Les habitants de Barcelone confinés, un regain de COVID-19 à travers l'Europe

Les États de l'Union européenne (UE) font face à une résurgence des épidémies de COVID-19 provoquées par les politiques criminelles et négligentes de la classe dirigeante. Les politiques de retour au travail, la levée des mesures de confinement, le manque de protection persistant des couches les plus vulnérables de la classe ouvrière et la volonté de rouvrir les pays au tourisme entraînent un effondrement des distanciations sociales. Une nouvelle contagion menace encore une fois de submerger les systèmes de santé.

De nouveaux foyers de Covid-19 ont été détectés dans toute l'Europe. La Suède, le Portugal et la Bulgarie ont certains des taux de nouvelles infections les plus élevés de l'Union européenne, avec un taux d'incidence de plus de 40 cas pour 100000 habitants selon les données publiées samedi par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies.

Au cours des deux dernières semaines, la Suède a signalé 6642 nouvelles infections et 208 décès. Depuis le début de l'épidémie en mars, le pays a enregistré plus de 77.280 cas et 5619 décès. La Suède est tristement célèbre pour avoir adopté ouvertement la politique «d’immunité collective» - la même politique suivie par tous les gouvernements - qui signifie l'abandon de tous les efforts pour arrêter la propagation du virus en lui permettant de se propager sans contrainte.

Au Portugal, le taux d'infection sur 14 jours est désormais de 47,9, avec près de 5300 nouveaux cas signalés au cours de cette période. 95 autres personnes ont également perdu la vie à cause du virus. Les 700.000 habitants de Lisbonne sont confinés depuis le 1er juillet, ce qui devrait durer jusqu'à fin juillet.

En France, le dernier bulletin hebdomadaire de Santé Publique France a désigné trois départements - la Mayenne et les territoires français d'outre-mer de la Guinée française et de Mayotte – comme ayant un niveau de préoccupation «élevé». Dans plusieurs autres régions dont la région parisienne et la Nouvelle-Aquitaine, les autorités locales déclarent surveiller la situation de près. Le taux de mortalité quotidien moyen est passé à 22,4, une augmentation significative par rapport aux deux semaines précédentes qui ont respectivement enregistré un taux de mortalité quotidien de 14,8 et 15,5. Le nombre total de décès au cours de l'épidémie s'élève désormais à 30.138.

En Belgique, le nombre de nouvelles infections par jour continue d'augmenter, ainsi la moyenne quotidienne des nouveaux cas signalés pour la semaine du 9 au 15 juillet passe au-dessus de 200, à 207 contre 124,7 nouveaux cas les sept premiers jours de juillet, soit une augmentation de 61 pour cent.

L'Espagne semble actuellement être l'épicentre de la résurgence du virus en Europe, un mois après que le gouvernement du Parti socialiste espagnol (PSOE) - Podemos a mis fin à l'état d'alarme, assoupli les restrictions de confinement pour lutter contre le virus Covid-19 et contraint des millions de travailleurs de secteurs non essentiels à reprendre le travail. La France discute actuellement de la fermeture de ses frontières avec la péninsule ibérique.

L'Espagne a été l'un des plus durement touchés depuis le début de l'année, avec plus de 28.000 décès enregistrés dûs au Covid-19, bien que l'Institut national des statistiques ait déclaré que les décès dans l'ensemble du pays avaient augmenté de 48.000 entre le 2 mars et le 24 mai, les semaines lorsque la crise sanitaire a frappé le plus durement l'Espagne.

L'Espagne compte au moins 158 foyers de coronavirus actifs, impliquant 1993 personnes. La Catalogne a de nouveau enregistré un chiffre quotidien d'infection au COVID-19 d'environ 1000, le pire des foyers. L’Agence sanitaire régionale a annoncé hier soir que les dernières données sur 24 heures font état de 944 autres cas, dont près de 700 dans la zone métropolitaine de Barcelone.

Vendredi, le gouvernement régional catalan a annoncé de nouvelles mesures de confinement de dernière minute. Quatre millions d'habitants de la province de Barcelone ont été exhortés à rester chez eux sauf en cas de nécessité absolue. Le gouvernement catalan interdit les rassemblements de plus de 10 personnes et ferme les cinémas, les théâtres et les discothèques, après que le nombre de nouveaux cas a triplé en une semaine.

L'augmentation rapide des cas dans toute l'Europe est le résultat de politiques criminelles qui ont levé prématurément les mesures de confinement dans un souci de profit. En Chine, le gouvernement central a imposé un confinement à Wuhan et dans d'autres villes de la province du Hubei, l'épicentre de l'épidémie initiale détectée, afin de circonscrire le virus du 23 janvier au 8 avril. Autrement dit, la mise sous cloche en Chine a duré deux mois, deux semaines et deux jours. Dans de nombreux États européens, les confinements complets n'ont duré que quelques semaines, s'ils étaient jamais mis en œuvre.

Les efforts concentrés des gouvernements de l'UE ne se portaient pas sur la protection des vies mais des profits des grandes entreprises. À des degrés divers, leur première réaction a été de minimiser le danger et de maintenir le fonctionnement normal des entreprises. Une fois qu'ils y ont été contraints en raison de la colère de masse et des grèves des travailleurs, certains gouvernements ont procédé à la mise en place de confinements, pour aussitôt les relâcher dès que le nombre de cas diminuait.

Et maintenant, alors que les dirigeants de l'Union européenne discutent d'un plan de sauvetage de 750 milliards d'euros, et les entreprises entérinent sans vergogne des licenciements collectifs, il apparaît que les gouvernements de l'UE n'ont pas utilisé cette accalmie pour se préparer à de nouvelles épidémies, même s'ils avaient tous prédit que cela devait se produire. Dimanche, une étude d' El País a déclaré que l'Espagne avait besoin d'au moins 12.000 agents de recherche des contacts, mais n'en comptait que 3500. Helena Legido-Quigley, experte en santé à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, a déclaré au quotidien «nous insistons depuis des mois sur la nécessité d’embaucher plus de ‘traceurs’.»

Alors que la colère monte à la vue de l'échelle de la résurgence du virus, l'UE s'efforce de limiter l'étendue des confinements localisés afin de continuer à faire tourner la machine à profits.

S'adressant au Sunday Telegraph, le Premier ministre britannique Boris Jonson a comparé une mise sous cloche nationale à une «dissuasion nucléaire», déclarant: «Je ne peux pas abandonner cette option plus que je n'abandonnerais une dissuasion nucléaire. Mais cela fonctionne de la même manière que la dissuasion nucléaire, je ne veux certainement pas l'utiliser. Et je ne pense pas non plus que nous serons à nouveau dans cette situation.» Il contredisait le conseiller scientifique en chef du Royaume-Uni, Patrick Vallance, qui a averti qu’à l’approche de l'hiver, «Les défis seront beaucoup plus grands et, bien sûr, il y a un risque que cela nécessite également des mesures nationales.»

En Allemagne, les Länder et le gouvernement fédéral sont parvenus à un accord sur des «mesures plus ciblées». Cela signifie que les autorités publiques ne mettront en œuvre que des confinements limités dans les zones sensibles ciblés et des interdictions de déplacements localisés, pour limiter l'impact sur les profits. La réunion est intervenue après les récents confinements imposés à la suite d'un foyer d’infection dans un abattoir du district de Gütersloh. Les restrictions ont depuis été levées.

Jeudi, le roi d'Espagne Felipe VI a présidé un hommage officiel superficiel aux travailleurs essentiels et aux victimes de la pandémie COVID-19. L'événement a été le sujet d’un battage de publicité pendant des semaines par la classe dirigeante dans une tentative de consolider la popularité de la monarchie, mêlée à de multiples scandales de corruption, et de présenter la pandémie comme terminée et l'Espagne affichant «les affaires reprennent», en particulier pour le tourisme.

Plus de 400 personnes - tous les membres du gouvernement, chacun des 17 premiers ministres régionaux d'Espagne, et même le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg, le chef de l'Organisation mondiale de la santé Tedros Adanom Ghebreyesus et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen - ont assisté à la cérémonie.

Le caractère grotesque de l'événement a été mis en évidence non seulement par l'augmentation du nombre de cas d’infections au cours de la semaine écoulée, mais également par les protestations et les grèves des médecins, personnel soignant et autres travailleurs de la santé contre les bas salaires et le non-renouvellement des contrats au cours des dernières semaines. Déprimés et traumatisés par leur expérience des derniers mois, ils craignent désormais un avenir incertain: 36,3 pour cent des agents de santé publics n'ayant pas de contrat à durée indéterminée. Les gouvernements régionaux ont déjà commencé à supprimer des postes de personnel de santé.

La semaine dernière, plus de 4600 médecins, infirmières et personnels de pharmacies ont entamé une grève illimitée pour protester contre les bas salaires. En parcourant les rues, ils ont été acclamés par la population, recevant les applaudissements depuis les balcons.

Au cours de la même semaine, le gouvernement «progressiste» du Parti socialiste (PSOE) - Podemos s'est rendu au sommet de l'UE pour discuter du renflouement des grandes entreprises et des milliards d'euros liés à de mesures d'austérité de l'UE.

(Article paru en anglais le 20 juillet 2020)

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