Le gouvernement Philippe lève les dernières restrictions dans la deuxième phase du déconfinement

Edouard Philippe a présenté jeudi après midi la deuxième phase du déconfinement débuté le 11 mai. Bien que le Covid-19 circule toujours et malgré la multiplication des clusters, le gouvernement lève les dernières restrictions avec le seul souci de relancer l’extraction des profits pour les banques.

Lors de son allocution, Édouard Philippe s’est félicité qu’après trois semaine de la première phase de déconfinement, «les résultats sont bons sur le plan sanitaire, même si nous restons prudents.» Pour les autorités sanitaires et suivant les indicateurs de couleurs vert, orange et rouge se basant sur la circulation du virus, les capacités d’accueil à l’hôpital, l’ensemble du territoire est en vert sauf en l’Ile de France, en Guyane et à Mayotte.

Cependant Édouard Philippe reconnaît que «Cela ne veut pas dire que le virus ne circule plus, il est encore présent à des degrés divers sur tout le territoire. Nous sommes un peu mieux que là où nous espérions être pour la fin mai.» De l’aveu de Philippe, aucune preuve scientifique ne permet d’assurer que ce virus est saisonnier ou va perdre sa létalité. Il n’est donc pas maîtrisé.

Le gouvernement a été obligé de mettre l’économie à l’arrêt après les grèves sauvages et droits de retraits des travailleurs en Europe pour se mettre à l’abri. Le confinement a permis de réduire le nombre de contaminations et empêcher des dizaines de milliers de morts, selon les études des épidémiologistes. Alors qu’il est nécessaire de maintenir chez eux les travailleurs dans les secteurs d’activité non essentiels pour tenter de maîtriser la propagation du virus, la reprise du travail et les ouvertures par étapes des écoles depuis le 11 mai font perdre les bénéfices d’un confinement par la découverte de foyers de contaminations au Covid-19.

Entre le 11 mai et le 27 mai, 106 clusters sont surveillés par la Direction générale de la Santé, 5 sont dans des abattoirs. Toujours selon la DGS, 8 nouveaux foyers de contaminations au Covid-19 ont été déclarés en 24 heures. La région où le nombre de clusters est le plus important est l'Île-de-France, où se trouvent 27 clusters, dont 4 à Paris. Vient ensuite la Nouvelle-Aquitaine, avec 14 clusters, puis les Hauts-de-France avec 11. Le Grand-Est et les Pays de la Loire se positionnent juste derrière avec chacun 9 foyers d'infection.

Aucune confiance ne peut être donné à l’optimisme affiché par le premier ministre sur la maîtrise de ces clusters. Alors que les premiers foyers de contaminations étaient déclarés sous contrôle par l’ex ministre de la santé Agnès Buzyn, la France tout comme ses voisins a été touchée par l’épidémie emportant des dizaines de milliers de personnes. De l’aveu de Buzyn, bien que le gouvernement était au courant du risque sanitaire, ce dernier n’a rien fait pour se préparer à cette épidémie.

Contrairement à ce qui est affirmé par le gouvernement, l’objectif de 700 000 tests par semaines ne sont pas atteints et les conditions de la mise en quarantaine des malades ainsi que leurs proches restent flou. Au vu de la multiplication des clusters, l’épidémie va inévitablement reprendre de plus belle s’il n’y a pas une réimposition rapide d’un confinement.

Le ministre de l’Éducation nationale est aussi intervenu pour indiquer que dès le mois de juin, toutes les écoles en zones verte et orange seront ouvertes: «les parents devront scolariser leurs enfants au moins une fois par semaine.» Les écoles doivent assurer aux élèves, au moins une partie de la semaine «des classes de 15 élèves maximum». Ceci oblige les parents à mettre leur enfant à l’école, les exposant au risque d’infection au même titre que la reprise du travail pour les travailleurs.

Le 8 mai, le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer a admis que 70 écoles avaient soit fermé soit reporté la réouverture après qu’un élève ou un membre du personnel a été testé positif. Comme les symptômes n’apparaissent le plus souvent que plusieurs jours après qu’un patient est devenu contagieux, un nombre incalculable d’autres membres du personnel et d’élèves ont donc été exposés au risque d’infection.

Après avoir avoué le grand nombre d’écoles qui avaient fermé, Blanquer a déclaré avec une indifférence glaçante que cela était «inévitable» et que «le fait d’être amenés à fermer une école ne [devait] pas inquiéter», puisque les premiers cas à la suite de la réouverture auraient dû être contractés avant la réouverture des écoles.

Pour Laurent Saccomano, président de l'URPS médecins libéraux Paca, «Il ne faut pas désarmer notre vigilance.» Il a ajouté: «On s'exposera à une contamination sous forme de cluster très localisé plutôt qu'à une contamination générale avec une saturation du système de santé. Grâce aux mesures barrières nous pourrons éviter un retour de l'épidémie. … Maintenant, il faut éviter les endroits surpeuplés et un grand contact.»

Alors que le président de l’UPRPS Paca avertit de la nécessité des gestes barrières et d’éviter les endroits surpeuplé, la saison d’été est vitale économiquement pour l’industrie du tourisme et de l’évènementiel, à laquelle l’État n’accorde pas le soutien économique nécessaire pour survivre à une longue période de confinement.

Édouard Philippe a annoncé la réouverture des bars, des restaurants et cafés, des campings et des colonies de vacances. Dans les zones oranges, ces établissements pourront ouvrir avec des «restrictions temporaires» à partir du 2 juin. A cette date, les «musées, les monuments, les plages pourront rouvrir, ainsi que les piscines, les salles de sport, les gymnases et les théâtres en zone verte. Le 22 juin en zone orange.» Ouvriront le 22 juin les boites de nuits et les cinémas où les masques seront obligatoires.

Philippe a indiqué la fin de la limite des 100 km et jusqu'au 15 juin, le maintien des restrictions aux frontières intérieures permettant ensuite la libre circulation des touristes de l’UE.

Une autre mesure controversée du gouvernement est la mise en place d’une application de géolocalisation de masse Stop-covid: «Il peut arriver qu'on se trouve en contact avec des personnes qu'on ne connaît pas. Nous voulons mettre à la disposition des Français l'application STOP COVID. L'application respectera les données personnelles et privées des utilisateurs. Son utilisation sera anonyme et les utilisateurs ne seront pas géolocalisés.»

Tout comme ses voisins européens, le gouvernement compte imposer la reprise du travail non pas sur des bases scientifiques, mais pour relancer l’activité économique afin de faire fructifier les centaines de milliards données aux banques par l’UE. Pour relancer l’exploitation des travailleurs, il évoque la nécessité de «vivre avec un virus» létal qui contamine toujours des dizaines de milliers de personnes chaque jour à travers le monde.

Les travailleurs doivent rejeter l’annonce du gouvernement. Il s’agit de préparer un mouvement international unifié des travailleurs permettant à l’humanité de se mettre à l’abri dans des conditions dignes. Ceci pose la question de la nécessité de créer des comités d’action indépendants des appareils syndicaux et de leurs alliés politiques de pseudo-gauche, qui couvrent la politique de Macron et travaillent avec le patronat pour organiser la reprise du travail.

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