Quatrième semaine de fermeture du gouvernement aux États-Unis

Les congés de maladie se multiplient et l'impact de la fermeture s'aggrave

L'impact de la plus longue fermeture gouvernementale de l'histoire des États-Unis continue de se faire sentir dans toute l'économie, alors que plus de 800.000 travailleurs fédéraux et plusieurs milliers d'autres sous-traitants gouvernementaux se démènent pour compenser les chèques de paie en moins.

Des cas de congés de maladie spontanés par les agents de contrôle de la Transportation Security Administration (TSA) ont entraîné cette fin de semaine la fermeture de terminaux et de postes de contrôle dans deux aéroports, l'aéroport international de Miami du vendredi au dimanche et l'aéroport Bush de Houston le dimanche.

Le taux de congés non prévus à l'horaire pour les employés de la TSA, qui comptent parmi les employés fédéraux les moins bien rémunérés, est en hausse partout au pays. Samedi, les responsables ont admis que près de huit pour cent des 51.000 employés de la TSA ne se sont pas présentés au travail. L'an dernier, à la même époque, le taux d'absentéisme n'était que de 3,2 %.

Dans la région de Washington, D.C., où vivent plus de 250.000 travailleurs fédéraux, une banque alimentaire a distribué plus de 13 tonnes de nourriture samedi à des employés du gouvernement et à des contractuels à cinq endroits. «Les gens ne peuvent pas survivre comme ça», a déclaré Lorette Legendre, une contractuelle de l'Administration des services généraux, à la radio publique nationale. «D’attendre ici par un temps de 0 degré pour aller chercher de la nourriture ? C'est ça, l'Amérique ? Quelque chose ne va pas ici.»

À New York, Keith Polite, agent contractuel au Musée national des Amérindiens, a pris la parole dimanche lors d'une conférence de presse. Il a expliqué qu'en tant qu'entrepreneur, il est peu probable qu'il reçoive des arriérés de salaire. La semaine dernière, il a été forcé d'utiliser tout son salaire de congé de maladie pour l'année juste pour obtenir un chèque de paie. Il a dit: «Pouvez-vous imaginer s'il y a une urgence en juin ou quelque chose comme ça ? Je n'aurai plus de temps en réserve. Si je dois rester à la maison, je ne serai pas payé.»

«Je le prends jour après jour, en mangeant des nouilles Ramen, vous savez, de la nourriture universitaire, en réduisant radicalement autant que je le peux», ajoute Polite. «Je ne sais vraiment pas ce que je vais faire si ça continue.»

Chaque jour, la fermeture se poursuit et les services gouvernementaux jugés «non essentiels» – y compris l'aide au logement et à la nutrition, les inspections de santé et de sécurité, les services fiscaux et la recherche scientifique – sont paralysés et touchent une plus grande partie de la population.

Par exemple, à la suite de la fermeture du ministère du Logement et de l'Urbanisme, les contrats conclus avec plus d'un millier de fournisseurs de logements n'ont pas été renouvelés à la fin de l'année. Le nombre de contrats expirés augmente par centaines chaque mois. En l'absence des contrats, les propriétaires peuvent abandonner le programme, laissant les bénéficiaires de l'aide au logement se débrouiller seuls. Les organismes sans but lucratif qui desservent les locataires âgés et à faible revenu qui demeurent dans le programme sont obligés de compter sur les réserves pour compenser les paiements fédéraux manqués.

Ellen Davidson, une avocate de la Legal Aid Society qui représente des locataires subventionnés par le gouvernement fédéral à New York, a expliqué dimanche: «Dieu nous garde qu'une fournaise s'éteigne, parce que ces bâtiments n'auront pas les fonds nécessaires pour se chauffer. En date d'hier, il y a plus de 3000 ménages de personnes âgées à New York aux prises avec ce problème. Et chaque jour il y en a de plus en plus.»

Au fur et à mesure que la fermeture se prolonge, les demandes d'intervention de la part des employés fédéraux en colère augmentent. «Les fonctionnaires rétrogradés en esclaves civils», «Manifestons» et «grève maintenant» sont typiques des commentaires qui apparaissent sur les pages Facebook parrainées par les syndicats, dont la fédération américaine des Employés du Gouvernement (AFGE) et l’Association nationale des contrôleurs aériens (NATCA).

La principale fonction des syndicats a été de maintenir les fonctionnaires isolés et démobilisés. Les syndicats refusent d'organiser des manifestations à grande échelle ou simplement des actions locales.

Au lieu de cela, l'AFGE considère que son rôle est de conseiller ses membres sur la façon de vivre dans la pauvreté. Il a récemment annoncé un partenariat avec une banque alimentaire nationale pour offrir un service de charité aux travailleurs non rémunérés.

Les syndicats ont également cherché à étouffer la voix des travailleurs du gouvernement. Un contrôleur de la circulation aérienne a déclaré aux WSWS que la NATCA avait informé les travailleurs qu'ils n'étaient pas autorisés à parler à la presse sans autorisation. Les sections locales de l'AFGE ont envoyé des courriels aux travailleurs participant à des rassemblements les exhortant à «se limiter à des commentaires personnels, pas politiques».

La tentative d'empêcher les travailleurs de formuler une réponse industrielle et politique indépendante à un lock-out et à un travail non rémunéré imposé par le gouvernement souligne la trahison des syndicats et leur rôle en tant qu'agences de l'élite corporative et de l'État. Leur service à la classe dirigeante en tant que police industrielle contre les travailleurs est lié à leur intégration dans le Parti démocrate.

L'événement de presse qui s'est tenu dimanche à New York en est un bon exemple. Trois membres du Congrès démocrate ont été rejoints par des bureaucrates du Syndicat international des employés de service (SEIU) et de l'AFGE, qui ont tous appelé les sénateurs républicains à forcer la main du président Trump et à mettre fin à la fermeture.

Ils sont pétrifiés, tout comme l'ensemble de l'establishment politique et du patronat, à l'idée que les travailleurs puissent prendre les choses en main. Ils savent très bien qu'une éruption de congés de maladie par les travailleurs de la TSA pourrait paralyser le trafic aérien dans tout le pays.

C'est pourquoi le président de la TSA, David Pekoske, a pris une mesure sans précédent vendredi en annonçant que les agents de contrôle qui s’étaient présentés au travail le 22 décembre, le lendemain du début de la fermeture, recevraient une journée de salaire et une prime de 500 $ pendant cette fermeture. Pekoske a cité les «pouvoirs uniques conférés par la loi à la TSA», la première fois que de tels «pouvoirs» ont été utilisés pendant une fermeture gouvernementale.

Vendredi, le Congrès a également approuvé la rémunération rétroactive des travailleurs fédéraux touchés par la fermeture, la première fois qu'une telle loi a été adoptée avant la réouverture du gouvernement. Toutefois, cette paie ne sera pas versée avant la fin de la fermeture.

Toutefois, ces mesures ne feront pas grand-chose pour atténuer la crise croissante de plus d'un million de travailleurs et de leurs familles directement touchés par la fermeture, sans parler des millions de personnes qui risquent de perdre des coupons alimentaires, des prestations alimentaires pour enfants, des subventions au logement et des services sociaux essentiels.

Seule la mobilisation massive et indépendante des travailleurs fédéraux, liée aux grèves imminentes des enseignants à Los Angeles, Denver et dans d'autres villes, la lutte des travailleurs de l'automobile contre les fermetures d'usines et autres luttes de la classe ouvrière, dirigée contre l'establishment politique tout entier et le système capitaliste qu'il défend, peut assurer les besoins fondamentaux des travailleurs.

(Article paru en anglais le 14 janvier 2019)

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