Deuxième journée de mobilisation contre la loi travail de Macron

Une dizaine de jours après la première manifestation organisée par la CGT et Solidaires, qui avait rassemblé environ 400 000 personnes selon les syndicats, une deuxième journée de mobilisation hier a rassemblé sensiblement le même nombre de manifestants.

Paris compte environ le même nombre de participants que le 12 septembre tout comme Bordeaux ou encore Marseille. Grenoble a rassemblé davantage, avec 2.000 personnes derrière les banderoles. Selon le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, « D'après les échos que l'on a, c'est le même niveau dans la rue que la semaine dernière, mais il y a beaucoup plus de débrayages dans les entreprises ».

Des correspondants du WSWS ont rejoint les cortèges à Paris et à Marseille. Les manifestants interviewés par le WSWS ont souligné leur hostilité non seulement à la destruction le Code du Travail, mais aussi envers la poussée vers la guerre et la dictature.

Les manifestants ont fait par de leur scepticisme à l’égard des grèves par roulements orchestrées par les syndicats, et des propositions de La France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon. Ils cherchaient comment lutter efficacement contre Macron, ce qui a provoqué de nombreuses discussions avec des correspondants du WSWS membres du Parti de l'égalité socialiste (PES).

Sur Marseille, les reporters du WSWS ont rencontré Sébastien, enseignant dans un lycée qui manifeste « contre cette continuité politique faite par Macron. ». Il attend que les gens « se rassemblent, débattent. Le but rêvé est que l’on arrive enfin à gagner une lutte, cela fait des dizaines d’années que l’on a pas gagné à cause d’un syndicalisme qui n’est pas assez politique ».

Sébastien était sceptique sur les grèves par roulement organisées par les syndicats : « je ne sais pas ce que cela va donner. On se bat sur des textes, des décrets qui étaient là il y a deux ans, dix ans. Il faut lutter pour des idées plus générales ».

A propos de la manifestation de Mélenchon samedi, Sébastien a critiqué la séparation des manifestations syndicales et des partis politiques, qu'il voulait unifier : « Je n’ai pas d’illusion sur la séparation des débats, cela ne donnera rien. Ce personnage (Mélenchon) est exactement ce que je déteste : l’égo surdimensionné. ».

Sur les menaces de guerre des Etats-Unis ccontre la Corée du Nord, Sébastien s'y est opposé, voyant le nationalisme se développer partout et affirmant « être pour la lutte des classes et contre la lutte des peuples. ».

Le WSWS a rencontré Arthur, Yann et Alicia, étudiants tous les trois en sociologie. Arthur « s’oppose au projet global d’attaques systématiques du gouvernement contre le modèle social avec ces ordonnances. »

Alicia a renchéri : « On n’a pas voté pour Macron, mais on est dans la poursuite des élections. On doit être dans la rue pour montrer que l’on est pas d’accord. Il doit se développer un mouvement collectif qui pense aux autres et pas seulement à soi, nous sommes tous attaqués. »

Sur l’appel à un boycott actif lancé par le PES lors du second tour des présidentielles entre Macron et la candidate frontiste Marine Le Pen, Alicia explique que « le souci est la dépendance des associations envers l’Etat. Du coup, ils ont appelé à voter Macron contre Marine Le Pen. Moi, cela m’énerve de ne pas pouvoir faire ce que je veux, ne pas avoir le choix dans les personnalités politiques que l’on nous propose. On a essayé de nous culpabiliser. »

Interrogé sur les différentes grèves isolés qui se prépare, Arthur estime que « c’est dommage que l’on arrive pas à la convergence des luttes. Tout le monde se fait attaquer, les cheminots, les routiers. On pourrait vraiment bloquer l’économie mais on ne peut pas le faire comme ça. Les syndicats nous prennent en otages ; c’est FO, la CGT qui décident. »

Sur l’alternative que Mélenchon prétend représenter, Alicia et Arthur n’ont aucune confiance en la France Insoumise : « le truc de la semaine dernière de faire démarrer la manifestation après qu’il ait dit bonjour aux manifestants, ce n’est que médiatique. Il veut peut-être ensuite, pourquoi pas, se présenter à la mairie, ce sont des trucs de pouvoir. Je ne pense pas que cela serve la lutte. Avant c’était l’humain d’abord, maintenant la France Insoumise mais on ne sait pas ce qu’il y a derrière ça. »

Arthur ajoute sur Mélenchon : « Il essaie de nous faire croire qu’en votant pour lui les choses iront mieux. Si demain il était élu président, je ne suis pas sûr qu’il donnerait des augmentations de salaire. Les patrons ne le laisseront pas faire. C’est une escroquerie, ce que nous propose Mélenchon. Il veut débaucher les gens du PS, il avait proposé à Hamon de devenir premier ministre s’il l’avait suivi. Qu’est ce que cela veut dire ?!».

Alicia a dit qu'elle cherchait une alternative au capitalisme : « On dit que le système capitaliste existe depuis longtemps mais il y a d’autres alternatives, c’est dur individuellement de ce dire comment faire mais c’est collectivement par la prise de conscience des gens que l’on peut y arriver. On n’est pas dans un État social ; les élites, la gauche et la droite ne s’intéressent pas aux difficultés des gens.»

Interrogé sur l’état d’urgence, Alicia a fait part de son angoisse de voir des militaires partout en France. Arthur a expliqué que « les mesures utilisées dans l’état d’urgence sont contre les gens et pas contre les terroristes. J’ai des amis qui sont dans des groupes autonomes et qui sont interdits de manifester avec l’état d’urgence. Pourtant, ce ne sont pas des terroristes. La loi qui est passée va instaurer l’état d’urgence en permanence. On n’arrive plus à réagir contre les attaques sur les travailleurs, sur les droits démocratiques. C’est inquiétant. »

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