Le polémiste d’extrême-droite Zemmour appelle à tirer sur les manifestants

Alors que le gouvernement Macron fait un usage explosif des violences policières depuis plus d'un an contre les «gilets jaunes »» et maintenant les travailleurs en lutte contre la réforme des retraites, l'éditorialiste d'extrême-droite Zemmour conseille à la police de «tirer à balles réelles». Trois semaines auparavant, l’ancien chef d'état-major, le général Pierre de Villiers, avait exigé une répression plus dure de la grève.

Les déclarations de Zemmour méritent l’attention des travailleurs. Face à l'éruption de grèves à l’international des travailleurs et des jeunes contre les inégalités sociales et face à la menace que les manifestations et les grèves débordent les syndicats, des fractions au sein de l'appareil d’État et les médias discutent et encouragent une répression sanglante de l'opposition à la politique de Macron. Ils rompent avec les normes démocratiques allant à grand pas vers une dictature militaro-policière.

Lors de son émission quotidienne sur CNews, Zemmour débattait avec l'avocat et ex-chroniqueur d'un talk-show de politique et de divertissement, Charles Consigny. Il a réfuté les accusations de «répression» que subit constamment la police. «Dans le monde, la police française est loin d’être la plus violente», a-t-il dit en prenant l’exemple «d’admirables démocraties» comme les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne. Zemmour poursuit en conseillant à la police de « tirer à balles réelles », « Quand il y a des gens qui tirent à balles réelles, il faut tirer à balles réelles ».

Zemmour n'est pas un simple animateur d'une émission sur une chaîne d'information. De par son parcours professionnel, il a un réseau. Zemmour est un polémiste d'extrême droite qui travaillent pour le journal Le Figaro tenu par la famille Dassault lié au gaullisme et le parti Les Républicains connaissant très bien l'ancien conseiller maurassien de Sarkozy, Buisson ou encore Henri Guaino. Zemmour a participé en temps de chroniqueur politique à plusieurs émission de talk-show politique sur des chaines nationales publiques et privées durant deux décennies.

Zemmour est aussi connu pour de nombreux scandales d'incitation à la haine raciale, anti-immigré, anti-féministe. En 2015 il a attaqué l'historien Robert Paxton qui avait établi la responsabilité du régime de Vichy dans la déportation et l'extermination des Juifs. Il a lancé un appel à une guerre pour libérer la France d'une prétendue «occupation» islamique lors de la «Convention de la droite» organisée par Marion Maréchal Le Pen cette automne.

Zemmour a aussi pointé du doigt les quartiers ouvriers majoritairement immigrés où la police craindrait d’intervenir: « Il y a eu un changement de climat en banlieue et aujourd’hui la peur a changé de camp. Moi j’estime que ce n’est pas l’honneur de la police française d’être débordée par des caïds et des voyous qui font la loi dans les enclaves soi-disant françaises et qui sont devenues des enclaves étrangères ».

Un quart de siècle la redistribution de la richesse du bas vers le haut de la société avec la complicité des syndicats et de leurs alliés politiques ont créé les conditions d'une radicalisation des travailleurs en France et à travers le monde. Contrairement à ce qu'affirme Zemmour, l'état d'urgence instauré par le PS a donné d’énormes moyens à la police pour réprimer l'opposition sociale et mener dans les quartiers pauvres la terreur policière avec des perquisitions et des assignations à résidence.

Néanmoins, l'opposition des travailleurs et des jeunes ne faiblit pas contre l'austérité et la guerre. La grève contre la réforme des retraites en est à son 41e jour, et des couches plus large de travailleurs entrent en lutte contre les effets d'annonces de Philippe sur l'imposition d’une retraite par points. Craignant que les syndicats et leurs alliés politiques ne perdent le contrôle de l'organisation de la lutte des travailleurs contre Macron, des fractions de l'État et les médias dont fait parti Zemmour tentent de créer les conditions pour une répression sanglante des manifestations.

Les pouvoirs donnés à la police au plus fort de la crise des «gilets jaunes» ayant échoué à étouffer l'opposition à Macron, ce dernier ont demandé en mars 2019 l'envoi de soldats aider la police. Interrogé sur la capacité des militaires de maintenir l’ordre, le général Bruno Le Ray a répondu: «Les ordres sont suffisamment clairs pour qu’ils n’aient pas d’inquiétude à avoir. Les consignes des soldats seront fixées de manière rigoureuse. Ils ont différents moyens d’action pour faire face à toute menace. Ça peut aller jusqu’à l’ouverture du feu.».

En décembre, l’ancien chef détat-major, le général Pierre de Villiers, a exigé une répression plus dure de la grève. IL a exigé qu’on intensifie considérablement la répression des manifestations alors que depuis 2018, Macron organise la répression continuelle des «gilets jaunes», des manifestations de jeunes, et à présent des grèves. Des blindés, des lances à eau, et des milliers de CRS armés de LBD et de carabines encadrent les manifestants. Il y a eu plus de 10.000 interpellations et gardes à vue, plus de 4.400 blessés, plus de 24 éborgnés, cinq mains arrachées par des grenades de police, et une dame âgée tuée par un tir de gaz lacrymogène. C’est la plus grande vague de répression en France depuis l’Occupation nazie de 1940-1944 pendant la 2e Guerre mondiale.

Zemmour n'a pas que les stratèges de l'ex UMP comme amis, mais aussi à la pseudo gauche. Depuis avoir quitté le PS en 2008, Mélenchon a cultivé de nombreuses amitiés avec des personnalité de la droite nationaliste, y compris Zemmour qui lui a permis de rencontrer le gaulliste Henri Guaino ou encore d'être invité à la cérémonie de remise de la Légion d'Honneur au maurassien Buisson. Zemmour, Mélenchon et Guaino auraient passé des week-ends ensemble, selon la presse.

Mélenchon a publiquement défendu Zemmour dont le livre «Le suicide français» dénonce Robert Paxton, qualifiant l’historien hautement respecté et auteur du livre «La France de Vichy», qu’il traite d’anti-français. En 2010, Zemmour avait suscité des critiques publiques pour avoir défendu le profilage racial sur Canal+ en déclarant: «Les Français issus de l’immigration étaient plus contrôlés que les autres par la police parce que la plupart des trafiquants sont Noirs et Arabes, c’est un fait.»

Mélenchon a sur: « Je connais Zemmour. Il ferait mieux de dire qu’il a dit une bêtise. Ce type n’est pas un raciste. C’est un brillant intellectuel, mais comme tous les intellectuels, il est têtu comme une mule. »

Comme l’a révélé Le Point en 2012, il y avait eu réciprocité. Zemmour avait aidé Mélenchon à obtenir une invitation pour rencontrer Henri Guaino de l’UMP au restaurant de l’Institut du monde arabe à Paris. Guaino, alors conseiller spécial du président de droite Nicolas Sarkozy, préconisait une stratégie faisant appel à l’électorat du FN au moyen d’un débat réactionnaire sur l’«identité nationale» ; Il a discrètement rencontré Mélenchon pour un déjeuner avec lui.

Les discussions pour une répression sanglante sont en cours au sein de l'Etat et commentées dans les médias. La tâche décisive à présent est d’avertir les travailleurs et de les mobiliser politiquement contre la menace de la répression. Aucune confiance ne peut être accordée aux syndicats ni à leurs alliés politiques, comme Mélenchon. Il s’agit de construire des comités d’action indépendants des syndicats et de coordonner la mobilisation de couches plus larges de la classe ouvrière en lutte contre l’aristocratie financière, Macron et les menaces de répression et de dictature.

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