La grève chez GM à la croisée des chemins

Les TUA préparent un contrat de capitulation tandis que les travailleurs se battent pour élargir la lutte

La grève des travailleurs de General Motors est à un moment crucial. Si la conduite de la lutte est laissée entre les mains du syndicat corrompu des Travailleurs unis de l'automobile (TUA, UAW – United Auto Workers), elle sera vaincue. L'alternative est pour les travailleurs de la base de prendre l'initiative, de former des comités d'usine indépendants, d'étendre la grève à Ford et Fiat Chrysler et de mobiliser toute la classe ouvrière.

La grève, qui est sur le point d'entrer dans sa 19e journée, a durement frappé les activités de GM, qui a fermé ses usines et ses usines fournisseurs aux États-Unis, au Canada et au Mexique. L'entreprise a perdu environ 1 milliard de dollars en profits au troisième trimestre.

Cependant, GM dispose d'un excédent de trésorerie massif en raison des bénéfices records réalisés grâce aux reculs approuvés par les TUA. Wall Street finance GM et insiste pour qu'il batte la grève, quelles que soient les pertes à court terme. Si GM atteint ses objectifs – plus que tripler le pourcentage d'intérimaires et augmenter fortement les coûts des soins de santé – cela permettrait de réduire les coûts de main-d'œuvre de 5 $ l'heure, soit un demi-milliard de dollars par an.

Travailleurs de GM en grève

Wall Street a une stratégie à plus long terme. Son objectif est de briser la résistance des travailleurs à une nouvelle transformation des conditions de travail dans tous les secteurs de l'économie, en éliminant tout ce qui reste de la sécurité d'emploi, des augmentations annuelles de salaire, des soins de santé et des pensions. L'avenir sous le capitalisme pour la classe ouvrière sera les salaires de misère et les emplois temporaires.

Les TUA n'ont pas de stratégie de victoire. Ils ont une stratégie de défaite. Ils fonctionnent à titre de partenaire junior de GM et de Wall Street.

Les dirigeants des TUA laissent les travailleurs dans l'ignorance. Ils ont ordonné à plus de 100.000 travailleurs de Ford et de Fiat Chrysler de rester au travail et de stocker des véhicules que ces entreprises utiliseraient en cas de grève.

Loin de fournir aux travailleurs les ressources financières nécessaires pour soutenir une lutte, le syndicat des TUA a versé aux grévistes des rations de famine de 250 $ par semaine en indemnités de grève, bien qu'il dispose d'un fonds de grève de plus de 800 millions $.

Le vice-président des TUA, Terry Dittes, a envoyé une lettre mardi affirmant que les TUA avaient rejeté une proposition de contrat de GM et fait une contre-proposition. Tout en admettant que GM n'avait pas bougé d'un iota sur ses exigences, Dittes n'a donné absolument aucun détail sur ce que les TUA exigeaient.

Jeudi, Rory Gamble, vice-président des TUA pour Ford, a publié une lettre disant que des «progrès» étaient réalisés. Pour tenter de justifier le fait qu'il n'a donné aucun détail, Gamble a écrit: «Veuillez comprendre que les négociations bougent et sont constamment en évolution. Par conséquent, nous ne sommes pas en mesure, au cours du processus de négociation, de divulguer en détail les éléments en cours de négociation.»

Le syndicat des TUA ne veut pas «divulguer les éléments en cours de négociation» parce que rien n'est en cours de négociation. Les TUA ont déjà accepté des réductions massives. Ils essaient simplement de trouver un moyen de les imposer. Ils savent que si les travailleurs étaient informés de ce qui se passe, ils se révolteraient.

Les TUA ont passé les quatre dernières décennies à imposer les diktats des entreprises, y compris les salaires à deux niveaux et la généralisation des travailleurs temporaires. En retour, les constructeurs automobiles ont versé des milliards de dollars en pots-de-vin par l'intermédiaire des centres de formation conjoints, tandis que les dirigeants des TUA ont dilapidé le fonds de grève et les cotisations syndicales.

Le Detroit News a rapporté mercredi soir que le secrétaire-trésorier des TUA Gary Casteel et Danny Trull, ancien adjoint du président des TUA Gary Jones, coopèrent avec les enquêteurs fédéraux, fournissant des informations sur plus d'un million de dollars qui auraient été dépensés pour le luxe des fonctionnaires des TUA. Les allégations mettent directement en cause Jones, qui continue de toucher son plein salaire de 230.000 $ par année, soit 5000 $ par semaine.

Trull a dit aux enquêteurs qu'il avait vu Jones dépenser des cotisations des TUA pour des vêtements de golf à Palm Springs. De l'argent a également été dépensé pour des retraites haut de gamme, des cigares, de l'alcool et d'autres produits de luxe. Trull, qui siégeait également au conseil d'administration de l'organisme de bienfaisance de Jones, aurait reçu l'ordre de cacher les dépenses.

Si les responsables des TUA négocient quoi que ce soit, c'est la durée de leur peine d'emprisonnement. Ils savent qu'ils seront récompensés pour leur bon comportement, dans ce cas, s'ils peuvent mettre fin à la grève et forcer les travailleurs à avaler les exigences de GM.

Les travailleurs de l'automobile sont de plus en plus nombreux à appuyer une lutte unie. L'appel de la WSWS Autoworker Newsletter pour la formation d'organisations indépendantes de lutte, de comités de grève de base, a reçu une réponse puissante. S'il y a une organisation qui a été complètement discréditée aux yeux des travailleurs, c'est bien les TUA.

Cette compréhension doit être transformée en action. Les travailleurs doivent prendre l'initiative en formant ces comités, en tenant des réunions dans leurs usines, indépendamment des TUA, pour discuter et mettre en œuvre une stratégie pour gagner cette grève.

Ces comités devraient exiger: 1. Une abolition du système à deux paliers; 2. une augmentation de salaire de 40 pour cent; 3. la conversion de tous les employés temporaires en travailleurs à plein temps avec plein salaire et avantages 4. le rétablissement du COLA (indexation au coût de la vie) et tous les avantages perdus par les retraités; 5. la réouverture des usines fermées et la réembauche des travailleurs licenciés; 5. la réembauche des travailleurs de GM à l'usine de Silao qui ont refusé de faire grève contre leurs frères et sœurs aux États-Unis.

L'exemple héroïque des travailleurs mexicains de l'usine GM de Silao montre que les travailleurs du monde entier s'efforcent de s'unir dans une lutte commune. C'est le devoir de classe des travailleurs américains de venir en aide aux neuf travailleurs de Silao GM qui ont été victimisés pour avoir défendu leurs collègues de travail au nord de la frontière.

Pour montrer à GM et à Wall Street que les travailleurs sont sérieux, les comités de la base devraient réclamer le triplement des indemnités de grève à 750 $ par semaine, l'élargissement de la grève à Ford, Fiat Chrysler et à l'ensemble de l'industrie automobile et des pièces automobiles.

Des manifestations de masse devraient être organisées pour unir les travailleurs de l'automobile à toutes les autres catégories de travailleurs et de jeunes et transformer cette grève en un puissant mouvement social contre l'exploitation capitaliste et les inégalités sociales.

L'issue de cette lutte dépend de l'initiative des travailleurs de la base. Le WSWS Autoworker Newsletter fera tout ce qui est en son pouvoir pour faire connaître la vérité aux travailleurs, aider à créer des comités de base et établir des lignes de communication entre usines, industries et pays pour mener une contre-offensive de toute la classe ouvrière.

Pour obtenir de l'aide afin de mener à bien cette lutte, communiquez avec le WSWS Autoworker Newsletter à l'adresse wsws.org/auto.

(Article paru en anglais le 4 octobre 2019)

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