Trump et ses collaborateurs défendent le renvoi du directeur du FBI, les contradictions s’accentuent

La Maison-Blanche de Trump s’est embourbée plus profondément dans la crise politique jeudi, alors que le président Trump et ses principaux conseillers donnaient des explications contradictoires sur la façon dont Trump avait congédié le directeur du FBI, James Comey, et les responsables du FBI et du ministère de la Justice contredisaient catégoriquement la version des événements donnée par la Maison Blanche.

Alors que l’administration Trump se précipitait pour défendre la décision de licencier Comey, les démocrates ont saisi les licenciements pour intensifier leur campagne contre Trump, axée non sur sa politique sociale et économique de droite, mais sur des critiques l’accusant de ne pas être assez agressif contre la Russie.

Le point focal du jour a été l’entretien de Trump avec Lester Holt de NBC News, mené à la Maison Blanche et dont des extraits ont été rediffusés dans les journaux télévisés tout l’après-midi et le soir. Trump a dénigré Comey, le qualifiant de « frimeur » et « crâneur », un étrange langage venant de l’ancien animateur de Celebrity Apprentice.

Le plus remarquable fut la description par Trump de ce qu’il a présenté comme trois conversations distinctes avec Comey où le directeur du FBI a rassuré Trump qu’il n’était pas personnellement une cible de l’enquête du FBI sur une possible collusion entre la campagne présidentielle de Trump et les agences de renseignement russes.

Trump a affirmé que la première de ces conversations a eu lieu pendant le dîner à la Maison-Blanche, où, selon lui, Comey avait demandé de faire pression sur son dossier pour être retenu comme directeur du FBI dans la nouvelle administration. (Le directeur du FBI a un mandat fixe de dix ans, mais peut être retiré au bon vouloir du président).

Au cours de cette réunion, Trump dit qu’il a demandé s’il était personnellement une cible de l’enquête du FBI sur l’intervention attribuée à la Russie dans les élections américaines de 2016, et Comey l’a assuré qu’il ne l’était pas. Des responsables du FBI, parlant à la presse anonymement, ont nié cette version, soulignant que transmettre de telles informations à une personne impliquée dans une enquête violerait des protocoles bien établis.

L’échange telle que le décrit Trump est extraordinaire : le président en tant qu’employeur s’entretenait avec Comey comme un employé potentiel, demandant à être rassuré que Comey dans son rôle de policier ne conduisait pas une enquête sur lui. La contrepartie implicite est évidente : vous ne me ciblez pas et j’accepte de vous maintenir en tant que directeur du FBI.

Les allégations d’une intervention russe dans les élections américaines de 2016 sont à la fois complètement infondées et politiquement motivées. Mais les efforts de Trump pour influencer ou supprimer l’enquête du FBI pourraient devenir une base pour des accusations menant à sa destitution.

Dans son entretien avec NBC, Trump a déployé un nouveau récit sur quand et comment il a décidé de virer Comey, la troisième ou la quatrième version des événements menant à l’annonce surprise de mardi que le directeur du FBI avait été limogé.

Contredisant les récits de son propre porte-parole, Sarah Huckabee Sanders, Trump a déclaré qu’il avait déjà décidé de licencier Comey lorsqu’il a rencontré lundi le procureur général Jeff Sessions et le sous-procureur général Rod Rosenstein et a demandé ce qu’il recommandait. Indépendamment de leur réponse, « j’allais virer Comey », a-t-il insisté.

Huckabee Sanders a déjà donné des comptes rendus contradictoires sur les événements menant au renvoi de Comey, après que Rosenstein aurait menacé de démissionner si la Maison Blanche ne retirait pas sa première version, qui a rendu Rosenstein entièrement responsable du licenciement de Comey qui suggérait que Trump avait simplement agi sur les recommandations des responsables du ministère de la Justice.

Jeudi matin, le directeur intérimaire du FBI, Andrew McCabe, a comparu devant une audition du Comité du renseignement du Sénat aux côtés d’autres hauts responsables américains du renseignement, pour un examen prolongé des menaces supposées pour la sécurité nationale des États-Unis. On lui a posé des questions sur les allégations des assistants de la Maison Blanche selon lesquelles Comey avait perdu la confiance des agents de base du FBI, et ce qu’il a catégoriquement nié. Il a félicité Comey grandement et a promis que le FBI poursuivrait son enquête sur l’intervention présumée de la Russie aux élections américaines.

L’audience du Sénat est devenue une occasion pour les sénateurs démocrates et républicains de dénoncer la Russie. Promu par le sénateur Mark Warner, le député démocrate au comité de plus haut rang, le Directeur du renseignement national, Dan Coats a mis en garde contre les « ingérences russes » aux États-Unis et dans toute l’Europe. « Les Russes ont intensifié leur action en utilisant les médias sociaux et d’autres opportunités », ce qu’il a qualifié de « grande menace pour notre processus démocratique ».

Mercredi, Rosenstein et Sessions devaient avoir quatre entretiens avec des choix possibles pour diriger le FBI en tant que directeur provisoire, en plus de McCabe. Tous les quatre sont des fonctionnaires établis du FBI, bien que l’un soit actuellement le chef du contre-espionnage pour le directeur du renseignement national. Être un directeur provisoire ne requiert pas la confirmation du Sénat, mais serait limité à six mois de service, en attendant la sélection et la confirmation d’un remplaçant permanent de Comey.

Les audiences sur la nomination d’un nouveau directeur du FBI deviendront sans aucun doute l’occasion de faire encore des demandes de la part de démocrates du Sénat pour qu’un avocat indépendant soit nommé pour superviser l’enquête sur les accusations d’ingérence russe lors des élections américaines. Warner, qui s’était déjà opposé à un tel mouvement, a déclaré que le Sénat refuserait de confirmer un nouveau directeur du FBI jusqu’à ce que Trump soit d’accord avec la nomination d’un avocat indépendant.

Le Comité du renseignement du Sénat a demandé au Réseau du ministère du Trésor chargé des crimes financiers des renseignements sur Trump et sur certains de ses partisans concernant l’enquête russe. La demande a été cosignée par Warner et le président républicain du comité, le sénateur Richard Burr, de Caroline du Nord. Et les deux ont invité Comey à comparaître à une séance secrète du comité mardi prochain, dans sa première occasion de se pencher sur son licenciement devant une instance officielle, mais à huis clos.

Autre brèche dans le mur du soutien total à Trump, ouverte par la direction républicaine du Congrès, le chef de la majorité du Sénat, Mitch McConnell, a accédé jeudi à la demande des démocrates que le procureur général adjoint Rosenstein soit invité à informer tous les 100 sénateurs sur le renvoi de Comey a une session à huis clos la semaine prochaine. Rosenstein n’a pas encore répondu à l’invitation.

Un autre dirigeant républicain, le président du Comité de surveillance du gouvernement de la Chambre, Jason Chaffetz, a demandé à l’inspecteur général du Département de la justice d’examiner les circonstances entourant la décision de Trump de licencier Comey, en envoyant une lettre à l’inspecteur général Michael Horowitz, qui enquête déjà sur le traitement par Comey de l’enquête sur l’utilisation par Hillary Clinton d’un serveur de messagerie privé quand elle était secrétaire d’État.

(Article paru en anglais le 12 mai 2017)

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