Perspectives

Unir tous les travailleurs contre l’attaque sur les migrants ! Pour une politique socialiste de frontières ouvertes !

La décision de l’administration Trump de mettre fin au programme DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals – Action différée pour les arrivées d’enfants) marque une nouvelle étape dans l’attaque contre les travailleurs immigrés et les jeunes aux États-Unis et de par le monde. Près de 800 000 jeunes qui ont passé la plus grande partie de leur vie aux États-Unis, vont, dans six mois, être laissés à la merci de l’appareil de répression, de violence et d’expulsion appelé Immigration and Customs Enforcement (ICE – la police de l’immigration) et la Patrouille frontalière des États-Unis.

La fin du programme DACA n’est qu’une partie d’une campagne brutale de terreur et d’intimidation menée par l’administration Trump contre les immigrés et les réfugiés – y compris l’interdiction de voyage pour certains musulmans, les rafles et les déportations élargies, les plans pour construire un mur le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique et la grâce accordée à David Joe Arpaio, qui s’est réjoui de l’établissement de « camps de concentration » pour détenir des immigrés en Arizona.

La classe dirigeante américaine, qui mène des guerres dans le monde entier sous prétexte de défendre les « droits de l’Homme » et la « démocratie », ressuscite à l’intérieur de ses frontières des mesures qui rappellent les horreurs des années 1930 et la création de camps d’internement japonais aux États-Unis au cours de la Deuxième Guerre mondiale.

Ces mesures fascistes n’ont pas de soutien populaire. La révocation du DACA a déjà provoqué une colère et une révulsion répandue dans tout le pays. Les manifestations de masse qui ont suivi l’entrée en fonctions de Trump ont été motivées en partie par l’hostilité à son attaque chauvine contre les immigrés. Un sondage réalisé par Politico a révélé que 84 % des électeurs enregistrés comme démocrates et 69 % des républicains estiment que les bénéficiaires du DACA devraient être autorisés à rester dans le pays.

Cependant, il existe un vaste fossé entre la réaction des travailleurs et des jeunes, d’une part, et, de l’autre, les critiques cyniques et hypocrites de la décision de Trump venant de sections de l’establishment politique, des PDG de la Silicon Valley et, en particulier, du Parti démocrate. Si l’opposition à l’attaque de l’administration Trump contre les immigrés reste confinée au sein du Parti démocrate et de ses affiliés politiques, elle sera étranglée et supprimée.

Le prix de l’hypocrisie va à l’ancien président Barack Obama, qui a proclamé mercredi que la préservation du DACA, qu’il a introduit en 2012, était « une question de décence fondamentale ». Obama souhaiterait que tout le monde oublie que son administration a expulsé plus d’immigrés que toutes les autres dans l’histoire américaine, y compris des enfants qui fuient la guerre et la crise économique en Amérique centrale, ce qui lui a valu le surnom de Deporter-in-Chief.

Par ailleurs, le programme DACA n’est pas une solution à la crise qui touche les jeunes immigrés. Introduit dans le cadre d’une manœuvre pour doper le soutien aux démocrates avant les élections de 2012, il oblige les demandeurs à remettre aux autorités gouvernementales leur nom, leur adresse, leur pays d’origine, leurs antécédents personnels et un document signé qui avoue être illégalement dans le pays. Les personnes acceptées ne reçoivent aucun droit de citoyenneté, mais seulement une protection contre la déportation pendant deux ans. Le WSWS a averti à l’époque que, si les vents politiques devaient changer, cette information pourrait être facilement exploitée pour déclencher une vague de persécution, ce qui est précisément ce qui est sur le point d’arriver.

Les démocrates et certains républicains soulèvent la possibilité d’une action du Congrès pour « sauver » le programme DACA, éventuellement dans le cadre d’une mesure plus large de « réforme de l’immigration ». Un tel accord serait lié à une militarisation supplémentaire de la frontière, à des pouvoirs accrus pour l’État et à une répression encore plus onéreuse pour les travailleurs immigrés vivant aux États-Unis.

Tout ce cadre politique réactionnaire doit être rejeté ! La classe ouvrière, de toutes nationalités et ethnies, doit avancer sa propre solution indépendante à l’attaque contre les immigrés et à la crise du système capitaliste qui l’a produite.

Les actions de l’administration Trump font partie d’un phénomène mondial. L’aggravation de la crise économique et sociale, associée à un quart de siècle de guerre sans fin menée par les États-Unis, a provoqué la plus grande crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale.

Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, au cours de la dernière année, 4337 personnes sont mortes en Méditerranée, en fuyant les guerres au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, confrontées à des frontières fermées érigées dans la « Forteresse Europe ». L’agitation raciste de Trump a son parallèle en France, en Allemagne et dans d’autres pays européens, qui connaissent la montée des mouvements

d’extrême-droite et fascistes dont les prédécesseurs ont été responsables des pires atrocités du 20 siècle.

Tout comme dans les années trente et quarante, l’effort de monter les travailleurs les uns contre les autres en promouvant le poison nationaliste va de pair avec les attaques sur les programmes sociaux, l’immense croissance des inégalités sociales, la destruction des droits démocratiques et, surtout, la marche vers la guerre mondiale.

C’est la réponse de la classe dirigeante à la faillite historique du système des États-nations. La mondialisation de la vie économique, le développement de la technologie et l’essor de sociétés transnationales géantes ont créé un niveau d’intégration internationale sans précédent. Mais sous le capitalisme, l’économie mondiale reste piégée dans les limites de l’État-nation, l’instrument politique de la classe dirigeante et le terreau de la guerre et de la répression.

Contre le nationalisme de l’élite dirigeante, la classe ouvrière doit avancer une stratégie internationaliste et socialiste. Ce n’est qu’en s’unissant avec la classe ouvrière au niveau international que les travailleurs des États-Unis ou de tout autre pays peuvent lutter avec succès contre les sociétés capitalistes mobiles à l’échelle mondiale.

Le Parti de l’égalité socialiste rejette le mensonge méprisable selon lequel les travailleurs immigrés seraient responsables de l’augmentation du chômage, de la pauvreté et de la chute des salaires – tout cela est le produit de l’attaque menée par le grand patronat contre l’ensemble de la classe ouvrière. La politique raciste de l’extrême droite, ainsi que la politique d’identité du Parti démocrate, visent à diviser les travailleurs les uns contre les autres et à empêcher la colère et la frustration de se développer en un mouvement dirigé contre le système capitaliste.

Nous insistons pour que tous les travailleurs et les jeunes aient droit à une éducation publique et à des soins de santé de haute qualité, à une retraite garantie et à un travail décent. Les ressources nécessaires pour assurer ces droits doivent être obtenues par une redistribution massive des richesses et l’expropriation des sociétés et banques géantes qui exploitent et oppriment les travailleurs dans le monde entier.

Contrairement à la militarisation des frontières et à la persécution des immigrés, le PES défend les frontières ouvertes : le droit de tous les travailleurs de vivre dans le pays qu’ils choisissent, avec des droits civiques complets, y compris le droit de travailler et de voyager sans crainte de déportation ou de répression.

Le PES exhorte à la plus large mobilisation possible des travailleurs et des jeunes contre les agressions qui visent les immigrés, y compris des manifestations, les réunions, les mobilisations de quartier et les actions professionnelles pour prévenir les expulsions. Pour réussir, cependant, la défense des droits des immigrants doit être liée à la mobilisation politique de la classe ouvrière internationale contre la guerre, les inégalités et le système capitaliste.

(Article paru en anglais le 7 septembre 2017)

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