Une attaque dirigée par les États-Unis contre la Syrie est de plus en plus probable

La poussée des États-Unis pour mener une attaque contre le gouvernement d’Assad en Syrie a continué à se développer au cours des dernières 24 heures, avec des navires de guerre américains, français et britanniques déployés en Méditerranée orientale et des avions préparés pour des opérations sur différentes bases en Europe et au Moyen-Orient.

Les préparatifs militaires s’accompagnent d’efforts diplomatiques déployés par le gouvernement Trump pour persuader le gouvernement russe du président Vladimir Poutine de ne rien faire pendant que les puissances impérialistes infligent la mort et la destruction à son allié syrien. La Russie a déployé des milliers de soldats et d’importants moyens aériens et navals pour soutenir les forces d’Assad dans la guerre civile de sept ans contre les rebelles soutenus par les États-Unis et l’Europe, dont font partie des membres d’Al-Qaïda et d’autres milices islamistes.

Les préparatifs d’une attaque se poursuivent alors même que sa justification apparente – que les forces d’Assad auraient utilisé des armes chimiques interdites le week-end dernier dans la ville de Douma – a été révélée comme étant aussi peu crédible que les déclarations impérialistes de 2002-2003 selon lesquelles l’Irak avait « armes de destruction massive ».

Les équipes d’inspection russes n’ont trouvé aucun indice d’utilisation d’armes chimiques à Douma et la police militaire russe protège le site présumé de l’incident pour empêcher toute tentative des rebelles syriens de le contaminer. À l’initiative de la Russie, une équipe de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), basée aux Pays-Bas, devrait arriver en Syrie dimanche pour mener sa propre inspection.

L’absence de toute preuve d’une attaque chimique est telle, que le secrétaire américain à la défense Jim Mattis a refusé mercredi d’accuser le gouvernement Assad. « Nous sommes toujours en train d’évaluer les renseignements, nous-mêmes et nos alliés. Nous travaillons toujours là-dessus », a-t-il déclaré aux journalistes. Remarquablement, Mattis a fait cette déclaration quelques heures après que Trump a tweeté que les forces russes en Syrie devraient « se préparer », parce que les missiles seraient lancés, « beaux, nouveaux et “intelligents” ».

Les commentaires prudents de Mattis n’ont pas empêché le président français Emmanuel Macron de déclarer hier à la télévision nationale que son gouvernement avait « la preuve que la semaine dernière, il y a 10 jours, des armes chimiques – au moins le chlore – étaient utilisées par le régime de Bachar al-Assad ». Le gouvernement français n’a rien fourni pour étayer ces affirmations.

Le manque de preuves n’a pas non plus empêché le cabinet ministériel du Premier ministre britannique Theresa May d’approuver la participation britannique à « l’action » contre la Syrie, au motif frauduleux qu’il était « hautement probable » que le gouvernement Assad ait utilisé des armes chimiques.

Le danger que des frappes américaines, françaises et britanniques sur la Syrie puissent conduire à des affrontements directs avec les forces russes ne peut être sous-estimé.

Des informations indiquent que l’armée syrienne a redéployé ses forces aériennes et d’autre matériel essentiel vers des installations habitées et défendues par les Russes, notamment la base navale de Tartous et à la base aérienne de Lattaquié. Entre 10 et 15 navires de guerre et sous-marins russes ont quitté le port et effectueraient des exercices de tir réel avant un affrontement potentiel avec les navires américains, français et britanniques convergeant vers la côte syrienne. Des avions de chasses russes et des chasseurs-bombardiers, certains armés de missiles anti-navires, patrouillent dans l’espace aérien syrien.

Le gouvernement Poutine et l’armée russe, qui ont déclaré publiquement qu’ils riposteraient si leurs forces étaient attaquées, sont impliqués dans des efforts apparemment effrénés pour convaincre l’administration Trump de reculer. Alexander Golts, un journaliste et un analyste militaire russe, a déclaré au New York Times : « En ce moment, on parle de la nécessité de la désescalade. Nous sommes pratiquement au bord de la guerre. »

Dans son dernier tweet sur ce face-à-face tendu, Trump a signalé que l’action des forces américaines n’est peut-être pas aussi imminente qu’il l’avait indiqué 24 heures plus tôt. Il a écrit hier matin : « Jamais dit quand une attaque contre la Syrie aurait lieu. Ce pourrait être très bientôt ou pas si tôt du tout ! »

Mattis a suivi le tweet de Trump en disant à la commission des forces armées du Congrès que toute décision sur l’action militaire devait prendre en compte « comment empêcher que cela ne dégénère ».

Le gouvernement Trump, cependant, est sous la pression intense de puissantes sections de l’establishment politique et médiatique américain pour mener à bien ses menaces contre la Syrie, quelles que soient les conséquences. Le vrai motif n’est pas de punir le gouvernement Assad. C’est d’affirmer l’influence américaine au Moyen-Orient, qui a été affaiblie par les actions russes et iraniennes qui ont contrecarré les intrigues des États-Unis pour un changement de régime en Syrie.

Plus fondamentalement, cela fait partie du conflit américain plus large avec la Russie, qui est maintenant formellement classée comme un « concurrent stratégique » de l’impérialisme américain.

La classe dirigeante américaine n’est pas prête à accepter que la Russie puisse se servir d’un vaste arsenal nucléaire pour défier la tentative américaine de maintenir sa domination économique et stratégique mondiale en déclin. En infligeant une grande humiliation à Poutine en Syrie, l’appareil de renseignement et l’armée américaine estiment que cela encouragera l’opposition à son gouvernement au sein de l’élite dirigeante russe.

En exerçant d’immenses pressions politiques, économiques et militaires sur la Russie, l’objectif est d’établir un régime conciliant à Moscou. L’attention totale des États-Unis se concentrerait alors sur l’affrontement avec la Chine, qui est considérée comme la principale « grande puissance » rivale de l’impérialisme américain.

La politique anti-russe sous-jacente, que le gouvernement Trump a été contraint de poursuivre à travers l’hystérie sur la prétendue « ingérence » lors de l’élection présidentielle de 2016, est clairement apparue lors des auditions de confirmation au Congrès du nouveau secrétaire d’État, Mike Pompeo.

Pompeo n’a laissé aucun doute sur le fait que le régime de Poutine est la cible principale de la crise militaire au Moyen-Orient. Parlant de la Syrie, de l’imposition de sanctions par l’administration Trump à la Russie et de l’expulsion des diplomates russes dans l’affaire Skripal en Grande-Bretagne, il a déclaré : « Vladimir Poutine n’a pas encore compris le message et nous devons continuer à travailler là-dessus […] Ce gouvernement a annoncé un examen de la posture nucléaire qui a mis la Russie en garde que nous allons renforcer notre force de dissuasion. »

Pompeo a poursuivi : « En Syrie, il y a quelques semaines, les Russes ont rencontré leur égal. Quelques centaines de Russes ont été tués. » Ceci est une vantardise effrayante au sujet d’une frappe aérienne américaine le mois dernier qui a visé et abattu du personnel militaire russe. Les États-Unis, a-t-il menacé, « doivent s’assurer que Vladimir Poutine ne réussisse pas ce qu’il croit être son but ultime ».

Si Trump devait reculer en Syrie, cela serait considéré dans les cercles dirigeants américains comme une capitulation abjecte devant Poutine et ne ferait qu’accélérer les efforts déjà avancés pour le démettre de ses fonctions de président.

La crainte de la classe dirigeante américaine, et de ses alliés français et britanniques, de la montée de l’agitation ouvrière et de la radicalisation politique croissante de la jeunesse est un autre facteur important de la crise en Syrie.

La guerre fournit un moyen de détourner le mécontentement social et fournit le prétexte pour intensifier les efforts pour persécuter la dissidence et l’opposition. Une relation directe existe entre la campagne pour la guerre et les mesures rapides visant à imposer une censure généralisée des opinions d’opposition sur Internet, notamment celle des publications telles que le World Socialist Web Site et des sites de médias sociaux tels que Facebook.

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