Le syndicat UAW tente d'empêcher le WSWS Autoworker Newsletter de couvrir les négociations contractuelles

Lundi, des représentants du syndicat United Auto Workers (UAW, Travailleurs unis de l'automobile) et de la Ford Motor Co. feront leurs poignées de main rituelles devant les caméras de presse au siège social de l'entreprise à Dearborn, au Michigan. Cet événement, qui sera suivi mardi par des mascarades similaires aux sièges de General Motors et de Fiat Chrysler (FCA), marquera le début officiel des «négociations» pour de nouvelles conventions collectives couvrant 155.000 travailleurs de Ford, de GM et de FCA.

Un analyste de l'industrie a récemment comparé ce processus au «théâtre kabuki», c'est-à-dire à une représentation théâtrale élaborée. Tandis que les médias du patronat continuent de prétendre qu'il s'agit de «dures négociations» entre deux partis antagonistes, chaque travailleur sait que l'UAW est un outil des patrons de l'automobile. Les deux prochains mois avant l'expiration de la convention collective du 14 septembre seront une conspiration en coulisse pour trouver une façon de forcer le passage d'un autre contrat pro-entreprise face à la résistance des travailleurs.

L'ouverture des pourparlers est l'occasion pour les journalistes d'interroger publiquement les représentants de l'UAW et des entreprises. Ce journaliste a envoyé un courriel au bureau des relations publiques de l'UAW le 8 juillet pour demander une carte de presse pour le World Socialist Web Site afin de couvrir l'événement.

Le lendemain, Brian Rothenberg, du département des relations publiques internationales du syndicat à Detroit, a envoyé la brève réponse suivante:

«Instructions officielles d'accréditation pour les agences de presse accréditées qui utilisent des normes professionnelles objectives de journalisme.»

Comme le message avait peu de sens, ce journaliste a demandé:
«M. Rothenberg, que signifie exactement votre réponse à ma question ?»

Le responsable des relations publiques de l'UAW a réagi rapidement:
«Les instructions officielles d'accréditation seront envoyées aux agences de presse accréditées qui utilisent des normes professionnelles objectives de journalisme.»

Ce journaliste a demandé: «M. Rothenberg, pouvez-vous nous expliquer quels sont vos critères pour des normes professionnelles objectives de journalisme ? Votre liste d'organismes de presse accrédités par UAW inclut-elle le Wall Street Journal et Fox News

Rothenberg n'a pas répondu. La conclusion est claire: le syndicat UAW fera tout son possible pour empêcher le WSWS de couvrir ces événements publics.

Ce n'est pas nouveau. Bien que le WSWS et ses publications précédentes aux États-Unis, le Bulletin et l'International Workers Bulletin, couvrent les événements de l'UAW depuis des décennies, depuis 2011, l'UAW a interdit au WSWS d’assister à toutes leurs conférences de presse.

En même temps, le syndicat accueille la presse capitaliste, qui s’allie sans cesse à l'attaque contre l'emploi et le niveau de vie des travailleurs de l'automobile. C'est ce que l'UAW entend par «normes journalistiques objectives».

En octobre 2011, un représentant du syndicat a empêché Shannon Jones, journaliste du WSWS, d'assister à une conférence de presse annonçant la signature d'un contrat au National Program Center d'UAW-Ford au centre-ville de Detroit, affirmant que le WSWS n'était pas autorisé à y assister. C'était quelques semaines à peine après que le WSWS eut interrogé Bob King, alors président de l'UAW, lors d'une conférence de presse en septembre annonçant un accord au Centre de ressources humaines de l'UAW de GM à Detroit.

Après que King eut prétendu que l'accord créait des «emplois de classe moyenne», le WSWS a noté que même avec la petite augmentation contenue dans le contrat de GM, les travailleurs de deuxième rang gagneraient à peine assez pour éviter d'avoir droit aux coupons alimentaires dans le Michigan. D'autre part, le WSWS a noté que le syndicat UAW a déboursé 90 millions de dollars à son personnel de direction, lui versant $150.000 ou plus. Cet échange, qui a été rapporté le lendemain dans la presse de Detroit, a provoqué l'agitation et la colère de King.

Le WSWS fut au centre de l'opposition pendant la lutte pour la convention collective de 2015 et un moyen d'expression pour les travailleurs de la base qui ont vaincu un contrat national soutenu par l'UAW pour la première fois depuis 1986. C'est ce qui a incité l'UAW et sa société de relations publiques de New York, Berlin Rosen, à dénoncer le WSWS en tant qu’«agitateurs extérieurs» et à l'accuser de raconter de «fausses nouvelles».

L'UAW n'a réussi à faire passer un deuxième contrat chez Fiat Chrysler (FCA), et des contrats pourris similaires chez GM et Ford, qu'en menant une campagne d'intimidation et de mensonges, et en truquant carrément le vote. Lorsque les journalistes du WSWS se sont présentés pour couvrir une conférence de presse convoquée à la hâte en novembre 2015 à la section locale 600 à Dearborn, au Michigan, des représentants syndicaux les ont physiquement éjectés et ont arraché un téléphone cellulaire des mains d'un de ses journalistes.

Ce comportement de voyou a été filmé sur vidéo, provoquant un dégoût et une condamnation généralisés de la part des travailleurs de l'automobile. Peu de temps après, le syndicat UAW a annoncé qu'il avait miraculeusement reçu assez de «oui» à l'usine de Dearborn pour que le contrat national soit adopté par une majorité de 51 contre 49 %. Les travailleurs ont qualifié les résultats de fraude et ont accusé les TUA d'avoir bourré les urnes.

Ce n'est pas le WSWS Autoworker Newsletter qui colportait de «fausses nouvelles», mais bien l'UAW. Depuis 2015, quatre des principaux négociateurs de l'UAW de FCA (Fiat Chrysler Automobiles), dont le vice-président Norwood Jewell, ont été reconnus coupables d'avoir accepté des pots-de-vin de l'entreprise. La nouvelle négociatrice en chef de l'UAW de FCA, Cindy Estrada, fait toujours l'objet d'une enquête pour corruption. Les anciens présidents de l'UAw, Bob King et Dennis Williams, ainsi que l'actuel président Gary Jones, sont impliqués dans le scandale de corruption.

Après avoir réalisé près d'une décennie de profits records, les entreprises veulent une forte augmentation du nombre de travailleurs à contrat et d'intérimaires faiblement rémunérés, faire payer des contributions beaucoup plus élevées aux travailleurs pour les soins de santé et imposer d’autres reculs. Avec GM en tête, les entreprises espèrent utiliser la menace de fermetures d'usines et de licenciements de masse pour soumettre les travailleurs au moyen du chantage.

Les travailleurs de l'automobile, cependant, ne sont pas d'humeur à se soumettre à l'extorsion sur leurs conditions de travail. Ils menacent de perturber la représentation du «théâtre Kabuki» et de se battre pour récupérer des décennies de concessions soutenues par l'UAW. L'appel du WSWS Autoworker Newsletter en faveur de la formation de comités de la base, indépendants de l'UAW, bénéficie d'un soutien croissant.

Jones, le président de l'UAW, (salaire 260.243$), Estrada (186.785$) et les centaines d'autres directeurs régionaux, les «représentants des services internationaux» et d'autres bureaucrates, y compris le directeur des relations de presse Rothenberg (144.138$) vivent dans la peur d'une telle rébellion. C'est pourquoi ils font tout pour empêcher les travailleurs d'avoir accès à l'information, à une voix collective et au programme socialiste et internationaliste de lutte que seuls le WSWS et son Autoworker Newsletter leur fournissent.

Les travailleurs de l'automobile devraient rejeter les tentatives de l'UAW de dissimuler ses actions alors que le syndicat prépare une autre opération dirigée contre les travailleurs. Abonnez-vous à l'Autoworker Newsletter, distribuez-le et donnez-y votre appui financier.

Le WSWS Autoworker Newsletter exhorte les travailleurs à se joindre à la réunion en ligne de ce jeudi pour discuter de la mise sur pied de comités de la base pour retirer la conduite de la lutte contractuelle de l'UAW, préparer une grève nationale et unir les travailleurs de l'automobile américains aux travailleurs du Canada, du Mexique et du monde entier dans une lutte commune.

(Article paru en anglais le 11 juillet 2019)

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