La maire de Calais interdit la distribution des repas aux migrants

Dans une action inhumaine, la maire de Calais Natacha Bouchart, étiquetée Les Républicains (LR), a signé, jeudi 2 mars, un arrêté visant à interdire la distribution des repas aux migrants.

Après le démantèlement brutal par la police du campement dit « la Jungle », aux ordres du gouvernement PS de François Hollande en octobre dernier, et la dispersion à travers la France de quelque 6.000 réfugies voulant passer en Grande-Bretagne, 700 au moins vivent toujours aux alentours de Calais, dans des conditions déplorables. Plusieurs nouveaux migrants arrivent tous les jours à Calais, la plupart du Moyen-Orient, de l'Afrique et du sous-continent indien.

85.000 personne ont demandé asile en France en 2016 majoritairement en provenance du Soudan, de l'Afghanistan, de Haiti, et de l'Albanie dont presque deux tiers des demandes ont été rejetées. Le nombre effectif de sans papiers est certainement plus important.

Lors de la visite à Calais du ministre de l'Intérieur PS Bruno Le Roux mercredi, Bouchart a déclaré vouloir empêcher la formation d'un « appel d'air » et aussi éviter que de nouveaux « points de fixation » ne se reforment à Calais. Le Roux s'est dit d'accord sur ce point, et déterminé à s'«opposer fermement à tout ce qui fait fixation». Pour la forme, il a déclaré que «nous n'empêcherons pas la distribution de repas», ce qui n'a pas empêché Bouchart de signer son arrêté cruel le lendemain.

Bouchart s'est dit « personnellement opposée, même si c'est humainement difficile à dire », à tout dispositif humanitaire à Calais, qu'il s'agisse des repas ou des douches mises en place par le Secours catholique.

L'argumentaire juridique de l'arrêté municipal se fonde sur l'interdiction des regroupements dans un périmètre déterminé de la ville. Il «porte interdiction des occupations abusives, prolongées et répétées de la zone industrielle des Dunes» et affirme que la distribution des repas des migrants», est «de nature à troubler la tranquillité, la salubrité et la sécurité publiques».

Sarah Arrom, bénévole d'Utopia56, a rapporté que la police avait fait usage de gaz lacrymogènes jeudi pour empêcher des bénévoles de fournir le petit déjeuner à une trentaine d'adolescents : « Il n'y a jamais eu l'usage de gaz lacrymogènes avant quand nous essayions de distribuer des repas ».

Certains responsables associatifs ont déclaré qu'ils ne respecteraient pas l'ordre réactionnaire de Bouchart. « On distribue de la nourriture de jour comme de nuit depuis deux mois, et on continuera à le faire pour une simple raison: les gens ont faim », a expliqué Gaël Monzy, d'Utopia56.

Renke Meuwese, des associations Refugee Community Kitchen et Help Refugees, a dit aux médias que les cuisines préparaient environ 400 repas par jour, contre une cinquantaine le mois dernier.

Un responsable de Secours Catholique, Vincent de Coninck, se dit « stupéfait qu'un responsable politique puisse en arriver à interdire à des enfants de se laver et de se nourrir ».

Toutefois, les bénévoles de Calais sont impuissants pour arrêter l'escalade des attaques contre les droits démocratiques et les conditions humanitaires des réfugiés. Etroitement liés au milieu social petit-bourgeois des partis et des syndicats qui travaillent dans la périphérie du PS, ils ne peuvent pas et ne tentent pas de mobiliser la classe ouvrière pour une défense des droits des immigrés.

Face à l'escalade des attaques du PS et de LR contre les immigrés, les associations argumentent surtout que leur action facilite la défense de l'ordre public par les autorités policières et sanitaires.

Elles ont rappelé que les distributions alimentaires permettent d'«éviter des morts dans la rue», d'assurer « la sécurité des Calaisiens en évitant vols et éventuelles agressions» et de « repérer des problèmes médicaux, notamment des maladies infectieuses, susceptibles de se propager ». Elles soulignent aussi que «les associations font ce travail parce que l'Etat et les collectivités publiques ne respectent pas leurs propres obligations, en termes de lois et d'humanité».

Seule une mobilisation large et politiquement indépendante des travailleurs à travers l'Europe peut arrêter l'escalade des attaques contre les réfugiés et les immigrés.

Le 23 novembre, Pierre-Alain Mannoni, un enseignant-chercheur à l’université Nice Sophia Antipolis, avait été jugé pour avoir pris dans sa voiture trois jeunes Erythréennes blessées qu’il emmenait chez le docteur. Au tribunal de Nice le 4 janvier, le procureur a requis huit mois de prison avec sursis contre l'agriculteur Cédric Herrou, 37 ans, pour avoir aidé des migrants près de la frontière franco-italienne.

Ces actions des autorités font partie d’une stratégie plus large menée par tous les gouvernements de l’UE pour décourager les gens du Moyen-Orient et d’Afrique de fuir les guerres impérialistes qui ont dévasté leur pays depuis plus de 15 ans. Elles montrent que des attitudes d'extrême-droite, qui auraient caractérisé les positions du Front national, sont devenues monnaie courante dans la classe politique en France et en Europe.

Depuis longtemps, les partis politiques et les médias mènent campagne contre les migrants afin de pourrir l’atmosphère politique et diviser les travailleurs sur des bases ethniques et religieuses.

La CGT stalinienne avait rejoint la manifestation d’extrême droite du 5 septembre l'année dernière pour le démantèlement de la « Jungle ». Elle participe à la surenchère anti-immigré des candidats présidentiels français.

En fait, la CGT et ses alliés politiques, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et le Front de gauche (FdG), défendent les guerres impérialistes menées par procuration en Syrie et en Libye avec l’aide des forces islamistes, ainsi que la politique anti immigré du PS, qu'ils ont aidé à faire élire en 2012.

Loading