COVID-19: Plus de 76.000 décès en Europe alors que le gouvernement espagnol renvoie des millions de personnes au travail

Plus de 76.600 personnes sont mortes de COVID-19 en Europe, selon les chiffres officiels, et 3.021 autres sont décédées dimanche.

La Grande-Bretagne est le dernier pays à avoir enregistré plus de 10.000 décès dus à la COVID-19, après la France, l’Espagne, l’Italie et les États-Unis. On a annoncé 737 autres décès dimanche, ce qui porte le bilan global à 10.612. Les nouvelles infections en Grande-Bretagne ont augmenté de 5.288, pour atteindre 84.279.

Il reste plus de 70.000 cas actifs confirmés de coronavirus, avec plus de 1.500 personnes dans un état «grave, critique». Selon les prévisions communiquées au gouvernement conservateur, le pic de l’épidémie devrait arriver au cours des deux prochaines semaines.

Dimanche, le Premier ministre Boris Johnson a reçu son congé de l’hôpital après être arrivé une semaine auparavant. Johnson, qui avait dû passer trois nuits en soins intensifs, aurait était proche de la mort à un moment donné.

Le professeur John Ashton est l’ancien directeur régional de la santé publique en Angleterre et l’ancien président de la faculté de santé publique. Dimanche, Ashton a accusé le gouvernement de déformer les chiffres de la mortalité dans ses tentatives de dissimuler les chiffres réels. Ashton a déclaré à Sky News: «En ce moment, beaucoup de ce qui se passe dans ces briefings [quotidiens du gouvernement] frise le mensonge et nous devons empêcher cela à tout prix».

Il a ajouté: «C’est peut-être une fois et demi ce que nous avons dit… c’est peut-être même deux fois plus… Vous savez, si je disais bien que si c’est 10, disons 20… ma vérité est-elle meilleure que la leur dans cette affaire?»

Le gouvernement adopte la même attitude indifférente face au nombre de travailleurs du National Health Service (NHS) qui meurent. Samedi, le ministre britannique de la Santé, Mike Hancock, a annoncé le mort de 19 personnes. Dimanche, seulement quelques heurs après, quatre autres travailleurs du NHS avaient trouvé le mort. Cependant, Hancock a refusé d’annoncer le nombre de décès des employés du NHS.

On estime que plus de 30 travailleurs du NHS sont décédés, la dernière en date était Donna Campbell, qui travaillait au Centre Velindre pour le cancer à Cardiff, qui a péri à l’Hôpital universitaire du Pays de Galles.

Dans un grand hôpital gallois, le Royal Gwent Hospital de Newport, environ la moitié des consultants et des infirmiers spécialisés dans les accidents et les urgences ont contracté le coronavirus et sont en arrêt de travail.

Le nombre de membres du personnel du NHS victimes de COVID-19 est extraordinaire et ne peut s’expliquer que par la fourniture insuffisante, voire inexistante, d’équipements de protection individuelle (ÉPI). Un autre travailleur décédé, Abdul Mabud Chowdhury, consultant urologue à l’hôpital Homerton de Hackney East London, a écrit un message sur Facebook à Johnson le mois dernier. Il insistait sur la fourniture immédiate des ÉPIs au personnel de première ligne et sur l’accélération des tests de dépistage de COVID-19 pour les travailleurs de la santé. Les trois infirmières, récemment photographiées portant des sacs poubelles comme ÉPI de fortune, ont toutes été infectée depuis par la COVID-19.

Hancock a provoqué l’indignation du public en déclarant vendredi, à propos des travailleurs de la santé: «Nous avons besoin que chacun traite l’ÉPI comme la précieuse ressource qu’elle est… Chacun devrait utiliser le matériel dont il a besoin cliniquement, conformément aux directives: ni plus ni moins». Faisant porter le blâme à la population en général, il a déclaré que rester à la maison était le principal moyen d’éviter l’infection. «Une porte d’entrée est mieux que n’importe quel masque».

Lorsqu’on lui a demandé ce qu’il pensait des déclarations de Hancock sur l’ÉPI, le professeur Ashton a répondu: «L’idée que la protection personnelle est une ressource spéciale est plus qu’inacceptable. Vous devez donner aux travailleurs et aux femmes les outils avec lesquels ils peuvent faire leur travail… et leur travail en première ligne de ce virus hautement contagieux qui peut être mortel pour les travailleurs de la santé, comme pour n’importe qui d’autre, signifie qu’ils doivent avoir une protection adéquate et vous savez, ce n’est pas seulement un petit tablier, c’est en fait un équipement adéquat à porter et à jeter. Soyons du 21e siècle, pas de Dickens au 19e, s’il-vous-plaît».

Il a aussi parlé de la sortie de Johnson de l’hôpital: «Le degré d’attention dont il fait l’objet maintenant, en particulier depuis qu’il est en voie de guérison, comparé au nombre à deux chiffres ou plus de travailleurs de la santé qui sont morts ou très malades: je trouve cela vraiment choquant en soi, parce que les travailleurs du NHS se mettent en danger pour nous… Je pense que nous devrions entendre beaucoup plus parler des travailleurs de la santé qui se trouvent mis en danger par le manque de protection personnelle».

Le personnel du NHS est infecté et meurt à cause des politiques gouvernementales. Dimanche, il est devenu apparent que la réserve des ÉPI des travailleurs de la santé – à utiliser en cas de pandémie – a perdu près de 40 pour cent de sa valeur au cours des six dernières années. Sous le gouvernement de coalition conservateurs/libéraux démocrates, et ensuite sous le gouvernement conservateur de Theresa May, les réserves d’équipements de protection sont passées de 831 millions de livres sterling en 2013, à 506 millions de livres sterling en mars de l’année dernière.

Plus de 715.000 personnes ont signé une pétition demandant au gouvernement de fournir des ÉPI «pour TOUT le personnel de première ligne du NHS».

Les gouvernements de toute l’Europe ont passé les dernières semaines, alors que le taux de mortalité augmentait, à conspirer pour remettre la population au travail. La première directive de retour au travail en masse s’est fait publier en Espagne, avec environ quatre millions de travailleurs qui y retournaient hier. Plusieurs centaines de personnes meurent encore chaque jour dans ce pays qui a le taux de mortalité le plus élevé de la planète (366 décès pour un million d’habitants). En outre, 510 personnes sont mortes samedi et 619 dimanche, ce qui porte le nombre total de décès en Espagne à plus de 17.000, soit le troisième plus élevé au monde derrière l’Italie et les États-Unis.

Des pans entiers de l’économie sont ouverts, les travailleurs de l’industrie et de la construction voyant leurs restrictions au travail levées. Les entreprises de services, notamment celles qui vendent des produits d’hygiène, de la presse et de la papeterie, seront autorisées à faire du commerce. Les autres entreprises autorisées à ouvrir sont les stations-service, les fournisseurs d’équipements technologiques, les bureaux de tabac, les magasins d’aliments pour animaux, les opérations de commerce électronique et les nettoyeurs à sec. Les coiffeurs sont autorisés à se rendre chez les gens.

Les travailleurs sont renvoyés au travail dans des conditions qui ne peuvent que propager le virus, ce qui entraînera d’autres décès. Mais le gouvernement de coalition de pseudo-gauche, formé du Parti socialiste ouvrier espagnol et de Podemos, s’en moque. Il a formulé un «guide des bonnes pratiques sur le lieu de travail» avec plusieurs recommandations qui n’ont aucun sens. Par exemple, il conseille aux travailleurs d’éviter les attroupements dans les transports publics. Selon ce guide, les travailleurs peuvent être infectés au travail, à condition que, lorsqu’ils rentrent chez eux, ils n’oublient pas de désinfecter leur téléphone portable et leurs lunettes et de laisser leurs chaussures à la porte d’entrée!

En Italie, 431 autres personnes sont mortes, ce qui porte le nombre de victimes à près de 20.000 (19.899). Le Premier ministre Giuseppe Conte a signé un décret qui prolonge le confinement jusqu’au 3 mai. Conte a nommé Vittorio Colao, l’ancien directeur général de Vodafone Group Plc, à la tête d’un groupe de travail qui aidera à planifier une sortie de l’isolement et à imposer un retour au travail. Le pays «ne peut pas attendre que le virus disparaisse complètement» avant de relancer l’économie, a déclaré Conte.

Le décret autorise l’ouverture, le 14 avril, de papeteries, de librairies et de magasins de vêtements pour enfants et inclut l’industrie forestière et du bois parmi les activités de production autorisées. Le plan de retour au travail est mis en place alors même que le pays se prépare à des milliers d’autres décès. On a construit plus de 350 hôpitaux de campagne et d’autres sont en cours de construction pour faire face au tsunami des patients en soins intensifs. Milan a ouvert mardi un hôpital de campagne de soins intensifs sur le champ de foire de la ville pour 200 patients, avec une pharmacie et des salles de radiologie. Il devrait employer 900 personnes à terme. Au moins deux autres sont en cours d’achèvement à Rome.

En France, on a annoncé 561 décès supplémentaires, ce qui porte le nombre de décès à 14.393. Le nombre de patients hospitalisés qui nécessite des soins intensifs s’élève à 6.845. En Allemagne, on annonce 125 décès, ce qui porte le total à un peu moins de 3.000 (2.996).

Les chiffres officiels sur les décès rapportés quotidiennement par les gouvernements européens sont aujourd’hui largement discrédités. Pratiquement aucun d’entre eux ne fait état du nombre de décès survenant en dehors de l’hôpital: à domicile ou dans les maisons de soins. Chaque jour à travers le continent, de nouvelles histoires d’horreur surgissent. Il s’agit souvent de centaines de personnes mortes, sans qu’elles eussent reçu de soins hospitaliers d’urgence, ou même sans qu’elles eussent pu se faire soigner, car elles n’étaient pas considérées comme «prioritaires».

La France a récemment commencé à publier les décès de COVID-19 dans les maisons de retraite. 246 décès ont été signalés dimanche.

(Article paru en anglais 13 avril 2020)

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