Forte augmentation des nouveaux cas de coronavirus dans le sud et l'ouest des États-Unis

Six semaines après que le gouvernement Trump ait déclaré avoir réussi à «aplatir la courbe» et ait dit aux États de commencer à rouvrir, on observe maintenant une augmentation accélérée des cas de coronavirus dans le sud et l’ouest des États-Unis. Contrairement à la position officielle, la pandémie reste une crise de santé publique continue et extraordinairement dangereuse.

Actuellement, plus de 2,2 millions de cas de COVID-19 ont été confirmés aux États-Unis, ainsi que près de 120.000 décès enregistrés. Les États-Unis représentent environ un quart des cas et des décès dans le monde, qui s’élèvent actuellement à 8,3 millions et 450.000, respectivement. Les pays les plus touchés en termes de nouveaux cas et de nouveaux décès restent les États-Unis, le Brésil, l’Inde et la Russie. Parmi les autres pays, citons le Chili, le Pakistan, l’Arabie Saoudite, le Pérou, le Bangladesh et le Mexique.

La moitié des nouveaux cas aux États-Unis se sont produits depuis le 1er mai, date à laquelle les directives fédérales qui visent à «ralentir la propagation» de la contagion mortelle ont expiré. À ce moment, la propagation de la maladie n’avait jamais vraiment été contenue, seulement diminuée, par les mesures d’éloignement physique respectées par les travailleurs de tout le pays. Un plan rationnel et scientifique aurait permis de poursuivre ces efforts, tout en développant les tests et la recherche des contacts pour traquer les nouveaux cas de la maladie.

Tous les efforts ont plutôt été mobilisés afin de rouvrir l’économie de chaque État, peu importe si les installations médicales, l’équipement et le personnel nécessaires pour prévenir, trouver et traiter les cas de coronavirus étaient disponibles. Le groupe de travail sur le coronavirus, qui a fourni le vernis d’une réponse fédérale, a été essentiellement dissout. Depuis le 24 avril, tous les États ont partiellement ou largement rouvert leurs bureaux, entrepôts, usines et autres lieux de travail.

L’Arizona, la Californie, la Floride et le Texas sont parmi les États les plus touchés cette semaine. Il y a deux jours, l’Arizona a enregistré 2.392 cas et 25 décès, alors qu’hier, il a vu 1.827 nouveaux cas et 20 décès. La Californie a connu un total de 7.266 cas et 163 décès au cours de ces journées. On a enregistré 2.783 cas et 55 décès en Floride mardi, et 2.610 cas et 25 décès dans cet État mercredi. Et au Texas, qui a connu l’une des plus grandes épidémies depuis le début de la réouverture, on a noté 7.658 nouveaux cas et 88 nouveaux décès au cours des 48 dernières heures.

Le nombre de nouveaux cas a également atteint des sommets historiques dans dix États: Alabama, Arizona, Californie, Floride, Nevada, Caroline du Nord, Oklahoma, Oregon, Caroline du Sud et Texas. Alors que New York était l’épicentre de la pandémie dans le pays – et dans le monde – à la fin mars et en avril, il y a maintenant une propagation communautaire de COVID-19 dans chaque État.

Dans le même temps, les gouverneurs de plusieurs États tentent de faire porter à leur population la responsabilité de leur propre manque de préparation à la pandémie, malgré les avertissements répétés de l’Organisation mondiale de la santé depuis janvier. Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, a récemment admonesté les jeunes de 20 à 29 ans, affirmant: «Ils ne portent pas de masque, ils ne se désinfectent pas les mains, ils ne maintiennent pas de distance sociale».

C’est Abbott qui a rendu ces conditions possibles au départ. Tout en affirmant que l’État avait étendu les tests et fait des réserves d’équipements de protection, il a annulé la fermeture des commerces dans les plus grandes villes du Texas et rouvert tous les magasins de détail, les restaurants, les cinémas et les centres commerciaux le 1er mai. Depuis, on a autorisé à rouvrir aussi les bars, les musées, les salles de bowling, les bingos, les patinoires, les aquariums, les salons, les barbiers et même les rodéos. L’État prévoit également de rouvrir ses parcs d’attractions et ses carnavals.

Le Texas a également connu une augmentation du nombre de nouvelles hospitalisations, qui s’élève à plus de 2.200 sur une moyenne mobile de sept jours. L’État ne dispose que d’environ 38 pour cent de ses lits dans les Unités de soins intensifs (USI), alors même que le nombre de nouveaux cas a augmenté de plus de 60 pour cent au cours des quatorze derniers jours.

En Floride, au moins six bars ont fermé leurs portes une semaine seulement après leur réouverture en réponse à la recrudescence des cas de coronavirus dans l’État. Ceux qui font le dépistage dans l’État ont constaté que ces bars ont agi comme de puissants vecteurs de transmission du virus, provoquant la maladie d’un grand pourcentage de leurs clients et employés. L’État dans son ensemble a eu près de 83.000 cas confirmés et plus de 3.000 décès.

Des regroupements ont eu lieu dans des États beaucoup moins densément peuplés. Le comté d’Uinta (dans le Wyoming) compte aujourd’hui 80 infections confirmées, dont beaucoup sont «liées à un rassemblement particulier dans un lieu public», selon le Dr Alexia Harrist, officier de santé publique. Elle a ajouté que «cette situation illustre le fait qu’il ne suffit de pas grand-chose pour vraiment changer le tableau de la maladie au sein d’une communauté».

Les commentaires de Harrist figurent parmi les avertissements les plus explicites d’un responsable de la santé du pays. En l’absence de vaccin, même un seul cas de COVID-19 peut relancer la pandémie dans un comté, un État ou même un pays si on le laisse se propager sans contrôle.

Cependant, des nouvelles prudemment optimistes pour le traitement des patients gravement atteint du COVID-19 arrivent d’Angleterre. Les enquêteurs britanniques du test «Recovery Trial» (évaluation randomisée de la thérapie COVID-19) ont publié mardi un communiqué de presse sur l’utilisation de la dexaméthasone, un corticostéroïde bien connu souvent utilisé pour diverses conditions inflammatoires. La semaine dernière, les médecins ont arrêté la recherche des candidats pour ce volet du test lors qu’ils avaient trouvé un nombre suffisant de patients pour évaluer leurs données. Ils ont découvert que l’utilisation de la dexaméthasone entraînait une réduction de la mortalité d’un tiers chez les patients ventilés et d’un cinquième chez ceux qui recevaient de l’oxygène.

Les données étaient statistiquement significatives, ce qui signifie que leurs conclusions n’étaient probablement pas dues au hasard. Cela se traduit par un décès évité grâce au traitement d’environ huit patients ventilés et d’environ 25 patients qui nécessitent uniquement de l’oxygène. Ce médicament n’a aucun effet bénéfique sur la prévention de la maladie ou le traitement des cas bénins. Personne ne devrait l’utiliser sans avis médical.

Selon le Dr Peter Horby, chercheur principal et professeur des maladies infectieuses émergentes au sein du département de médecine de Nuffield, à l’université d’Oxford: «la dexaméthasone est le premier médicament dont on a démontré qu’il améliorait la survie dans le cadre du COVID-19. C’est un résultat extrêmement bienvenu. Le bénéfice en termes de survie est clair et important chez les patients qui sont suffisamment malades pour nécessiter un traitement à l’oxygène, de sorte que la dexaméthasone devrait maintenant devenir la norme de soins chez ces patients. La dexaméthasone est peu coûteuse, en rayon, et peut s’utiliser immédiatement pour sauver des vies dans le monde entier».

L’Organisation mondiale de la santé a également examiné ses données sur l’hydroxychloroquine et a affirmé qu’elles soutiennent les conclusions auxquelles est parvenue la branche hydroxychloroquine de l’examen de rétablissement. Le 4 juin, les chercheurs principaux de cet examen ont indiqué qu’ils n’avaient trouvé aucun avantage à l’hydroxychloroquine pour réduire la durée d’hospitalisation sous ventilation ou la mortalité. L’OMS va suspendre ce médicament de son test Solidarité 1. Ils devront encore émettre des directives. Ils ont ajouté que l’utilisation de l’hydroxychloroquine dans un cadre prophylactique doit encore être déterminée, bien qu’une récente étude sur la prophylaxie post-exposition publiée le 3 juin dans le «New England Journal of Medicine» n’ait trouvé aucun avantage.

Lundi, la «Food and Drug Administration» de l’État américain (FDA) a annoncé qu’elle avait retiré l’approbation d’urgence de l’hydroxychloroquine et de la chloroquine pour le traitement du COVID-19. Ils ont écrit: «Sur la base de l’examen continu de la FDA des preuves scientifiques disponibles pour le traitement de la COVID-19 par HCQ et CQ, la FDA a déterminé que les critères statutaires pour l’EUA… ne sont plus remplis. Plus précisément, la FDA a déterminé que la CQ et la HCQ ont peu de chances d’être efficaces dans le traitement du COVID 19». Il semble que la longue et tortueuse histoire d’un remède miracle jadis vanté par le charlatan en chef soit enfin arrivée à son terme.

(Article paru en anglais le 18 juin 2020)

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