entre risquer une confrontation militaire ouverte avec les impérialistes et des capitulations pour essayer de trouver un accord, comme dans le vote récent des sanctions à l'ONU contre la Corée du Nord.

Comme leurs ancêtres politiques il y a un siècle, les gouvernements capitalistes rivaux mettent en marche un engrenage qui mène à la guerre mondiale ; cette fois, cependant, cela impliquerait l'usage d'armes nucléaires qui pouraient détruire la planète. Seule une intervention politiquement consciente de la classe ouvrière peut stopper la course vers la guerre. Le principal danger est que les masses ne sont pas entièrement conscientes des risques que posent cette situation explosive.

C'est sous ces conditions que Google censure des sites Web de gauche, marxistes, et anti-guerre, et notamment le World Socialist Web Site, et enlève les articles du WSWS des résultats de recherches sur la guerre. Et c'est pour cela que le WSWS souligne l'urgence de constuire un mouvement anti-guerre international dans la classe ouvrière sur une perspective anti-capitaliste et anti-impérialiste, et demande à ses lecteurs de diffuser largement ses écrits contre la censure et la guerre.

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