Alors que la police paramilitaire attaque le maire de Portland et les manifestants aux lacrymogènes

Trump envoi la police fédérale dans d'autres villes

Le gouvernement Trump intensifie sa marche anticonstitutionnelle vers un régime dictatorial. Il a fait gazer les manifestants contre la violence policière à Portland, en Oregon. En outre, il a annoncé le déploiement de la police fédérale dans trois autres villes Detroit, Cleveland et Milwaukee en plus de Chicago et Albuquerque, dans l’État de Nouveau-Mexique.

Mercredi soir, des membres de la «Force de déploiement rapide» des Douanes et de la protection des frontières (CBP), vêtus de tenues de camouflage, sont intervenus. Ils ont de nouveau utilisé des gaz lacrymogènes CS, des grenades assourdissantes et au poivre contre des personnes qui manifestaient devant le palais de justice fédéral Mark O.  Hatfield. Cette fois, parmi les victimes de la police fédérale, qui avait été détournée de son travail habituel consistant à mener des attaques de type Gestapo contre les immigrants, figurait le maire démocrate de Portland, Ted Wheeler.

Wheeler, lui-même, est largement mépriser pour son rôle dans lenvoie de la police contre des manifestants pacifiques. Cela lui a valu le surnom de «Ted lacrymogène» (Tear gas Ted). Cette fois, il avait rejoint les centaines de manifestants pour tenter de feindre la sympathie et de calmer la colère qui sest intensifiée après des jours de répression de l’État policier contre les forces paramilitaires de Trump. Mais, il sest fait violemment huer lorsquil a tenté de parler.

Un officier fédéral repousse les manifestants devant le tribunal américain Mark O. Hatfield, le mardi 21 juillet 2020, à Portland, en Oregon. (AP Photo/Noah Berger)

Trump a déployé les agents fédéraux du CBP, ainsi que dautres unités paramilitaires au sein du Département de la sécurité intérieure (DHS). Trump donnait ainsi suite à ses menaces de «dominer les rues» et de réprimer les manifestations. Il les dénonçait comme de la «violence collective» par des éléments de la «gauche radicale» et des «anarchistes». Il a choisi Portland parce qu'elle est dirigée par un maire Démocrate dans un État contrôlé par les Démocrates. Cela s'inscrit dans sa tentative de créer les conditions pour limposition dune dictature présidentielle s'appuyant sur les forces policières, militaires et fascistes de sa base politique.

Ces derniers jours, la police paramilitaire du CBP, portant un camouflage générique sans insigne dunité ni étiquette de nom, a illégalement interpellé des manifestants pacifiques à Portland. Elle les a jetés dans des voitures banalisées et les a emmenés pour les interroger. Cette situation na suscité que des protestations verbales timides de la part du Parti démocrate et de son candidat présuméà la présidence, Joe Biden.

Encouragé par la réaction impuissante des Démocrates et des médias, Trump a intensifié sa campagne de violence et dintimidation au cours des deux derniers jours. Mercredi, il a fait une apparition conjointe avec le procureur général William Barr pour annoncer le déploiement de «centaines» de policiers fédéraux et dautres agents à Chicago et à Albuquerque, deux villes dirigées par des maires démocrates.

Ces agents, provenant pour la plupart dagences telles que le FBI; le «Bureau de lalcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs» (ATF); l’«Agence de lutte contre la drogue» (DEA); et le «Service des marshals des États-Unis» (USMS), sont déployés sous le prétexte de lutter contre les crimes violents. Ils ne font pas partie du département de la sécurité intérieure et sont sous la direction des bureaux locaux du procureur fédéral. Selon le gouvernement Trump, ils ne seront pas déployés dans les rues contre les manifestants.

Si les Démocrates se sont formellement opposés à la prise de contrôle effective du centre-ville de Portland par Trump, en engageant des recours pour exiger le retrait de la police fédérale, ils ont accepté de coopérer avec lafflux de policiers fédéraux à Chicago et à Detroit. Des groupes similaires de policiers fédéraux avaient déjàété envoyés à Kansas City, dans le Missouri.

Lors d'une intervention avec Trump mercredi, le procureur général Barr a parlé des déploiements à Chicago, Albuquerque et dans dautres villes. Il a déclaré que ces déploiements seraient: «différents des opérations et des équipes tactiques que nous utilisons pour nous défendre contre les émeutes et la violence collective», faisant référence à Portland. Il a ajouté: «Et nous allons continuer à faire face à la violence de la foule», en criminalisant effectivement les manifestations protégées par le premier amendement de la Constitution américaine.

Barr a fait écho à laffirmation de Trump selon laquelle laugmentation de la criminalité dans un certain nombre de villes où des crises sociales graves et une pauvreté généralisée ont été considérablement aggravées par la pandémie de COVID-19 est le résultat des protestations qui ont éclaté après lassassinat de George Floyd par la police. «Cette hausse est le résultat direct de lattaque contre les forces de police», a déclaré Barr.

La quasi-occupation des grandes villes par les forces sous le contrôle direct de Trump fait suite à sa tentative de coup d’État du 1er juin. Ce jour-là, il est apparu dans la roseraie de la Maison-Blanche pour annoncer son intention dinvoquer la loi de 1807 sur linsurrection et de déployer des forces militaires pour réprimer les grandes manifestations qui avaient éclatées dans tout le pays. Pendant quil parlait, les troupes de la Garde nationale et dautres forces fédérales s’étaient déchaînées contre des manifestants pacifiques devant la Maison-Blanche.

Les plans de Trump pour un coup d’État ont été bloqués à cette époque par lopposition des hauts gradés de larmée et des généraux à la retraite, qui craignaient quune telle action nait pas été préparée politiquement et quelle ne provoque une réaction populaire incontrôlable. Mais comme la mis en garde le «World Socialist Web Site» le 8  juin: «Les dangers sont très réels. Les conspirateurs de la Maison Blanche nont pas abandonné leur complot. Larmée attend son heure et examine ses options. La police reste armée jusquaux dents».

Tard mercredi soir, la Maison-Blanche a publié des notes de synthèse qui exposaient certains de ses plans pour de nouvelles incursions de la police fédérale dans les grandes villes américaines. Les notes expliquaient quau cours des trois prochaines semaines, un grand nombre dagents du FBI, de lAFT, du DEA et dautres agences de police fédérale seraient déployés à Cleveland, Detroit et Milwaukee.

Le déploiement à Detroit comprendra également au moins 100  agents denquête du ministère de la Sécurité intérieure. Le maire de Detroit, Mike Duggan, un démocrate, a clairement fait savoir quil était favorable à lafflux de policiers fédéraux, en déclarant: «Si vous voulez parler de procureurs supplémentaires pour les armes à feu au sein du bureau du procureur américain ou de lATF pour retirer les armes illégales de la rue, nous serions favorables à ce genre daide.»

(Article paru dabord en anglais 24  juillet 2020)

 

 

 

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