Obama soutient Ocasio-Cortez de DSA et les démocrates de la CIA

Au début du mois, Barack Obama a soutenu plusieurs centaines de candidats du Parti démocrate qui se présentaient aux élections de mi-mandat dans des États clés et au Congrès dans l'ensemble du pays. «Aujourd'hui, je suis fier d'appuyer… des candidats démocrates qui ne se présentent pas seulement contre quelque chose, mais pour quelque chose», a déclaré l'ancien président américain.

Le plus significatif sur le plan politique parmi les soutiens d'Obama a été celui donné à Alexandria Ocasio-Cortez, membre du parti Democratic Socialists of America qui se présente au Congrès à New York. En réponse à l'approbation d'Obama, Ocasio-Cortez a tweeté un courtois «Merci, [Barack Obama]. Il est temps que nous l’emportions en novembre. Aidez-nous à mettre sur pied les soins de santé, le logement, l'éducation et la justice pour tous.»

Cet appui d'Ocasio-Cortez à Obama, qu'elle n'a jamais critiqué, est aussi une déclaration de solidarité avec la politique de l'administration Obama. L'administration a supervisé le sauvetage de Wall Street et un transfert massif de richesses à l'élite économique et financière; une attaque contre les soins de santé présentée frauduleusement comme une réforme; la déportation de 3 millions d'immigrants, plus que tout autre président avant lui; et huit années de guerre ininterrompue, dont des assassinats par drone et le déploiement de l'appareil de renseignement et d'espionnage contre la population.

Le soutien d'Obama à Ocasio-Cortez confirme clairement, si une telle confirmation était encore nécessaire, que les DSA ne sont rien de plus qu'une filiale du Parti démocrate. C'est un instrument créé pour élargir la base électorale des démocrates afin de convaincre les jeunes qui, autrement, ne voteraient pas pour ce parti militariste de droite, qu'il est en train de se réorienter vers la gauche.

En plus d'Ocasio-Cortez, M. Obama a soutenu plusieurs candidats ayant une longue expérience au département d'État, dans l'armée et dans les services de renseignement américains. Parmi eux figurent Elissa Slotkin, une ancienne fonctionnaire de la CIA qui se présente aux élections du Congrès dans le 8e district du Michigan; Max Rose, un ancien chef de peloton de l'armée qui se présente pour le 11e district de New York, et Abigail Spanberger, une ancienne fonctionnaire de la CIA qui se présente pour le 7e district en Virginie.

Ces individus et d'autres, que le World Socialist Web Site a identifiés comme les «démocrates de la CIA», représentent le plus grand bloc de candidats présentés par le Parti démocrate lors des prochaines élections de mi-mandat. Si le Parti démocrate obtient le contrôle de la Chambre, ce groupe détiendra la balance du pouvoir au Congrès.

Depuis l'élection de Trump, les démocrates ont cherché à lui faire opposition sur la base la plus à droite possible. Ils se sont employés à détourner la haine de masse à l'égard des politiques anti-ouvrières, militaristes et anti-immigrés de l'administration pour la réorienter directement derrière la campagne anti-russe, y compris en exigeant une intervention militaire accrue au Moyen-Orient. À cela s'ajoute la promotion de la politique de l'identité raciale et de l'identité de genre, destinée aux couches privilégiées de la classe moyenne supérieure.

La politique des DSA, de Sanders et autres n'est pas en conflit avec ce programme de droite, mais plutôt en conformité avec lui. Le rôle de ces personnalités, comme Ocasio-Cortez et les autres, consistera à fournir une couverture politique aux politiques proguerre, proaustérité et antidémocratiques des démocrates de la CIA, tout en œuvrant pour renforcer la domination politique de Wall Street et de l’armée.

Depuis qu'elle a remporté l'investiture pour le 14e district électoral de New York en juin, Ocasio-Cortez a déjà sollicité des votes pour des candidats de droite, tout en envoyant un tweet de condoléances en août pour le décès du sénateur John McCain, un brutal militariste et criminel de guerre.

Outre Ocasio-Cortez, M. Obama a soutenu des «progressistes» comme Ayanna Pressley, candidate à un siège au Congrès dans le Massachusetts, ainsi que les campagnes du gouverneur Ben Jealous dans le Maryland et Andrew Gillum en Floride. Pressley a l’appui d’Ocasio-Cortez et d'autres groupes comme Justice Democrats and Democracy for America qui gravitent autour du Parti démocrate, tandis que Jalous et Gillum ont l’appui de l'aile Sanders du Parti démocrate et plusieurs organisations syndicales.

La nouvelle liste fait suite à l'approbation des candidats pour des postes d'État et fédéraux en août dernier, qu'il a qualifiés de «diversifiés, patriotiques et au grand cœur». En septembre, Obama a prononcé un discours sur le campus de l'Université de l'Illinois à Urbana-Champaign, dans lequel il a qualifié le président républicain Donald Trump et les républicains du Congrès de «radicaux» et «anormaux», et a exhorté les républicains à adopter une politique étrangère plus stricte à l'égard de la Russie.

La conclusion logique à tirer de sa récente liste de sélection est qu’Ocasio-Cortez, Pressley et ses autres recrues possèdent les qualités qui, selon Obama, font défaut chez Trump et les républicains. Au lendemain de l'élection présidentielle de 2016, Obama a qualifié le conflit entre les démocrates et les républicains de «conflit interne», où toutes les parties étaient dans la «même équipe». Même si leurs conflits tactiques sont aigus, cette évaluation est vraie. Les deux partis représentent l'élite patronale et financière.

Dans le cas des DSA, leur relation avec l'establishment du Parti démocrate n'atteint même pas le niveau d'un «conflit». Ils ne sont que le deuxième violon du Parti démocrate, appelés à jouer un rôle bien précis. Ou, pour utiliser une autre métaphore, ce sont des acteurs politiques, des carriéristes petits-bourgeois qui portent un masque de gauche, pour mieux tromper le public et détourner l'attention de ce qui se passe réellement.

Ceux qui pourraient être attirés par les DSA, pensant à tort qu'ils représentent une alternative socialiste, devraient tirer les conclusions nécessaires.

(Article paru en anglais le 8 octobre 2018)

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