Alors que la grève entre dans sa quatrième semaine

Les TUA déclarent que les pourparlers avec GM se sont «détériorés»

Après avoir rapporté pendant des jours que les négociations avec General Motors avaient «bien progressé», les Travailleurs unis de l'automobile ont soudainement fait volte-face dimanche matin, déclarant que «les négociations s’étaient détériorées».

La déclaration du vice-président des TUA, Terry Dittes, survient alors que la grève de 48.000 travailleurs de GM entre dans sa quatrième semaine.

Dans une lettre adressée aux travailleurs de l'automobile, Dittes, qui dirige le département GM des TUA, a déclaré que le comité de négociation et le personnel international des TUA avaient présenté samedi soir à l'entreprise une «proposition globale détaillée», qui portait sur «les salaires, la prime de signature, la sécurité d'emploi, les pensions, les métiers spécialisés, la participation aux bénéfices et les droits de mutation».

Piquets de grève chez GM Toledo Powertrain

La réponse de GM dimanche matin, écrit Dittes, «n'a pas abordé notre proposition détaillée», et «est revenu à sa dernière proposition rejetée et a fait peu de changements». Il a poursuivi en disant qu’il n’y avait rien dans la proposition de l'entreprise «pour assurer la sécurité d'emploi pendant la durée de l'entente».

Déclarant que les TUA «ne peuvent être plus déçus», Dittes a écrit que les TUA «continueront à négocier au nom de vous, de vos familles et de tous les travailleurs de notre pays».

Dans un courriel adressé à Scott Sandefur, vice-président des relations de travail de GM Amérique du Nord, Dittes se plaignait encore plus de la compagnie, disant que les négociateurs de GM «n'avaient même pas eu la courtoisie professionnelle d'expliquer pourquoi vous ne pouviez pas accepter ou pourquoi vous aviez rejeté notre proposition globale» et disant que «la loi et la décence de base exigent rien moins».

Alors que les TUA affirment que GM est «revenu à sa proposition rejetée», en fait, l'entreprise n'a jamais bougé de ses demandes pour un demi-milliard d'économies annuelles sur le coût de la main-d'œuvre. Il a seulement laissé aux TUA le soin de trouver comment présenter et faire avaler les concessions aux travailleurs.

Les seules lois qui régissent le fonctionnement de GM sont les lois du système capitaliste de profit et les exigences de ses investisseurs de Wall Street. Les puissants intérêts financiers de GM ont clairement montré que l'entreprise doit absorber les pertes à court terme d'une grève, même si elle se prolonge, afin de réaliser d'importantes économies de coûts et atteindre ses objectifs stratégiques.

Cela signifie vaincre la grève, réduire les prestations de soins de santé des travailleurs et tripler le pourcentage de travailleurs temporaires afin que GM puisse avoir le type de «main-d'œuvre manufacturière flexible» nécessaire à la lutte hautement compétitive pour dominer les marchés de la voiture électrique et du véhicule autonome dans l'avenir.

La réponse de GM est une preuve supplémentaire que les TUA n'ont pas de stratégie pour gagner la grève. Ils ont une stratégie pour sa défaite.

Les travailleurs de l'automobile doivent retirer la conduite de la lutte des mains des TUA corrompus. Cela nécessite l'organisation de comités de grève et d'usine, indépendants des TUA et résolus à lutter pour les revendications des travailleurs et de leurs familles, et non pour les profits des grandes entreprises et de Wall Street.

L'isolement de la grève de GM doit être brisé, et la lutte intensifiée. Cela signifie que les 100.000 travailleurs et plus de Ford et de Fiat Chrysler doivent déclencher une grève à l'échelle de l'industrie pour paralyser la production automobile. Les constructeurs automobiles et leurs investisseurs comptent sur les TUA pour que la lutte reste confinée à GM.

Pour soutenir les travailleurs dans une véritable lutte, les prestations de grève doivent être triplées pour atteindre 750 $ par semaine.

Les travailleurs ne luttent pas seulement contre les constructeurs automobiles, mais aussi contre les puissants intérêts financiers qui les soutiennent et qui sont déterminés à réduire tous les travailleurs au statut de travailleurs occasionnels à bas salaire. La grève des travailleurs de GM doit être transformée en une puissante contre-offensive de la classe ouvrière américaine et internationale contre les inégalités sociales et les attaques sans fin contre l'emploi et le niveau de vie des travailleurs dans le monde.

Alors que les TUA prétendent que les pourparlers échouent, rien de ce qui sort de Solidarity House ne peut être cru. Les responsables des TUA pourraient rapidement se raviser et annoncer qu'un accord de principe a été conclu.

Il faut des comités de la base pour s'opposer à tout retour précipité au travail sans vote de ratification, pour exiger que la convention collective soit divulguée dans son entier et que les travailleurs aient suffisamment de temps pour l’étudier et discuter avant un vote. Les comités exigeront que les membres de la base supervisent le processus de ratification afin de prévenir la fraude et le bourrage des bulletins de vote.

Le Wall Street Journal a rapporté que le syndicat des TUA a déjà conclu des ententes sur les questions de soins de santé et de travailleurs temporaires, cette dernière impliquant la conversion en postes à temps plein seulement après trois années consécutives de service. Les TUA sont censés rechercher une certaine augmentation des pensions et des prestations de retraite 401(k) pour les travailleurs qui n'ont pas eu d'augmentation pour indexation depuis 2007, et une augmentation de salaire ou de prime supérieure aux 2% par an offerts par GM.

Les TUA ont supplié GM de leur fournir une feuille de vigne pour les aider à faire accepter l'accord aux travailleurs en grève, puis aux travailleurs de Ford et de Fiat Chrysler. Les analystes ont déjà affirmé que les travailleurs pourraient rejeter par principe tout ce que leur présenteraient les TUA, dont les hauts fonctionnaires et les négociateurs ont encaissé les pots-de-vin des entreprises et utilisé les fonds syndicaux à mauvais escient.

Commentant la ligne dure de GM, Colin Lightbody, un ancien négociateur syndical de Fiat Chrysler, a déclaré au Detroit News, «À mon avis, les TUA ont fait quelques progrès sur ces deux sujets [travailleurs temporaires et soins de santé] et s'attendent peut-être à ce que GM augmente considérablement les enjeux économiques afin de justifier cette grève de trois semaines à ses membres, dit Lightbody. GM n'est peut-être pas prêt à rendre la pareille dans la mesure où le syndicat l'attend.»

Les actions des TUA sont le résultat inévitable de décennies de collusion patronale-syndicale, de nationalisme économique et de défense du système capitaliste.

Les TUA ne s'opposent pas aux coupes sauvages dans les soins de santé; ils ont été les premiers partisans de ces coupes pour stimuler la compétitivité des entreprises américaines. Ils ne s'opposent pas à la prolongation de la durée du travail temporaire; ils ont déjà accepté d'innombrables accords locaux à Brownstown, Orion et dans d'autres usines qui étendent le recours aux intérimaires et aux travailleurs contractuels dans les usines. Tant que ces travailleurs paieront des cotisations, les TUA feront respecter les formes les plus brutales d'exploitation.

C'est dans ce cadre que s'inscrit le prétendu «sauvetage» de l'usine de Detroit-Hamtramck, dont la fermeture est prévue en janvier, et la proposition de GM de construire une usine de batteries électriques en coentreprise près de l'usine Lordstown (Ohio) qui a été fermée depuis.

La grève des travailleurs de GM aux États-Unis, les débrayages des travailleurs coréens de GM et la position héroïque des travailleurs de GM à Silao, au Mexique, qui ont été victimes du refus d'accepter du travail supplémentaire pendant la grève aux États-Unis, montrent que les travailleurs tentent d’unir leurs luttes au niveau international. Cette lutte doit être guidée par une stratégie socialiste internationale, y compris la transformation de l'industrie automobile mondiale en une entreprise publique, contrôlée démocratiquement et appartenant collectivement à la classe ouvrière internationale.

(Article paru en anglais le 7 octobre 2019)

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