Des travailleurs mexicains des pièces d'automobile appuient la manifestation du 9 février à Detroit

Alors que la puissante grève des travailleurs mexicains des « maquiladoras » s'intensifie dans la ville frontalière de Matamoros, les travailleurs sur les piquets de grève ont lancé des appels à l'appui de la manifestation devant le siège de GM à Detroit le samedi 9 février à 14 heures, contre les suppressions d'emplois et les concessions, organisée par le Comité directeur de la Coalition des comités de base.

Griselda, dirigeante du comité de base de Fisher Dynamics, a fait la déclaration suivante:
« J'appuie l'appel à une grève générale au Canada, aux États-Unis et au Mexique pour mettre fin aux licenciements, aux abus et pour obtenir des salaires justes. Nous devons être unis. Il n'y a pas de frontières dans notre combat. Nous restons fermes sur ce point »

Lundi après-midi, une assemblée générale de travailleurs de plusieurs autres usines s'est rebellée contre leur Syndicat industriel des travailleurs de Maquiladora et des usines de montage (SITPME), et a appelé à une grève générale.

Mardi, en réponse à cet appel, des milliers de travailleurs de 22 maquiladoras se sont joints aux grèves sauvages et une douzaine d'autres usines ont discuté de nouveaux débrayages. Dans les supermarchés Smart et Chedraui, les travailleurs ont décidé de se joindre à la grève, exigeant des augmentations salariales de 20 % et une prime de 1700 dollars. Les travailleurs du commerce de détail des grandes chaînes Soriana et Walmart envisagent également de se joindre à la grève, ce qui fermerait des secteurs beaucoup plus vastes de l'économie de la ville. Au total, il y a au moins 35 entreprises en grève à Matamoros.

Griselda a exhorté les travailleurs américains et canadiens à lutter contre les suppressions d'emplois en mettant sur pied leurs propres comités de la base :

« On s'est organisés. Le syndicat ne nous a pas soutenus. Pour commencer cette grève, nous avons dû nous organiser à l'intérieur de l'usine dans chacune des trois équipes. Nous avons choisi deux ou trois personnes sur chaque chaîne de production et c'est ainsi que nous avons formé un comité de nos collègues de travail. Dans mon cas, trois d'entre nous ont été élus sur une chaîne et deux sur l'autre. Puis, les première, deuxième et troisième équipe ont formé un comité, nous sommes entrés pour négocier avec le directeur, nous n'avons pas eu de réponse favorable et c'est pourquoi nous avons débrayé. »

« Nous avons présenté une feuille avec nos revendications dont une augmentation de 20 %, une prime de 32 000 pesos (1700 dollars) et pas de représailles contre nos collègues. Nous avons parlé à la société pour obtenir nos revendications, et elle a accepté l'augmentation de 20%, mais pas la prime. Ils nous ont proposé 10 000 pesos. Et même si cela ne fait pas partie de notre contrat, nous voulons le bonus complet parce que tout est trop cher. Nous travaillons de longues heures et ne passons pas de temps avec notre famille et notre travail est de la meilleure qualité. Nous en avons besoin. »

« L'unité nous rend forts, alors nous avons demandé l'appui d'autres usines. Le syndicat dit maintenant qu'il nous soutient et nous a apporté de la nourriture, mais nous sommes déjà organisés indépendamment du syndicat. Nous devons démontrer que nous pouvons nous unir aux comités des autres usines parce que nous subissons tous les mêmes choses. »

Bernardo, un travailleur d'Inteva à Matamoros, a également appelé les travailleurs américains et canadiens à assister à la réunion du 9 février :

« Il faut être unis et décidés sur ce que on veut réaliser. On nous dit que les travailleurs ne sont rien sans les gens d'affaires, c'est ce qu'on a toujours cru. Mais ce qui s'est passé ici montre le revers de la médaille. Nous avons démontré que les gens d'affaires ne sont rien sans les travailleurs. La lutte n'a pas été facile, mais il faut endurer et démontrer qui nous sommes et que unis nous sommes plus forts. »

Le conseil qu’il donne aux travailleurs des États-Unis et du Canada: « Ne faites pas confiance aux syndicats. Une fois que vous commencez vos propres grèves, il n'y a pas de retour en arrière, alors vous devez demander l'appui de ceux qui ne sont pas mis en grève. Étudiez ce qui s'est passé ici à Matamoros. Si vous unissez les grèves aux États-Unis à celles d'autres parties du monde, le mouvement ouvrier se renforcera parce que nous fermerons la voie à l'élite patronale. »

Après deux semaines complètes de grèves sauvages de la part de 70 000 travailleurs au mépris du syndicat et des directions d’usines et une semaine de grève « légalement sanctionnée », 41 des 48 entreprises se sont pliées aux demandes des travailleurs pour une augmentation de 20 % et une prime de 1700 dollars.

Sept des usines en grève à l’origine le sont toujours et les travailleurs de plusieurs des usines ayant repris le travail après avoir obtenu gain de cause discutent actuellement d'une nouvelle grève pour annuler les plus de 600 licenciements coordonnés par les entreprises en représailles et utilisés comme manœuvre pour éviter de payer les primes promises. Dans certaines usines, les travailleurs réclament un contrôle démocratique de l'embauche et du licenciement.

Rosalinda, une travailleuse en grève de Kearfott, donne ces conseils à ses collègues de l'automobile au Nord :

« Les employeurs n'auront aucune intention de céder. Continuez votre lutte pour de meilleures conditions de travail et de vie et empêchez-les de piétiner vos droits! Nous ne pouvons pas continuer de permettre une distribution aussi injuste de la richesse où les gouvernements sont riches et les populations pauvres. »

Luis Daniel, un travailleur de Jalisco qui affirme avoir été brutalement battu par des gros bras de l'entreprise alors qu'il luttait pour défendre les droits des travailleurs dans son État d'origine, a déclaré :

« Je souhaite envoyer mon soutien à mes collègues de Detroit ainsi qu'à tous les différents mouvements ouvriers à travers le monde – aux gilets jaunes en France, en Inde, aux enseignants de Los Angeles. C'est un plaisir de savoir que nous, la classe ouvrière, nous nous unissons à l'échelle internationale pour faire face aux abus auxquels nous sommes trop souvent soumis par les employeurs et les conditions sociales qui cherchent à saper notre dignité et notre niveau de vie. Nous ne pouvons plus le permettre. Merci pour votre manifestation, chers collègues de Detroit. Soyez assurés que nous sommes conscients des problèmes auxquels vous faites face et que nous sommes avec vous. Luttons jusqu'à ce que nous obtenons l'égalité et un monde meilleur pour ceux qui viendront et pour nous-mêmes. Merci, compañeros. »

Le temps est venu de se lever et de se battre. Les travailleurs de toutes les industries doivent prendre la décision d'assister à la manifestation le samedi 9 février à 14 h devant le siège social de GM au centre-ville de Detroit.

(Article paru en anglais le 6 février 2019)

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