Des travailleurs de l'automobile américains et mexicains appellent à une lutte unie contre GM et les constructeurs automobiles

Des travailleurs de l'automobile américains et mexicains, ainsi que des enseignants, des travailleurs d'Amazon et d'autres sections de la classe ouvrière ont discuté d'une perspective internationale pour gagner la grève de General Motors lors d'une réunion téléphonique organisée jeudi par le World Socialist Web Site Autoworker Newsletter (Bulletin du travailleur de l'automobile du WSWS). Plus de 200 personnes y ont assisté.

L'issue de la grève se déroulera sur deux voies possibles, a déclaré Jerry White, rédacteur en chef de l' Autoworker Newsletter dans son rapport d'ouverture. La voie du syndicat UAW (Travailleurs unis de l'automobile) et de General Motors est d'isoler les travailleurs, de les priver d'information et de les affamer pour forcer les piquets de grève à se soumettre.

«S'ils pensent pouvoir s'en tirer, l'UAW mettra fin à la grève», a dit White. «Trump tweettera ses félicitations et les candidats démocrates à la présidence [comme Bernie Sanders et Elizabeth Warren] salueront tous la prétendue "victoire" de l'UAW. Sinon, ils continueront d'isoler les grévistes de GM, d'essayer de forcer les travailleurs à la soumission moyennant une indemnité de grève de $250 qui ne permet pas de vivre et de mobiliser une pression médiatique totale pour qu'ils acceptent un contrat qu'ils passeront à la hâte avant que les travailleurs aient suffisamment de temps pour étudier, discuter et organiser leur opposition.»

«Mais il y a une autre voie», a dit White. «La grève peut être gagnée, mais seulement si elle est retirée des mains de la bureaucratie corrompue de l'UAW. Il n'y a pas de temps à perdre. Pour éviter la défaite de la grève, les travailleurs doivent immédiatement former des comités d'usine de base pour prendre le contrôle de leur lutte.»

M White a souligné la position courageuse des travailleurs mexicains de GM à Silao, qui ont refusé une augmentation de la production pendant la grève. GM a réagi en déclenchant une vague de licenciements.

Comme lors des réunions précédentes, les travailleurs de Silao de Generando Movimiento, un groupe de la base formé par opposition à GM et au syndicat pro-entreprise, ont fait appel au soutien des travailleurs américains. «J'ai une corde autour du cou, comme on dit souvent au Mexique. Hier, un collègue m'a prévenu que je serais viré aujourd'hui. Ils ne l'ont pas fait parce que je ne suis pas allé travailler. J'en appelle à vous pour que vous veniez à notre aide afin d'arrêter ces licenciements ici au Mexique [...] Il n'y a plus de retour en arrière maintenant.»

Israël Cervantes, qui a été licencié fin août pour avoir aidé à organiser le groupe, a envoyé le message suivant: «Votre combat aux États-Unis est très important pour nous. Nous sollicitons votre soutien sous la forme d'une demande de réembauche de travailleurs licenciés. Nous n'avons pas peur des représailles incessantes et nous continuons à oeuvrer pour empêcher les accélérations des rythmes.

«Nous espérons que les travailleurs américains prendront le contrôle des fonds de grève du syndicat. Il serait très important pour nos collègues américains d'avoir les ressources nécessaires à leur grève, pour obtenir un meilleur salaire. Ici, au Mexique, notre situation économique est difficile, et il serait très important d'obtenir votre appui pour pouvoir poursuivre ce mouvement syndical et avoir plus de force. En même temps, vous pourrez faire une grève plus longue.

«A Silao, Guanajuato, Mexique, les usines de moteurs et de transmissions sont fermées depuis mardi en raison de la grève. Continuez comme ça, mes frères. D'ici, nous continuerons à vous soutenir dans votre lutte, qui est la même que la nôtre. Nous espérons que tous les travailleurs du monde entier s'uniront pour de meilleures conditions de travail et de revenus.»

Le sort commun des travailleurs de l'automobile américains et mexicains a été démontré par la suite lors d'une vague de mises à pied supplémentaires au Mexique en raison de la grève américaine. A Silao, la direction supprime deux équipes par semaine dans chaque département. Il ne paie aux travailleurs touchés que 55% de leur salaire normal.
Le complexe Ramos Arizpe de GM sera à court de pièces lundi, selon la presse locale, et 4 000 travailleurs seront mis à pied.

Un retraité américain et vétéran de la dernière grève nationale de GM en 1970 a encouragé les jeunes générations à prendre le combat entre leurs propres mains. «Nous avons débrayé pendant 67 jours pour le Thirty-and-Out [programme de retraites], et la COLA (indexation au coût de la vie). J'ai pris ma retraite en 2008. Je gagnais $30 de l'heure, et le gars à côté de moi gagnait $15. L'UAW dont je me souviens n'existe plus. C'est une honte. Les travailleurs de GM et d'Amazon méritent de gagner décemment leur vie. Après ma retraite, mon assurance a augmenté chaque année.

«J'entends sans cesse dire qu'il faut le faire maintenant, parce que General Motors essaie de tout prendre. Restez groupés, faites-le maintenant, parce que vous n'aurez peut-être pas d'autre chance.»

Un ouvrière de niveau 2 de l'usine d'assemblage de Fiat Chrysler à Toledo Nord a dit: «Nous travaillons actuellement 10 heures par jour, 6 à 7 jours par semaine. Je pense qu'un énorme problème à l'heure actuelle, c'est que nous avons beaucoup de travailleurs de niveau 2 [...] les travailleurs de niveau 2 doivent se rassembler, car nous n'avons pas de pensions. La COLA [indexation au coût de la vie] a disparu. Les usines ferment.»

Répondant aux licenciements des travailleurs mexicains de l'automobile, elle a dit: «Je pense que c'est dingue que des gens soient virés pour avoir pris cette position. Mais il y a tellement de gens employés par l'industrie automobile, que si nous arrivons a nous serrer les coudes, que peuvent faire d'autre[les entreprises], si tous les travailleurs sont unis dans tous les pays?»

Un certain nombre d'enseignants ont également pris la parole lors de l'appel. Lisa, professeure auxiliaire du Colorado, a expliqué comment les professeurs ont été «décomposés au fil du temps en emplois précaires, faiblement rémunérés et à temps partiel». J'ai une maîtrise et je gagne $21.000 par année en enseignant dans les collèges. Je n'ai aucun avantage. Je suis mis à pied automatiquement tous les trois mois.

«Je participe à cette réunion parce que, comme tous ceux qui m'ont précédée l'ont dit, parce qu'il est important que nous soyons unis, non pas par nation ni par industrie, mais en tant que membres de la classe ouvrière, c'est ce que je veux faire avec vous. Ce qui t'est fait dans ce monde est fait à moi.»

Ben McGrath, journaliste sur la Corée du Sud pour le World Socialist Web Site, a parlé des grèves en cours contre General Motors dans ce pays. «Les travailleurs de Corée du Sud suivent vos luttes. Ce n'est pas seulement maintenant. Lorsqu'il y a une grève aux États-Unis, elle attire l'attention des travailleurs de Corée du Sud.»

«Avec GM en particulier, cette entreprise menace les travailleurs coréens de licenciements massifs depuis des années. Ils ont travaillé avec les gouvernements conservateurs et libéraux pour faire respecter leurs diktats. Ils ont été rejoints par les syndicats coréens. [...] Ils ont approuvé des réductions salariales et des mises à pied. Il s'agit là d'une question très internationale. Comme aux États-Unis, ils divisent même les travailleurs en Corée entreprise par entreprise. Mais les travailleurs de l'automobile cherchent un moyen de riposter.»
À la fin de la réunion, Marcus Day, auteur de WSWS, a expliqué que l'Autoworker Newsletter organise des réunions pour créer de nouveaux organes de direction afin de créer des réseaux de comités de base pour retirer la grève des mains de l'UAW. Il a appelé les travailleurs de l'automobile qui soutiennent une telle lutte à contacter le World Socialist Web Site et à s'impliquer.

(Article paru en anglais le 28 septembre 2019)

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