Il y a 100 ans : le nouveau gouvernement allemand propose un armistice à Woodrow Wilson

Le prince Maximilien de Bade

Le 4 octobre 1018, dans sa première admission publique d’un effondrement prochain du Front Ouest, le nouveau gouvernement allemand dirigé par le Prince Max de Bade a télégraphié au président américain Woodrow Wilson une demande d’armistice et d’ouverture de négociations pour une fin de la Première guerre mondiale. Le principal allié de l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, a fait de même.

Ce revers diplomatique, après quatre années des combats les plus sanglants jamais vu dans l’histoire, est intervenu après la percée de la ligne Hindenburg par les Américains dans l’offensive Meuse-Argonne en France et la poussée par les britanniques en Flandres à la fin de septembre. Le général allemand Eric Ludendorff, le stratège en chef de l’armée allemande, s’est effondré sous le coup du stress au quartier général des forces allemandes dans la ville Belge de Spa le 28 septembre, lorsqu’il a appris que les troupes allemandes étaient en retraite partout. Ce jour-là, la Bulgarie, alliée de l’Allemagne, a demandé la paix aux Alliés.

Le 29 septembre, les britanniques ont eux aussi franchi la Ligne Hindenburg ; Ludendorff et son supérieur Hindenburg – qui avaient été de fait les dirigeants de l’Allemagne depuis 1914 – sont arrivés à la conclusion que la guerre ne pouvait pas être gagnée et que l’Allemagne devait demander un armistice avant qu’un désastre complet n’intervienne. Ludendorff en a informé le Kaiser.

Pensant pouvoir obtenir de meilleures conditions de la part de l’impérialisme américain, après la publication des 14 points pour la paix par le président Wilson en janvier, les généraux allemands ont décidé qu’une ouverture vers Wilson devait être faite le plus tôt possible.

Le ministre des affaires étrangères, Paul von Hintze, est arrivé au quartier général et a persuadé le haut commandement qu’il fallait aussi libéraliser le gouvernement – c’est-à-dire, que les sociaux-démocrates qui avaient soutenu la guerre devaient y entrer pour éviter une révolution en Allemagne. Des grèves avaient éclaté avec une plus grande fréquence et le Spartakusbund [Spartakistes] avait de plus en plus de membres et d’influence. Le 1ᵉʳ octobre, les spartakistes et d’autres radicaux de gauche ont organisés une conférence où ils se sont mis d’accord sur un programme révolutionnaire commun et où ils décidaient de lutter pour la formation de conseils d’ouvriers et de soldats partout.

Le chancelier conservateur Georg von Hertling a démissionné et a été remplacé par le Prince Maximilien de Bade, un membre de la famille du Kaiser, mais de tendance « libérale ». Les membres du Reichstag [Parlement] étonnés, qui avaient largement été maintenus dans l’ignorance, ont été informés de la véritable situation militaire le 2 octobre. Le 4 octobre, le Prince Max a formé un nouveau gouvernement qui comprenait le dirigeant social-démocrate Philipp Scheidemann, l’un des hommes qui allaient être responsables des meurtres des dirigeants révolutionnaires Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg seulement trois mois plus tard.

Sous la pression insistante du haut commandement, le Prince Max a envoyé un télégramme le même jour à Wilson pour demander la paix. Wilson n’a pas révélé le contenu du télégramme aux Britanniques et aux Français, et n’y a pas répondu avant le 8 octobre, quand il a demandé à ce que l’Allemagne abandonne tous les territoires occupés. Mais à ce moment-là l’offensive des Alliés avait commencé à ralentir, et le haut commandement avait décidé de continuer à se battre pour obtenir de meilleures conditions de paix.

(Article paru en anglais le 1ᵉʳ octobre 2018)

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