George Galloway a tenté de devenir candidat du Parti du Brexit et a échoué

George Galloway a été obligé d'admettre publiquement qu'il ne se porterait pas candidat pour le Parti du Brexit lors de l'élection partielle de Peterborough le 6 juin.

Après des semaines au cours desquelles il a refusé de dire s'il comptait se présenter comme indépendant, sa tentative infructueuse de représenter le parti de Nigel Farage ne constitue pas seulement une confirmation de sa propre politique nationaliste. Cela montre à quel point une couche entière d’anciens staliniens et de pseudo-gauchistes est devenue partie intégrante d’une «nouvelle droite».

Le 8 mai, Galloway a tweeté: «J'ai tenté de convaincre @Nigel_Farage de soutenir ma candidature à #Peterborough afin de mettre l'accent sur la large alliance démocratique que la campagne doit être et d'équilibrer les candidatures de Mme Widdecombe et de Mme Rees-Mogg. Maintenant que le parti du Brexit a nommé son candidat, j'ai retiré le mien.»

Le parti du Brexit est le mouvement récemment fondé de Farage, ancien dirigeant du parti d'extrême droite UK Independence Party (UKIP). Galloway avait annoncé son intention de se présenter aux élections dans un tweet du 1er mai dans lequel il écrivait simplement que: «J'ai l'intention de me présenter à la prochaine élection partielle parlementaire à Peterborough. A suivre.»

Le 17 avril, il avait déjà tweeté son intention de soutenir le parti de Farage lors des prochaines élections européennes, en disant: «Compte tenu de la nature de la liste des candidats pro-UE fanatiques du parti travailliste et du moment crucial que nous avons atteint dans la lutte pour la pleine mise en œuvre du résultat du référendum #Brexit et pour une seule fois, je soutiendrai @NigelFarage lors des élections du mois prochain. @TheBrexitParty.»

La première indication qu'il envisageait de se présenter comme candidat du parti du Brexit était dans un tweet du 1er mai de Pippa Crerar, rédactrice politique du Daily Mirror, qui écrivait: «Galloway me dit qu'il a approché… Nigel Farage directement pour dire qu'il veut se présenter à l'élection partielle dans Peterborough en tant que candidat de son parti du Brexit. Mais s'il n'est pas sélectionné, il pourrait se présenter en tant qu'indépendant.»

Galloway a tweeté le lendemain: «Si je suis élu député de #Peterborough, ma première priorité sera d’aider à garantir la mise en œuvre intégrale de la décision #Brexit prise en très grande majorité par les habitants de cette ville en 2016. Je crois que je suis le candidat le mieux placé pour faire ainsi et celui qui aurait le plus grand impact à la Chambre des communes.»

Pendant la semaine suivante, il y a eu un silence radio, période pendant laquelle il a dû avoir d'intenses discussions avec Farage pour le convaincre de la nécessité d'une feuille de vigne de gauche qu’il était en mesure de fournir. Le ton de son argumentaire est indiqué par son tweet citant la bien en vue ancienne députée partisane de Mme Thatcher, Ann Widdecombe, et d'Annunziata Rees-Mogg, soeur de Jacob, le chef de file des conservateurs pro-Brexit. Annunziata se vante fièrement d'avoir rejoint le parti conservateur à l'âge de cinq ans.

Le 9 mai, le parti du Brexit a annoncé qu'il présenterait comme candidat à Peterborough un millionnaire local et partisan de longue date du parti conservateur, Mike Greene. Greene a fait fortune dans le commerce de détail et dans les services de conseil à des sociétés telles que Conoco, Shell, Phillips et Spar.

La candidature de Greene semblait être un compromis partiel de la part de Farage, car selon les rumeurs, il aurait préféré Rees-Mogg ou Widdecombe.

La référence polie de Galloway à «Mme Widdecombe et Mme Rees-Mogg» n’est qu’une timide allusion au pedigree de droite du parti de Farage. Alors que Galloway, un ex-député travailliste, plaidait pour être candidat, il a été rapporté que Noel Matthews, agent électoral national du Parti du Brexit et ancien candidat de l'UKIP, avait pris la défense du fasciste Tommy Robinson comme étant «persécuté» et avait écrit: «Islamophobie est un mot stupide et inventé.»

Un candidat du parti du Brexit dans le nord-est de l'Angleterre, John Tennant, avait défendu l'utilisation d'un slogan nazi au Parlement européen, dirigé contre le leader du parti social-démocrate allemand Martin Schulz par l'eurodéputé britannique UKIP, Geoffrey Bloom. Le trésorier du parti du Brexit, Michael McGough, a été contraint de renoncer à tout poste de haut responsable après qu'il a été révélé qu'il avait parlé de trois hauts responsables travaillistes d'origine juive - Ed et David Miliband et Peter Mandelson - qu'ils avaient des racines «peu profondes au Royaume-Uni». Tennant a déclaré que de nombreux survivants de l'incendie de la Grenfell Tower étaient des «étrangers illégaux bénéficiant d'une amnistie».

Nul ne devrait accepter la position de Galloway selon laquelle soutenir le parti du Brexit aux élections européennes « fait figure d’exception ». Il est fermement décidé à suivre une trajectoire de droite.

Il a joué un rôle crucial dans l'alliance avec Farage et UKIP lors de la campagne référendaire de 2016 sur l'UE. En lançant la campagne Grassroots Out (mouvement populaire pour sortir de l’UE), Galloway - dont la politique nationaliste et le soutien au Brexit découlent de ses origines politiques en tant que stalinien - s’allia à Farage et se positionna avec des représentants de l'aile dure des partisans thatchériste du parti conservateur au moment où il lançait l'appel « droite, gauche, droite, gauche marchons en avant ensemble.»

Face à une importante opposition, même parmi ses propres partisans sur les médias sociaux, Galloway a défendu des semaines de discussions avec Farage, suppliant littéralement le dirigeant du Brexit de lui faire une place sur sa plate-forme.

Après avoir été rejeté, il a tweeté au leader du Brexit, «Pas de rancune».

Le lendemain, lors du 34e passage de Farage sur l’émission des actualités Question Time de la BBC, Galloway a déclaré que « Farage mène de 3-0 jusqu'à présent » contre les autres politiciens.

Il a retweeté un commentaire élogieux d'une autre personne - en l'honneur du parti de Farage - après qu'un sondage a montré que ce dernier pourrait remporter un pourcentage plus élevé aux élections européennes que les conservateurs et les travailleurs réunis: «Le parti du Brexit s'est mobilisé et ressemble à la marche de Sherman vers Atlanta. Irrésistible, comme prévu par @georgegalloway, plusieurs semaines avant de nombreux autres commentateurs.»

Galloway n’est que le représentant le plus en vue de l’orientation politique de droite des couches de la pseudo-gauche, effectué sous le prétexte de proposer un Brexit «patriotique», mais censé être «de gauche».

Paul Embery, membre du conseil exécutif du syndicat des pompiers, en est un autre défenseur. Le 29 mars, jour où le Royaume-Uni devait quitter l'Union européenne - avant que de nouvelles prolongations ne soient accordées - Embery était l'un des conférenciers invités à la manifestation pro-Farage Leave Means Leave (Quitter veut dire Quitter) à Londres.

Galloway est appuyé dans son soutien au parti du Brexit par pas moins de quatre anciens membres du parti communiste révolutionnaire (RCP) maintenant disparu / Tendance du marxisme vivant: Claire Fox, Alka Sehgal Cuthbert, James Heartfield et Stuart Waiton, qui ont tous été sélectionnés comme candidats pour le parti du Brexit.

Le RCP est apparu dans les années 1970 en tant que faction du groupe de la tendance capitaliste d’État International Socialist group de Tony Cliff, devenu aujourd’hui le Parti ouvrier socialiste. Il a donné naissance à l'Institut des idées libertaires, de droite, qui est à son tour la force motrice du site Web Spiked, tristement célèbre pour sa défense des politiques de droite sur toutes les questions majeures.

Les partisans de pseudo-gauche de Galloway au sein du Parti socialiste ouvrier (SWP) ont été pris de panique par sa décision de soutenir le parti du Brexit, car cela révèle de nouveau de façon accablante leur propre politique pourrie. Le SWP s'était auparavant allié à Galloway dans le parti Respect, suite à l’expulsion de Galloway du Labour par Tony Blair pour son opposition à l'invasion de l'Irak en 2003. Lors du référendum sur l'Union européenne, le SWP, tout en restant en dehors de la propre campagne de Farage, a approuvé le Brexit sous prétexte de soutenir un «Lexit» (Brexit de gauche).

Après avoir qualifié de droite le parti du Brexit, il a déclaré, lors de l'annonce de Galloway de le soutenir, que «des personnes plus authentiques de gauche que George Galloway ont été dupé, tragiquement, par le stratagème de Farage».

Cela est une couverture pourrie. La trajectoire politique de Galloway ne comporte aucune «tragédie», mais seulement une confirmation du caractère réactionnaire du «nationalisme de gauche». Comme le parti de l'égalité socialiste insistait dans sa déclaration appelant à un boycott actif du référendum de 2016, «La première responsabilité d'un socialiste est: de s'opposer à ce que les bannières de classe ne soient confondues. Lors du référendum, cela signifie qu’il faut rejeter tout appel aux travailleurs de se mettre à la remorque de l’une ou l’autre faction de la bourgeoisie qui se disputent entre eux uniquement pour déterminer la stratégie qui défend le mieux les intérêts de l’impérialisme britannique.

«Agir autrement et approuver de quelque manière que ce soit les politiques nationalistes et pro capitaliste défendus par les campagnes soit de «Rester» soit de «Quitter» l’UE sème la confusion politique dangereuse, affaiblissant les défenses politiques de la classe ouvrière à un moment où les fumées nocives du nationalisme, de la xénophobie anti-migrants et du militarisme polluent le Royaume-Uni, l'Europe et le monde entier.»

(Article paru en anglais le 17 mai 2019)

Loading