Le Rassemblement national néo-fasciste de Le Pen est en avant dans des sondages pour les élections européennes en France

À moins d’une semaine des élections européennes du dimanche 26 mai, les sondages prévoient que le Rassemblement national (RN) d’extrême droite de Marine Le Pen remportera le plus grand nombre de sièges de tous les partis en France.

Le sondage Harris Interactive/Epoka publié vendredi donnait au parti de Le Pen 23,5 pour cent soit un pour cent de plus que la liste de l’alliance de la République en marche (LREM) du président Emmanuel Macron et du Mouvement démocratique (MoDem) de François Bayrou. Plusieurs autres sondages effectués au cours de la semaine dernière estiment qu’il y a une légère avance similaire.

Ces sondages soulignent le danger que représente pour la classe ouvrière le renforcement des forces d’extrême droite en Europe et dans le monde. Les partis d’extrême droite devraient remporter jusqu’à 175 des 751 sièges aux élections de dimanche, y compris la Léga italienne de Matteo Salvini, le Parti de la liberté d’Autriche et le Parti Brexit de Nigel Farage.

Dans tous les cas, ils exploitent la crise sociale et la colère engendrées par les politiques d’austérité, militaristes et policières des gouvernements dits de «centre gauche» ou sociaux-démocrates depuis des décennies.

Le gouvernement Macron, est arrivé au pouvoir en 2017, élu au second tour devant Le Pen en raison de l’hostilité massive à l’extrême droite dans la classe ouvrière et la jeunesse françaises. Il s’est montré le gouvernement le plus à droite depuis Vichy, le régime nazi collaborateur de la Seconde Guerre mondiale.

Peu de temps après son élection, le «président des riches» a réduit l’impôt sur la fortune de l’élite financière française. Il a privatisé le réseau ferroviaire national. Il a annoncé des coupes dans l’enseignement public et la santé. Et il a déchiré le Code du travail pour faciliter les licenciements collectifs de travailleurs par les entreprises. Le gouvernement a rapporté en décembre que 69 grandes entreprises, pour la plupart, avaient utilisé les nouvelles lois pour annoncer des plans de licenciements. Le cas le plus notable était la chaîne de supermarchés Carrefour, qui a l’intention de détruire jusqu’à 3000 emplois dans la prochaine année.

Ces attaques ont été combinées avec les demandes de Macron pour la constitution d’une armée européenne afin de mener des guerres néocoloniales, y compris indépendamment des États-Unis et en opposition avec eux.

Le gouvernement a réagi à l’éruption des protestations des «gilets jaunes» contre l’inégalité sociale et les politiques du gouvernement en adoptant des mesures policières et étatiques. Il a fait arrêter plus de 7000 personnes. Il a fait passer de lois anti-manifestation qui permettent à la police d’interdire aux individus de participer aux manifestations. Enfin, il a permis à la police d’agresser des manifestants avec des balles en caoutchouc, des canons à eau et des grenades à percussion.

Avant de déployer les militaires contre les Gilets jaunes, Macron a salué l’an dernier l’héritage du collaborateur fasciste Philippe Pétain.

La campagne du RN aux élections européennes est basée sur l’affirmation de Le Pen selon laquelle il s’agit d’un «référendum» sur le gouvernement détesté de Macron. La semaine dernière, Le Pen a cyniquement averti que si Macron obtenait une majorité au Parlement européen, il prendrait cela comme un feu vert pour intensifier la violence policière. Cette position est tout à fait cynique et fausse. Le syndicat de police de l’Alliance néo-fasciste et les forces de police en général — qui attaquent les Gilets jaunes» — constituent eux-mêmes une base essentielle de soutien à Le Pen.

Le parti de Macron s’oppose à la RN, d’autre part, non pas sur la base de ses attaques fascisantes contre les musulmans et les immigrés, ou de son programme anti-ouvrier vicieux, que le gouvernement Macron partage. Il dénonce Le Pen comme un agent des «puissances étrangères». Ainsi, il parvient à attaquer le néo-fasciste Le Pen sur une base nationaliste de droite.

Cela reflète la campagne menée par le Parti démocrate contre le président Donald Trump aux États-Unis, centrée sur les revendications selon lesquelles il est un agent de la Russie. Les Démocrates le font afin de canaliser l’opposition de la classe ouvrière à l’Administration Trump dans une direction nationaliste de droite. Leur but est de formuler les demandes des services de renseignement américains pour une confrontation plus agressive avec la Russie.

Dans un entretien accordé au journal Le Monde le 16 mai, Nathalie Loiseau, principale candidate du LREM-MoDem aux élections européennes, a déclaré: «Marine Le Pen et ses amis seront les représentants de [le président russe Vladimir] Poutine au Parlement européen».

Gilles Boyer, candidat du LREM-MoDem, a déclaré à L’Opinion, le 14 mai dernier, que le Rassemblement national était: «dans un certain sens, le parti qui joue le jeu de nos adversaires, nos adversaires économiques. Elle est plus proche de Trump et de Poutine que la défense des intérêts français. Dans un certain sens, le parti étranger dans cette élection est le Rassemblement national, qui se dit néanmoins nationaliste.»

En France comme à l’étranger, la classe ouvrière entre en lutte et se déplace vers la gauche, pas vers la droite. Les manifestations de centaines de milliers de personnes qui ont lieu chaque semaine depuis six mois s’opposent à la montée des inégalités sociales et de la pauvreté. Elles sont dominées par des revendications pour la fin de l’austérité et une redistribution de la richesse des riches vers la classe ouvrière.

Ils s’inscrivent dans une recrudescence internationale de la lutte de la classe ouvrière contre plus de quarante ans d’attaques sociales au cours desquelles la lutte de classe a été réprimée par les syndicats pro-patronat.

Le fait que le parti de Le Pen bénéficie politiquement de ces conditions est le résultat du caractère pourri et de droite des partis de pseudo-gauche français, dont la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon et le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA).

Après avoir d’abord dénoncé les protestations des Gilets jaunes comme droitiers, ce milieu s’est orienté vers une stratégie d’étouffement du mouvement. Explicitement opposé à la révolution, Mélenchon a fait la promotion des appareils syndicaux anti-ouvriers et financés par l’État et le patronat. Il a déclaré sur son blog en décembre que «nous devons trouver une solution institutionnelle aux événements», par des motions de censure du gouvernement vides de contenu, au parlement. Bien qu’il ait remporté 7 millions de voix aux élections présidentielles de 2017, Mélenchon n’a pas appelé à des protestations de masse contre la répression policière brutale que Macron a exercée sur les Gilets jaunes.

Mélenchon a déclaré le mois dernier qu’il est prêt à former une «fédération populaire» avec le Parti socialiste (PS), dont est issu le gouvernement Macron. Macron n’a fait qu’intensifier les politiques anti-ouvrières de son prédécesseur du PS, François Hollande. Le rôle du PS au fil des décennies, auquel Mélenchon a personnellement participé en tant que sénateur jusqu’en 2008, a conduit à son effondrement à un peu plus de 5 pour cent dans les sondages électoraux européens actuels.

Implicitement, Le NPA et Mélenchon se sont orientés vers un vote pour Macron aux élections de 2017. Ils ont essayé de justifier cela sur la base frauduleuse que l’élection d’un gouvernement bourgeois de droite pourrait être le fondement pour s’opposer à la croissance de l’extrême droite. Leur politique de promotion de la droite reflète les intérêts de la classe moyenne privilégiée qui est hostile à tout mouvement de la classe ouvrière.

L’augmentation du vote de Le Pen démontre la faillite de cette perspective. Elle confirme la justesse de la perspective qui n'a été avancée que par le Parti de l’égalité socialiste au second tour des élections présidentielles françaises de 2017. Le PES a appelé à un boycott actif par la classe ouvrière. Il a insisté sur le fait que la seule façon d’avancer dans la lutte contre l’extrême droite est la construction d’un mouvement révolutionnaire indépendant de la classe ouvrière. Un tel mouvement doit lutter contre l’ensemble de l’establishment politique capitaliste et le système du profit qu’il défend.

Dans chaque pays, la promotion des forces d’extrême droite et fascistes par l’État trouve son motif par la croissance sans fin des inégalités sociales. En outre, cela passe par la volonté de la classe dirigeante d’imposer ses politiques d’austérité et de guerre par la dictature. La tâche critique à laquelle la classe ouvrière fait face est la construction du Parti socialiste de l’égalité en tant que direction révolutionnaire pour armer les luttes croissantes de la classe ouvrière avec une perspective socialiste.

(Article paru d’abord en anglais le 21 mai 2019)

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