Les routiers appellent à la grève contre la réforme du Code du travail

Suite à la journée de manifestation nationale mardi contre les ordonnances de Macron visant à détruire le code du travail, les routiers rejoignent le mouvement en appelant à la grève. Cependant, le gouvernement Macron a affirmé nettement qu’il ne reculera pas sur les ordonnances qu'il a négociées avec les syndicats et le patronat. Il confirme que les décrets entreront en vigueur à la fin du mois de septembre.

Les ordonnances visent à augmenter la compétitivité des entreprises en leur donnant plus grande flexibilité pour licencier les travailleurs, modifier les contrats de travail, réduire les salaires, et attaquer les acquis sociaux.

Le mercredi, les syndicats CGT et FO des transports ont appelé à une grève reconductible à partir de 25 septembre pour demander le retrait de la réforme du Code du travail. Les fédérations des transports de la CFDT et la CFTC, qui avaient refusé de rejoindre la manifestation de la CGT le 12, ont appelé à une mobilisation le 18 septembre.

Jérôme Vérité, secrétaire général de la fédération CGT-Transports, a déclaré, "Bien évidemment" les dépôts de carburants seront une cible. "Ce sera une grève qui aura des conséquences très concrètes sur l'économie française" prévient-t-il. De son côté, Patrice Clos, de FO, a évoqué “ des "actions fortes et puissantes."

Dans un communiqué, la CFDT demande aux salariés de "faire entendre leur colère" contre le "typhon social" que provoqueraient les ordonnances dans les transports.

Entre temps, le gouvernement promet qu’il ne reculera pas d'un centimètre sur les ordonnances et insiste que les manifestations n'ont "pas vocation" à changer le contenu des ordonnances. Après la première journée de manifestations le 12, le Premier ministre Edouard Philippe a averti qu’il n’y aurait pas d’impact sur la politique de son gouvernement.

Philippe a dit, "la contestation, je la respecte, elle existe, elle est là, j’écoute". Pour autant, il a souligné qu'il n'avait aucune intention de céder sur ses mesures impopulaires : "Où est la démocratie si on conteste systématiquement la majorité parlementaire ?"

En fait, c'est le gouvernement qui foule la démocratie aux pieds. Après l'abstention record aux second tour des législatives, le gouvernement Macron a été élu en fait par une minorité des Français. A présent qu'il tente de détruire les acquis sociaux des travailleurs, 68 pour cent des Français s’opposent aux ordonnances et la population soutient à 55 pour cent des grèves contre cette politique, tandis que la cote de popularité de Macron s'établit à 30 pourcent.

L'intransigeance de Philippe démontre que les travailleurs ne pourront pas mener une lutte victorieuse sous la direction des appareils syndicaux. Ceux-ci ont négocié les ordonnances avec Macron et ne mèneront pas de lutte sérieuse contre elles. Les appareils syndicaux et de leurs alliés politiques petit-bourgeois de pseudo-gauche, dont la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon et le Nouveau parti anti-capitaliste (NPA), sont hostiles à la mobilisation révolutionnaire des travailleurs qui seule peut stopper l'offensive austérité de Macron et de l'Union européenne.

A présent, Macron compte utiliser toutes les mesures répressives de l'état d'urgence si nécessaire contre les travailleurs afin d'imposer ses ordonnances.

Il faut tirer les leçons politiques des luttes passées contre l'austérité sous les gouvernements précédents. Même quand les routiers et les travailleurs des raffineries se sont mobilisés dans de puissantes grèves en 2010 et en 2016, les appareils syndicaux les ont isolés, et les gouvernements gaulliste puis PS ont envoyé des CRS réquisitionner les travailleurs et casser les grèves.

En 2016, après quatre ans d'inactivité totale alors que le gouvernement PS de François Hollande attaquait les travailleurs, les syndicats ont dû appeler des grèves pour éviter d'être débordés sur leur gauche par les travailleurs et les jeunes hostiles à la loi El Khomri. Mais le gouvernement PS avait réussir à passer la loi El Khomri en mobilisant l'appareil policier sous l’état d’urgence pour réprimer le mouvement.

Les actions menées par les appareils syndicaux et leurs alliés politiques visent simplement à éviter d'être débordés par la colère sociale qui monte rapidement parmi les travailleurs contre Macron. Les syndicats – des appareils petit-bourgeois que l’État et le patronat financement à la hauteur de 95 pour cent de leur budget annuel de 4 milliards d'euros – n'ont ni une marge de manœuvre ni un intérêt financier à mener une opposition aux attaques de Macron.

Les ordonnances de Macron, qui accordent aux syndicats le « chèque syndical » versé par les patrons ainsi que subventions pour « former » les syndicalistes, donnent un vaste rôle aux syndicats dans l'imposition de nouveaux contrats de travail qui dérogent au Code du Travail. C'est que le gouvernement comprend que les syndicats sont des instruments fiables contre les intérêts des travailleurs.

Suite à l’annonce de la grève des routiers, le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner a prévenu jeudi que, comme en 2010 et 2016, le gouvernement agirait vite pour débloquer les dépôts de carburant s'ils devaient être bloqués par la mobilisation des routiers.

"Le principe de la mobilisation est juste, par contre le principe du blocage de la France ne peut pas l'être", a déclaré Christophe Castaner sur France Info. "Et donc on ne peut pas imaginer que quelques dizaines, quelques centaines de personnes bloquent la circulation dans notre pays."

Sans préciser explicitement qu'il comptait mobiliser les forces de l’ordre, Castaner a souligné que le gouvernement agirait pour débloquer les dépôts de carburant, en affirmant que "ce sera nécessaire parce qu'on ne peut pas paralyser la France, on ne peut pas empêcher les gens d'aller travailler".

Le commentaire de Castaner est un avertissement pour les travailleurs qui entrent en lutte contre le gouvernement Macron sous l'état d’urgence, que Macron compte pérenniser en le faisant entrer dans le droit commun. Pour bloquer l'émergence d'un Etat policier imposant des reculs sociaux historiques aux travailleurs et à toute la population française, les travailleurs devront s'organiser indépendamment des syndicats et par opposition aux partis de pseudo-gauche proches du PS, qui a d'abord introduit la loi El Khomri l'année dernière.

Il s'agit de construire de nouvelles organisations de lutte qui prendront la place des coquilles vides des syndicats, et surtout une nouvelle avant-garde politique, qui pourra donner une direction politique à ces luttes et les unir aux luttes des travailleurs contre l'austérité et le militarisme à travers l'Europe. C'est la tâche que se donne le Parti de l'égalité socialiste, la section française du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI).

Le PES insiste que la confrontation avec Macron n'est pas une lutte syndicale, mais une lutte révolutionnaire et internationale pour le socialisme et pour la défense tous les droits sociaux que les travailleurs ont acquis au courant du 20e siècle à travers l'Europe, qui sont à présent menacés. Les alliés naturels des travailleurs en France dans cette lutte sont les travailleurs d'Europe et du monde, en lutte contre la guerre et la montée de l’État policier.

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